samedi 20 décembre 2008 - par
Mais revenons à notre sujet : que font-Ils de cet argent ? Où le trouvent-ils, et où le placent-Ils ? Sur le comment des choses, j’ai bien quelques notions, mais une idée m’est venue qui concerne le pourquoi, et c’est de cela que je voudrais parler ici. En démocratie, il y a des échéances régulières : bientôt un référendum en Irlande ; très rapidement après, la Présidentielle et les Législatives en France... Cela coûte de l’argent, beaucoup d’argent pour un gouvernement prévoyant qui envisage d’améliorer suffisamment l’ordinaire des citoyens juste le temps qu’il faut avant les campagnes électorales. Il devient nécessaire de mettre une sourdine à la grogne, voire même pour annoncer ses très bons résultats afin de remporter régulièrement la victoire sur une idéologie concurrente et haïe par les possédants. L’illusion de la démocratie vaut bien une grand messe tous les cinq ans. Moins on aura besoin des machines à voter et plus on reculera l’échéance du recours à la force. Dans le genre, le contrôle total des médias ça peut aider beaucoup, vive l’ORTS (2).
Imaginons qu’Ils aient constitué une caisse noire plus ou moins commune entre gouvernement amis, planquée par exemple dans des paradis fiscaux : et que je me sers au gré de mes échéances électorales, et que tu te sers quand c’est ton tour, histoire de ne pas laisser l’argent qui dort faire n’importe quoi, les bons comptes font les bons amis. En somme, une institutionnalisation secrète – tiens, un oxymore - et à grande échelle de ce qui se faisait sous le manteau entre la Droite et les grandes entreprises nationales : je soussigné l’État, vous donne en période de "crises" au nom d’une politique qu’on qualifie pudiquement "de l’offre" ou de relance, c’est pareil puisqu’il est exclu au nom de la concurrence étrangère de faire une politique de gauche. Vous me rendrez à moi César, pour mes campagnes électorales, et le tour est joué : je garde le pouvoir et vous renverrai l’ascenseur. Il n’y a en effet aucun problème que le temps ne puisse résoudre pour peu que l’on sache s’en servir : "donner du temps au temps", là est le secret de la bonne gouvernance.
Vu ainsi, on comprend mieux pourquoi on a fait coïncider les Législatives avec la Présidentielle : par souci de maîtrise du calendrier, pour éviter des cycles temporels empoisonnants parce que perturbés.
Vu ainsi également, la gestion des crises s’avère dorénavant relever de l’exploitation rationnelle de la stratégie du choc décrite par Naomi Klein (3) : quand les gens sont sidérés, il est facile de leur faire avaler toutes les couleuvres que l’on veut. Ce n’est pas Sarkozy qui dira le contraire lui qui, selon Dominique De Villepin "croit que plus la société va mal et moins le risque social est grand" (4).
Mais alors, la crise ? Qui peut croire encore aujourd’hui que ce sont les subprimes qui en sont la cause ? Qui peut croire que c’est l’étincelle qui fait sauter le bâtiment et accessoirement une charge de dynamite placée là inopinément par quelques incompétents ? Mais, me direz vous, la France n’en est pas responsable. Non, bien sûr, alors à elle de s’adapter, pour le meilleur comme pour le pire. Quant aux méandres de la politique américaines, ils sont comme les voies de la providence, impénétrables. La politique aujourd’hui se résumerait-elle à savoir lequel des grands blocs est le maître d’œuvre, que dis-je, le démiurge des crises internationales ?
(2) Office de Radio Télévision Sarkozy
(3) Voir par exemple l’article "Le capitalisme de catastrophe, comment gagner de l’argent sur le dos du malheur". extrait de l’interview rapportée : " la stratégie du choc c’est une philosophie du pouvoir et ce que je dis dans le livre c’est que ce modèle économique souvent appelé capitalisme sauvage n’a pas entraîné le monde dans la démocratie et la liberté comme on l’a souvent entendu, mais exploite intentionnellement ce choc et ce chaos".
(4) Propos tenus le 18/12/08 dans le 7/9 de France Inter par l’ancien premier ministre.
Nb. Les oxymores ne sont pas tous des chevaux de Troie de la novlangue.
La relance et la ralance
Si l’on en croit une info diffusée ce matin sur les antennes de la radio encore publique, Patrick Devedjian aurait annoncé la "création de 150 000 emplois grâce aux 26 milliards d’euros du plan de relance". Plus précisément, La Tribune.fr écrit sur son site : " Le ministre de la relance a indiqué que le plan de relance devrait permettre de créer 150 000 emplois pour l’année 2009. Il a également indiqué que 75% des 26 milliards engagés seraient dépensés en 2009 (1).
Calculons : 75% de 26, cela fait 19.5. Cent trente mille euros, c’est ce que coûtera pour un an chacun des emplois ainsi créés, 10833 € par mois : en gros, on ne sait plus très bien puisque les charges sociales ça va ça vient au gré des saisons, huit fois le SMIC. Ou bien encore un millions d’emplois au bas mot, étant donné que par le jeu des chaises musicales, on économiserait autant d’allocations de chômage et de RSA.
Aux messieurs Homais qui préviennent que le ministre a ajouté : "si on réussit, ça fait 100 milliards d’impact économique", je rappelle que les promesses, l’on sait maintenant ce qu’il faut en penser. Quand de plus ces promesses sont conditionnées par la réussite d’un plan qui consiste à multiplier les petits pains dans un contexte de pénurie – ça s’est déjà fait paraît-il, il y a quelques 2000 ans -, il vaut mieux ne pas trop y croire si l’on veut éviter les déceptions, d’autant que l’on commence à connaître la musique. Par ailleurs, si la création d’emplois sur le papier devait avoir un impact positif aussi beau sur l’économie, je propose au ministre de la relance une baguette magique pour créer 25 000 emplois instantanément : il suffit de renoncer à la réduction des effectifs dans l’Education nationale.
Mais revenons à notre sujet : que font-Ils de cet argent ? Où le trouvent-ils, et où le placent-Ils ? Sur le comment des choses, j’ai bien quelques notions, mais une idée m’est venue qui concerne le pourquoi, et c’est de cela que je voudrais parler ici. En démocratie, il y a des échéances régulières : bientôt un référendum en Irlande ; très rapidement après, la Présidentielle et les Législatives en France... Cela coûte de l’argent, beaucoup d’argent pour un gouvernement prévoyant qui envisage d’améliorer suffisamment l’ordinaire des citoyens juste le temps qu’il faut avant les campagnes électorales. Il devient nécessaire de mettre une sourdine à la grogne, voire même pour annoncer ses très bons résultats afin de remporter régulièrement la victoire sur une idéologie concurrente et haïe par les possédants. L’illusion de la démocratie vaut bien une grand messe tous les cinq ans. Moins on aura besoin des machines à voter et plus on reculera l’échéance du recours à la force. Dans le genre, le contrôle total des médias ça peut aider beaucoup, vive l’ORTS (2).
Imaginons qu’Ils aient constitué une caisse noire plus ou moins commune entre gouvernement amis, planquée par exemple dans des paradis fiscaux : et que je me sers au gré de mes échéances électorales, et que tu te sers quand c’est ton tour, histoire de ne pas laisser l’argent qui dort faire n’importe quoi, les bons comptes font les bons amis. En somme, une institutionnalisation secrète – tiens, un oxymore - et à grande échelle de ce qui se faisait sous le manteau entre la Droite et les grandes entreprises nationales : je soussigné l’État, vous donne en période de "crises" au nom d’une politique qu’on qualifie pudiquement "de l’offre" ou de relance, c’est pareil puisqu’il est exclu au nom de la concurrence étrangère de faire une politique de gauche. Vous me rendrez à moi César, pour mes campagnes électorales, et le tour est joué : je garde le pouvoir et vous renverrai l’ascenseur. Il n’y a en effet aucun problème que le temps ne puisse résoudre pour peu que l’on sache s’en servir : "donner du temps au temps", là est le secret de la bonne gouvernance.
Vu ainsi, on comprend mieux pourquoi on a fait coïncider les Législatives avec la Présidentielle : par souci de maîtrise du calendrier, pour éviter des cycles temporels empoisonnants parce que perturbés.
Vu ainsi également, la gestion des crises s’avère dorénavant relever de l’exploitation rationnelle de la stratégie du choc décrite par Naomi Klein (3) : quand les gens sont sidérés, il est facile de leur faire avaler toutes les couleuvres que l’on veut. Ce n’est pas Sarkozy qui dira le contraire lui qui, selon Dominique De Villepin "croit que plus la société va mal et moins le risque social est grand" (4).
Mais alors, la crise ? Qui peut croire encore aujourd’hui que ce sont les subprimes qui en sont la cause ? Qui peut croire que c’est l’étincelle qui fait sauter le bâtiment et accessoirement une charge de dynamite placée là inopinément par quelques incompétents ? Mais, me direz vous, la France n’en est pas responsable. Non, bien sûr, alors à elle de s’adapter, pour le meilleur comme pour le pire. Quant aux méandres de la politique américaines, ils sont comme les voies de la providence, impénétrables. La politique aujourd’hui se résumerait-elle à savoir lequel des grands blocs est le maître d’œuvre, que dis-je, le démiurge des crises internationales ?
(1) " Patrick Devedjian a indiqué que le plan de relance devrait permettre de créer 150 000 emplois pour l’année 2009. Il a également indiqué que 75% des 26 milliards engagés seraient dépensés en 2009. Il a ajouté : si on réussit, ça fait 100 milliards d’impact économique." Voir là
(2) Office de Radio Télévision Sarkozy
(3) Voir par exemple l’article "Le capitalisme de catastrophe, comment gagner de l’argent sur le dos du malheur". extrait de l’interview rapportée : " la stratégie du choc c’est une philosophie du pouvoir et ce que je dis dans le livre c’est que ce modèle économique souvent appelé capitalisme sauvage n’a pas entraîné le monde dans la démocratie et la liberté comme on l’a souvent entendu, mais exploite intentionnellement ce choc et ce chaos".
(4) Propos tenus le 18/12/08 dans le 7/9 de France Inter par l’ancien premier ministre.
Nb. Les oxymores ne sont pas tous des chevaux de Troie de la novlangue.