lundi 23 mai 2016 - par Elliot

Le chardon syrien

Dans toutes les affaires, écrit Bossuet, il y a ce qui les prépare, ce qui détermine à les entreprendre et ce qui les fait réussir.

La vraie science de l'histoire est de remarquer dans chaque temps les dispositions secrètes qui ont préparé les grands changements et les conjonctures importantes qui les ont fait arriver.

 

Quel meilleur ambassadeur que Bossuet pour nous annoncer les grands bouleversements à venir et notamment dans ce Moyen-Orient compliqué dont les Occidentaux avaient fait leur chasse gardée, le point de fixation de leur volonté de puissance et où les tensions – voire les guerres picrocholines - sont savamment exacerbées pour le seul profit de l'entité sioniste dont le rôle de chien de garde colonial derrière l'alibi de foyer national juif n'a jamais souffert aucune contestation sinon de pure forme de la part des faux amis du monde arabe.

A part quelques plats pré-digérés qu'on nous sert et qui sont tous, la plupart du temps, le délayage plus ou moins orienté de dépêches d'agence, les médias « mainstream « nous laissent depuis quelque temps plutôt sur notre faim dans le traitement du conflit syrien.

 

A fortiori depuis que la Russie s'est impliquée avec succès pour aider le régime syrien dont la disparition était programmée dans les chancelleries occidentales.

En général, les Agences de presse ne sont pas dans le feu de l'action car Dieu merci ! nul n'est obligé de pousser l'héroïsme journalistique jusqu'au sacrifice de sa personne ; elles sont le plus souvent contraintes, course au scoop oblige, de présenter sans vérification des informations de seconde voire de troisième main. Une telle situation se prête à des manipulations.

 

Il y a nénamoins dans les médias une baisse d'intensité manifeste de l'intérêt pour la guerre en Syrie, les informations sont plus ou moins reléguées depuis qu'elles vont à contre-courant des attentes de ceux qui donnent le sentiment de snober la reprise en main par le régime des positions qu'il avait dû céder à la rébellion. 

Le mensonge par omission et la timidité des commentaires siéent par le force des choses à la propagande officielle toujours arc-boutée à des hypothèses caduques et qui voit invalidées ses vieilles spéculations sur un effondrement rapide du régime.

 

Beaucoup d'éditorialistes vedettes qui furent chargés de façonner l'opinion sont aussi de fieffés désossés aux convictions élastiques qui prennent assez vite le sens du vent et parviennent même à tirer profit de leurs propres contradictions ; le réalisme autant que la propension qu'ils ont à se fourrer le doigt dans l'œil ont développé chez eux cette exquise qualité qu'on appelle le pragmatisme et qui autorise à défendre une chose et puis son contraire avec la même conviction.

Je ne doute pas qu'ils trouveront sous peu leur chemin de Damas.

 

Alors, certes, il est très difficile de savoir ce qui se passe réellement dans la Syrie sous administration légale, personne en temps de guerre n'a vraiment intérêt à contrarier la parole officielle ; il n'en demeure pas moins que Palmyre dont les médias annonçaient qu'elle serait réduite en poussière par les iconoclastes de Daech existe belle et bien encore, qu'elle n'a subi apparemment que des dommages mineurs et qu'elle est revenue avec l'aide de la Russie dans le giron de l'armée syrienne officelle pas celle qui se dit libre et qui se résume à un quarteron de planqués qui se partagent en Turquie à l'abri des schrapnels les généreux subsides des puissances qui persistent à entretenir cette fiction d'une opposition démocratique.

La Syrie, c'est une mosaïque de courants religieux ( alaouites, une version soft du chiisme, chapelles chrétiennes pour tous les goûts, kurde sunnites et arabes sunnites plus sans doute quelques zoroastriens, yézidis ou autres mandéistes ) qui vivaient en relative harmonie ( relative car les religions vivent naturellement leur cohabitation en termes de concurrence ) jusqu'à ce que des agitateurs financés par des pétrodollars venus de ces modèles démocratiques que sont le Qatar et l'Arabie saoudite ne convainquent certains sunnites qu'ils étaient l'objet d'odieuses persécutions Bien qu'ils n'en eussent pas une conscience nette jusque là, il leur fallait pour assurer le salut de leur âme se soulever contre le tyran de Damas dans un grand appel d'air pour ces libertés démocratiques dont leurs sponsors offrent d'édifiants exemples.

Il est très hasardeux ( par définition les coups tordus sont gardés secrets ) d'apporter la preuve d'une implication occidentale directe – principalement des rusés américains ou des perfides britanniques – dans l'exacerbation par le mensonge des tensions ayant conduit à ces soulèvements, je me bornerai donc à acter comme preuve à charge l'empressement avec lequel les puissances impérialistes ont consenti à donner le label démocratique à de grossiers déguisements.

 

En tout état de cause, on a vendu et survendu au public occidental l'image d'une dictature sanguinaire et, pour des raisons de géopolitique au service d'intérêts où la cupidité le dispute à la stratégie, on a systématiquement initié la diabolisation du régime pour préparer l'opinion à une aventure militaire que certains appelaient de leurs vœux.

Certaines mauvaises langues argueront malicieusement qu'il y a des histoires de pipe-line là-dessous, le pouvoir de Damas manifestant une ombrageuse hostilité à la traversée d'un gazoduc acheminant le gaz des pays du Golfe vers la Turquie où il serait relié au gazoduc Nabucco desservant l'Europe.

Pures spéculations malveillantes, selon nos parangons de vertu démocratique, car chacun sait que la ploutocratie cosmopolite ne saurait caresser d'aussi mesquines arrière-pensées impérialistes et ne pourrait donc punir un gouvernement qui ferait preuve de mauvaise volonté à l'égard de ses intérêts.

 

Aujourd'hui, à part les voix isolées de quelques entêtés spadassins de la libération des peuples malgré eux, tout le monde se félicite maintenant de ce que les hésitations d'Obama – contraintes ou volontaires - aient finalement dissuadé Hollande de donner libre cours à ses ardeurs belliqueuses.

 

Il en va autrement de nos hommes politiques prompts à s'enflammer, ils restent prisonniers de leurs sottes déclarations que l'oubli doit d'abord effacer dans la mémoire collective avant qu'ils ne se risquent à une volte-face : contre toutes les évidences du terrain, on continue donc à l'Elysée à réclamer la démission de Bachar Al Assad et la chute de son système de gouvernement.

 

Un régime qui paraissait pourtant en 2008 parfaitement en adéquation avec les valeurs de la république puisque son raïs fut invité par Sarkozy au défilé du 14 juillet, tout un symbole ! devient infréquentable dès lors que son gouvernement entend maintenir SON ordre chez lui et qu'il n'accepte pas de se plier au chantage pseudo-démocratique d'une poignée de condottieri, mercenaires zélés d'intérêts étrangers

.

Le même Sarkozy qui, n'ayant rien appris de sa pitoyable initiative libyenne, a invité, ces derniers jours, du haut de son incomparable autant que singulière incompétence, à une plus grande implication de la France dans le conflit syrien.

Aux côtés de qui, en fait ? Pardi ! les seuls qui font vraiment le poids contre Assad semblent être les islamistes d'importation.

On tirera de cette nouvelle séquence sarkoziste les conclusions que l'on veut.

 

Il suffit d'ailleurs de faire un petit retour en arrière pour se souvenir de la manière dont furent présentés les merles blancs de la révolution libyenne – acheminés à grand renfort de caméras par l'ineffable BHL - dont on voit aujourd'hui qu'ils n'étaient au mieux que des paltoquets au pis que de vulgaires chefs de gang qui rêvaient de devenir califes à la place du calife sans avoir l'envergure de celui qu'ils ont détrôné et qui , à côté d'innombrables défauts tragiques, avait tout de même la vertu de maîtriser son sujet et ses sujets.

 

Dès le départ et parce que des intérêts géo-stratégiques le commandaient, Assad a été présenté comme la personne à abattre.

Contre Assad, protagoniste malgré lui d'une partie d'échecs dont on voulait l'évacuer en tant que pion majeur, se déclinait une volonté occidentale d'affaiblir sinon d'abattre l'Iran et, d'une pierre deux coups, de contrarier le renouveau de la Russie en lui coupant l'accès au Moyen-Orient.

En annexant la Crimée à la demande de sa population, Poutine a profité à sa manière de la déstabilisation de l'Ukraine organisée par des apprentis sorciers stimulés par l'UE et les Américains. Un Poutine – guère impressionné par les représentations indignées de ceux ( Merkel et Hollande ) qui étaient en sous main à l'origine des troubles à Kiev est devenu cet empêcheur de danser en rond qui place les intérêts de la Russie au-dessus de toutes les contingences.
Il se contrefiche de son image de marque en Occident, préférant être craint qu'adulé ou gentiment moqué comme le pitre alcoolique qui l'a précédé.



23 réactions


  • Alpo47 Alpo47 23 mai 2016 09:51

    Un référendum en France pour demander l’annexion à la Russie ?
    Chiche !


    • Ruut Ruut 24 mai 2016 09:24

      @Alpo47
      Le résultat pourrais surprendre :)
      La Nation Russe est Souveraine, contrairement a la dictature Française qui n’est qu’un vassale des USA depuis la fin de la seconde guerre mondiale.


  • Jo.Di Jo.Di 23 mai 2016 09:54

     
    La sénatrice UDI-UC de l’Orne, Nathalie Goulet a annoncé à l’AFP avoir reçu des menaces de mort après s’être étonnée de
     
    la possibilité offerte aux cons tribuables français qui font un don à l’armée israélienne, Tsahal, de bénéficier d’une réduction d’impôts de 60 %.
     
     
    La caractéristique du bobo grand remplacé, mais tjrs, narcissique est de se refuser d’admettre qu’il est une chiure.
     


  • Le p’tit Charles 23 mai 2016 10:26

     Chutttttttttttt...Poutine à inverser en sa faveur la guerre en Syrie...faut pas le dire dans nos « merdias » les USA serait fort mécontent... !


  • cathy cathy 23 mai 2016 11:01

    Oh le commentaire de Milla sur Poutine embrassant un enfant sur le ventre a été supprimé ????


  • izarn izarn 23 mai 2016 15:11

    J’aime bien la posture de Poutine pour saluer des enfants....
    Un Chirac et un Obama eussent préféré se casser les vertebres, plutot que de s’accroupir...
    Leur prétention et leur connerie face à l’enfance....
    Les russes sont vraiment de braves gens...


  • Milla (---.---.1.10) 23 mai 2016 18:26

    Des représentants d’une dizaine de partis de l’extrême droite européenne, pour certains réputés néonazis, se sont réunis dimanche en Russie lors d’un forum organisé par une formation pro-Kremlin


  • Milla (---.---.1.10) 23 mai 2016 18:30

    Le Pen se finance chez Poutine comme la plupart de l’extrême-droite européenne. Doublement révélateur ! @

    Le Front national a été obligé de reconnaître l’information selon laquelle il s’est vu accorder un prêt de 9 millions d’euros en septembre par la banque russe « First Czech Russian », notoirement liée au pouvoir russe. L’argent n’a pas d’odeur, certes et la famille Le Pen n’est pas du genre à engager sa propre (grande) fortune dans ses aventures politiques. Mais ces bonnes relations entre le FN et le pouvoir de Poutine sont révélatrices, pour l’un comme pour l’autre. Car l’opinion publique française a appris du même coup que la Russie de Poutine arrosait généreusement les partis populistes, racistes et fascistes de nombreux pays d’Europe, dont le xénophobe Vlaams Belang flamand, et le fasciste Jobbik hon


  • Milla (---.---.1.10) 23 mai 2016 18:41

    Le régime de Poutine continue l’œuvre de la restauration capitaliste en ex-URSS, la liquidation des acquis sociaux, de pans entiers de l’appareil de production, l’accaparement des richesses par quelques oligarques. Il s’appuie sur les forces les plus réactionnaires, religieuses, nationalistes, souvent racistes. Il ne tolère les organisations syndicales et politiques, y compris celles dénommées « communistes », que lorsqu’elles lui restent docilement soumises. Le régime est répressif, policier, militariste. Son affichage « antifasciste » n’a pour but que de dévoyer le souvenir profondément ancré dans la population de la résistance et de la guerre contre l’Allemagne nazie. Il est instrumentalisé pour répandre le poison nationaliste, l’idée de « Russie puissance », succédant à l’URSS « grande puissance ». On pourrait dire en bref, sous ouvrir ici ce long débat, que de l’Union soviétique, il ne reprend que le pire et l’aggrave ! En rien, à l’ONU ou ailleurs, l’impérialisme russe doit passer pour le continuateur du rôle historique de l’URSS dans le développement aux luttes émancipatrices dans le monde.


  • Milla (---.---.1.10) 23 mai 2016 18:44

    A propos, vous savez qui va rembourser l’emprunt du FN à la Czech-Russian Bank, sans doute intérêts compris ? Nous les contribuables français ! Le FN va l’utiliser pour financer sa campagne aux élections départementales et il y a tous les risques que, cette fois, il dépasse 5% à peu près dans chaque canton et soit remboursé de ses frais !


    • alinea alinea 23 mai 2016 20:41

      @Milla
      Vos états d’âme sont palpitants ! personnellement je préfère payer des aggios pour une banque russe que pour une banque américaine, puisque c’est comme cela que ça se fait chez nous !
      Le FN n’a trouvé aucun financeur chez nous !!


  • Milla (---.---.1.10) 23 mai 2016 19:27

    La syrie federale de shalomov Poutine avec l’accord turquie- UE qui confirme la purification ethnique de plusieurs regions, d’ailleurs le mossad dit deja sur son site que la syrie est divisee en 6 regions... detruire les pays musulmans pour assurer l’hegemonie israelienne...


  • J.MAY MAIBORODA 24 mai 2016 07:29

    QUE DIRE ?


    Excellent, comme d’habitude, tant du point de vue de l’analyse que du point de vue de l’écriture.
    On a plaisir à lire Elliot. 


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 15:46

    L’expression « plan Yinon » se réfère à un article paru en février 1982 dans la revue Kivounim (« orientations » en hébreu), publiée par l’Organisation sioniste mondiale, basée à Jérusalem. L’article, intitulé Une stratégie pour Israël dans les années 80, est signé par Oded Yinon, qui se présente comme journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères.


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 15:46

    L’expression « plan Yinon » se réfère à un article paru en février 1982 dans la revue Kivounim (« orientations » en hébreu), publiée par l’Organisation sioniste mondiale, basée à Jérusalem. L’article, intitulé Une stratégie pour Israël dans les années 80, est signé par Oded Yinon, qui se présente comme journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères.


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 15:48

    L’article estime que l’intérêt de l’État hébreu est de favoriser la création, dans le monde arabe, de mini-États antagonistes trop faibles et trop divisés pour s’opposer efficacement à lui : « L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États. […] Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël. »


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 15:55

    Pour certains, les idées défendues par Yinon auraient été en grande partie reprises par les gouvernements israéliens successifs depuis 1982. Elles auraient ainsi largement contribué à forger la doctrine géopolitique de l’État hébreu depuis les années 80. L’invasion américaine de l’Irak en 2003, la chute de Saddam Hussein, la guerre civile en Syrie (depuis 2011), l’éclatement de ce pays, la balkanisation du Proche- et du Moyen-Orient ou encore l’essor de l’État islamique seraient ainsi autant de preuves que le « plan Yinon » a bien été suivi par Israël. Cette thèse est défendue par plusieurs militants antisionistes comme Israël Shahak, l


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 17:27

    Irak : l’armée irakienne et les milices chiites

    En Irak, la ville de Falloujah, bastion historique de la résistance sunnite contre l’invasion américaine, est depuis cette nuit la cible de bombardements du régime irakien et de l’aviation US. Selon les premières estimations entre 20 000 et 40 000 militaires et miliciens chiites se sont lancés dans la reconquête de la ville toujours peuplée par 100 000 civils musulmans.

    Les tribus sunnites font face à la plus grande opération militaire lancée contre une ville sunnite depuis le début de la campagne de reconquête du territoire. Si les américains et leurs alliés iraniens .Les analystes craignent des massacres de civils par les milices chiites venues d’Afghanistan, du Liban, d’Irak et d’Iran. En laissant le champ libre à ces groupes fanatisés, la coalition internationale continue de creuser le fossé entre communautés sunnite et chiite dans la région.

    De 50 000 à 100 000 civils sont encore dans la ville de Falloujah. Les dix années post-Saddam Hussein ont fait comprendre à la population sunnite que de rendre les armes face aux milices chiites causerait leur perte. Pendant plus de 10 ans, les populations sunnites d’Irak ont été la cible d’assassinats, meurtres de masse et viols. Raison pour laquelle, la population refuse désormais de se rendre.

    L’Iran est allié des occidentaux et d’Israël pour exterminer les musulmans sunnites.

    On comprend surtout la raison pour laquelle SORAL le sioniste est pro IRAN et Hezbollah.


  • Milla (---.---.1.10) 24 mai 2016 20:04

    La syrie federale de shalomov Poutine avec l’accord turquie- UE qui confirme la purification ethnique de plusieurs regions, d’ailleurs le mossad dit deja sur son site que la syrie est divisee en 6 regions... detruire les pays musulmans pour assurer l’hegemonie israelienne...


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