La quatrième révolution industrielle… Et si c’était la der des ders ?...
Dans les années 1780, l’invention de la machine à vapeur avec le charbon permet la création des premières usines mécanisées et signe la première de ces révolutions. L’arrivée de l’électricité, avec en 1800 l'Italien VOLTA qui invente une batterie et produit pour la première fois du courant, bien qu’il faudra attendre en 1879 pour que l’américain Thomas EDISON mette au point une ampoule « sûre et bon marché » et construise la première centrale électrique à Manhattan (une turbine au charbon faisant tourner un alternateur). Ensuite, d'autres suivront très vite, à Paris, « Ville lumière », Londres et Berlin. Le courant remplace la vapeur pour faire tourner des machines plus sophistiquées dans les usines qui inaugurent les productions à la chaîne. C’est la seconde révolution industrielle qui commence. Le pétrole va ensuite largement contribuer au développement technologique du XXème siècle, mais il s'annonce comme le fléau du XXI eme siècle. Fin des années 1970 s’ouvre la troisième révolution qui marque le départ de la production automatisée, de l’informatique industrielle, du développement de l’électronique puis de la communication interpersonnelle via l’Internet et de la délocalisation des unités de production.
Nous sommes en train de nous extraire de la 3ème révolution industrielle et s’ouvrir sur la quatrième, avec de sombres perspectives si nous ne savons pas anticiper par des mesures adaptées.
Pour Jeremy RIFKIN : « Notre civilisation industrielle est à un tournant. Le pétrole et les autres énergies fossiles touchent à leur fin, tandis que les technologies issues de ces énergies ou alimentées par ces dernières sont devenues obsolètes. Toute l’infrastructure industrielle fondée sur ces énergies fossiles est dans un état d’obsolescence avancée. Il en résulte une hausse dramatique des taux de chômage. Les gouvernements, les entreprises et les consommateurs sont submergés par les dettes, et les niveaux de vie s’effondrent. Un milliard d’êtres humains sont confrontés à la faim. Pire encore, les premiers signes du changement climatique, engendrés par ce modèle, font leur apparition, mettant ainsi en péril les capacités de survie de notre espèce ». C’est une évidence que l’on ne peut contester et pour Jérémy RIFKIN il faut se projeter dans une Troisième révolution industrielle, fondée sur le couplage des technologies de l’Internet et des énergies nouvelles. Or, depuis le début de la décennie 2000, nous sommes en train de nous extraire de la 3ème révolution industrielle. Il ne s’agit pas d’une simple évolution de la troisième révolution industrielle vers plus d’informatisation et d’automatisation, mais vraiment une révolution en tant que telle. Elle transforme non seulement le monde de l’entreprise, mais également la société. Cette transformation sociétale se produit à une vitesse de rupture, sans précédent historique. Nous ne pourrons faire l’impasse sur les effets de cette 4ème révolution industrielle qui, faute d’avoir su les anticiper vont conduire nos sociétés modernes à des conflits d’une violence insoupçonnée. La quatrième révolution, celle du numérique incluant des secteurs comme l’intelligence artificielle, « le big data », dont L’explosion quantitative des données numériques oblige les chercheurs à trouver de nouvelles manières de voir et d’analyser le monde, car Il s’agit de découvrir de nouveaux ordres de grandeur concernant la capture, la recherche, le partage, le stockage, l’analyse et la présentation des données. Mais aussi l’impression 3D, les biotechnologies, la robotique ou encore l’Internet des Objets devraient transformer en profondeur l’économie d’ici une quinzaine années dans les pays développés et ceux dit »émergents », en étant à l’origine de suppressions considérables d’emplois.
Avec le développement de l’intelligence artificielle qui va globaliser l’ensemble des tâches et remplacer totalement l’intervention de l’homme dans les processus de la plupart des activités, nous devons prendre acte que la 4eme révolution industrielle induit une nouvelle organisation et de nouveaux rapports au travail, qui faute d’avoir été anticipé par des mesures adaptées vont amplifier le chômage de masse, auquel, si on y ajoute les problèmes de surpopulation et certains impacts cultuels, nous avons là un vrai cocktail explosif.
Sachant que nous sommes désormais dans l’ère POST-CROISSANCE il faut imaginer des mesures qui contribuent à redéfinir la notion de salariat, pour laquelle nous ne pourrons éviter un accroissement de la diversification de l’activité professionnelle de manière indépendante ( Ubérisation), ainsi que des nouvelles solidarités, via des formules de taxation de la productivité autre que celle réalisée par le travail humain, ou encore le principe d’un revenu minimum universel à l’échelle planétaire… Sachant que les gros besoins énergétiques, essentiellement électriques, dont les moyens et capacité de production vont à terme être confrontés à d’importantes difficultés pour les nouvelles intelligences artificielles de la productique et de la robotisation des productions de type industriel, faute, par exemple, d’avoir anticipé par des mesures draconiennes contre l’obsolescence programmée, les aberrations, tel le chauffage électrique, les productions « gadgets » non indispensables et grosses consommatrice d’électricité, ou à l’inverse pris des mesures en faveur de certaines réduction des mobilités où la régulation démographique, la 4eme révolution industrielle risque toutefois d’être éphémère et se terminer dans un chaos social planétaire…
Dès la seconde révolution industrielle, croissance économique et démographique synonyme de destruction de la planète
A partir de la seconde révolution industrielle, avec le pétrole et l’électricité cela a permis une consommation de masse, amplifié avec la troisième révolution par un important développement du secteur des services. La surexploitation des sources d’énergie fossiles, charbon, gaz naturel, pétrole, uranium, sans compter les terres rares, dont les métaux sont utilisés dans des fabrications de hautes technologies, avec un fort développement économique et une explosion démographique (la population mondiale passe de 3,7 milliards en 1971 à plus de 7 milliards d’habitants en 2013) ces deux phénomènes s’accompagnant d’une accélération de la dégradation de l’environnement, de la destruction de la biodiversité et de la perte annuelle moyenne d’environ 100 000 Km2 de terres arables nourricières (entre 1971-2013 c’est la superficie des 28 pays de l’U.E.). Les effets, en particulier sur le climat sont désormais irréversibles. L’homme, par son nombre et sa puissance économique est devenu une force géologique qui peut être destructrice à terme de toute vie sur terre.
Si chaque révolution industrielle marque une rupture sur les précédentes, elle en conserve toutefois certains acquis, ce qui n’est pas très bon pour la planète…
Bien que chaque révolution industrielle marque une rupture avec les précédents, elle en conserve toutefois certains acquis. Ainsi, la seconde révolution avec le pétrole n’a pas totalement éliminé le charbon ou les usines mécanisées, pas plus que la troisième n’a pu se passer du pétrole, de l’électricité, du charbon et des usines mécanisées. Il est de même pour la quatrième révolution qui va continuer de cumuler l’informatique industrielle, l’électronique, la communication interpersonnelle via l’Internet, sans éliminer le charbon, le pétrole, ainsi que l’usage controversé et contesté de l’uranium pour produire toujours plus l’électricité, pour laquelle la consommation va exploser, ainsi que les métaux et terres rares avec les nouveaux besoins de la 4eme révolution industrielle.
Evolution de Consommation d’électricité en KWH par habitant et par an dans le monde de 1971 à 2013.
La consommation d’électricité n’a cessé d’augmenter dans le monde depuis 1971, passant ainsi de 1201 kw à 3104 kwh en 2013 avec, par exemple, une importante progression entre 2009 et 2013, (4 ans) passant de 2798 kwh à 3104 kwh. Le développement de nouveaux usages, notamment informatiques, explique également cette croissance.
Il faut toutefois distinguer de très gros écarts entre certains pays. La Norvège, 5 084 000 habitants, dont la consommation est passée de 14 084 kwh en 1971 à 23 326 kwh par habitant en 2013 et le Costa Rica, 4 872 000 habitants, dont la consommation est passée de 605 kwh par habitant à 1955 kwh pendant la même période. Il est vrai que les conditions climatiques sont différentes. On pourrait faire la même comparaison pour la France, 65 631 000 habitants, dont la consommation par habitant est passée de 2746 kwh en 1971 à 7374 kwh en 2013, ou la Thaïlande, 67 091 000 habitants, qui passe dans la même période de 120 kwh par habitant à 2471 kwh. Et que dire de la république démocratique du Congo, 67 510 000 habitants, avec 56 kwh par habitants en 1971 et 234 kwh en 2013. Les exemples de ce type sont légion à voir : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.USE.ELEC.KH.PC
Quand on observe l’évolution de la consommation d’électricité entre certains pays, Il existe de grandes disparités dans l’accès à l’électricité selon les régions du monde. Si certains pays souffrent encore de pénurie électrique, la consommation électrique globale connaît pourtant une croissance constante depuis 1971 qui a été multipliée par 3,2, alors que la population mondiale a été multipliée par un peu moins de 2, ce qui est considérable et ne semble pas prête de s’arrêter. Pas un pays n’a connu une stagnation de la consommation entre 1971 et 2013. Tous, sans exception, ont eu une consommation annuelle en progression constante par habitants, qui va s’amplifier à cause des besoins légitimes des populations du tiers monde, de la croissance démographique et les exigences des nouvelles applications de l’intelligence artificielle inhérent à la quatrième révolution industrielle. Il faut savoir qu’entre 2001 et 2010, la consommation de certains pays en développement a considérablement augmenté : elle a été multipliée par 2,8 pour la Chine, par 1,8 pour l’Inde et par 1.5 pour le Brésil. En France, la consommation totale d’électricité a presque été multipliée par 1,5 en 20 ans.
A terme, faute d’avoir anticipé en prenant les dispositions nécessaires correspondant aux perspectives qu’impose l’ère POST-CROISSANCE dans laquelle nous sommes entrés, la consommation pourrait dépasser la production
L’épuisement prévisible des ressources fossiles et la prise de conscience collective de l’impact de l’activité humaine sur le climat rendent complexe notre rapport à l’énergie, notamment par rapport à la production d’électricité. D’un côté, nous sommes prêts à chercher des solutions concrètes et durables, ainsi que de faire des économies en terme de consommation pour consommer moins d’énergie, mais d’un autre côté, dans les pays riches et à fortiori dans les pays dits « émergeants » nous sommes réticents à renoncer à la société de consommation qui ne cesse avec ses gapillages de progresser grâce à une énergie toujours disponible et aujourd’hui encore bon marché.
Pour faire face à la croissance de consommation d’électricité qu’impose la 4eme révolution industrielle, ce n’est pas l’espoir d’une transition énergétique par L’émergence de la production d’électricité renouvelable (essentiellement éolienne, mais aussi solaire ou issue de la biomasse) qui va permettre d’assurer cette croissance. Outre les désagréments liés à l’espace, aux paysages et au et coût, se pose surtout le problème de l’intermittence de la production.
L’éolien et le solaire sont, par ailleurs très dépendants de métaux rares dont l’accès pourrait devenir de plus en plus incertain, a fortiori si ces formes d’énergie doivent être massivement développées. Exemple : le dysprosium et le néodyme, deux terres rares produites presque exclusivement par la Chine, laquelle a d’ores et déjà fait savoir que ses gisements actuels étaient en déclin. Il faut savoir qu’une voiture hybride contient un kilo de néodyme et Selon les études réalisées à ce jour, une éolienne utiliserait de 600 à 700 kg d’aimants par MW de capacité, dont 25 à 29% de néodyme et 4% de dysprosium dans l’aimant permanent de la génératrice (http://www.eolien.be/Terres%20rares). Il faudrait multiplier par 26 d’ici à 2035 les extractions de dysprosium pour faire face aux enjeux du changement climatique…
Pour le nucléaire, selon Marc DELPECH du Commissariat à l’énergie atomique, les besoins en uranium devraient atteindre cent mille tonnes par an, « soit le double de ce que les mines d’uranium ont fourni en 2010 », sachant qu’ « aucune découverte récente significative n’a été réalisée en dehors de l’extension de gisements déjà connus »… On peut imaginer la suite…
Avec la quatrième révolution industrielle la croissance de consommation d’électricité, loin de stagner et à fortiori de ralentir va exploser. Selon les dernières estimations de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la consommation d’électricité dans le monde devrait augmenter de 75 % d’ici à 2030, passant de 19.756 TWH à 34.292 TWH. Les pays en voie de développement seraient à l’origine de plus de 80 % des nouveaux besoins, Chine et Inde en tête.
En France, selon un récent bilan publié par RTE, la demande d’électricité pourrait dépasser la production dès 2016, si le parc de production restait dans l’état actuel.
La production d’électricité s’accompagne de forts rejets de CO2. Dans le monde, ces rejets sont de 565 grammes de CO2 par KWH produit.
Par exemple, en Union Européenne c’est 331 grammes de CO2 par KWH produit, dont en France 79 gr. CO2 par KWH produit. Les USA c’est 522 grammes de CO2 par KWH produit. La Chine c’est 766 grammes de CO2 par KWH produit.
Le bonheur sera-t-il vraiment là où on l’envisage ?...
La quatrième révolution industrielle devrait avoir le plus d’impacts sur le plan sociétal. Par exemple, la voiture sans chauffeur peut être considérée comme une révolution sociale, puisque des gens à mobilité réduite ou nulle, en incapacité de conduire, vont pouvoir se déplacer de manière autonome. Mais est-ce aussi simple et ne considérer que l’aspect économique, en estimant que toutes ces personnes qui ne pouvaient se déplacer vont pouvoir le faire et créer de l’activité. Mais a-t-on pensé qu’il est difficile, sinon impossible de quantifier le niveau de l’amélioration de la vie de ces gens et les impacts énergétiques de ces déplacements individuels supplémentaires sur leur santé ? Pour ces personnes c’est précisément vers la santé que doivent se développer les applications scientifiques de cette révolution industrielle pour leur permettre de retrouver tout ou partie de leur mobilité au quotidien, autrement qu’assis dans une voiture sans chauffeur…
Pour conclure
Comme l’indiquent Philippe BIHOUIX et Benoît de GUILLEBON, auteurs de l’ouvrage français de référence sur la question (Quel futur pour les métaux ?, EDP Sciences, 2010) :« Certes, on peut espérer encore beaucoup des progrès techniques et des innovations. Mais pour rendre nos sociétés réellement durables, en tout cas du point de vue de notre consommation ‘métallique’, il faudra sérieusement les orienter vers l’économie de ressources à moyen terme, plutôt que vers la recherche de profit à court terme. Nous en sommes encore loin. » Et de rappeler que le pétrole n’est pas la seule matière première que menace le prurit de la société de consommation. Le cuivre, le zinc, l’or et l’uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales semblent en voie d’épuisement. Tout simplement parce que pour creuser des mines, il faut de l’énergie. Beaucoup d’énergie. Aujourd’hui, 8 à 10 % de l’énergie primaire est consacrée à extraire et raffiner les ressources métalliques, notamment pour l’acier et l’aluminium.
Selon que l’on s’orientera vers l’économie draconienne des ressources ou non, une baisse de la démographie ou non, la quatrième révolution industrielle risque d’être la der des ders et ne pas finir le siècle dans un chaos social et cultuel généralisé.…