lundi 23 mars 2015 - par Gilles Mérivac

Le combat sans fin

Tendances antagonistes

Pour beaucoup d'entre nous, nous ne savons pas réellement qui nous sommes ni quelles sont nos capacités réelles. On peut, bien sûr, faire un curriculum vitae très détaillé sans que transparaissent ni nos talents particuliers ni nos motivations profondes. Le but principal que nous poursuivons est donc l'accomplissement à travers ses propres qualités, ce qui permet, en relation avec l'environnement, de se sentir pleinement heureux. Dans cette optique, le bonheur n'est pas une fin en soi, mais la conséquence d'une vie qui prend un sens. Dans cette quête, nous commettons de nombreux sont les essais et erreurs. Mais pour ce faire, il est indispensable de disposer de la plus grande autonomie possible ainsi que que de ses corollaires, les libertés de s'exprimer et d'entreprendre.

Malheureusement, la nature humaine a été dotée d'un instinct de puissance qui cherche inlassablement à soumettre tout ce qu'il peut à sa volonté. Cet instinct qui était un atout décisif dans la lutte pour la survie à l'aube de l'humanité, s'est retourné contre le seul concurrent réel qui subsiste, c'est-à-dire lui-même. C'est ainsi que furent enchaînés d'innombrables êtres humains et que d'autres furent massacrés au nom d'empires tous plus éphémères les uns que les autres. De temps à autre, un soulèvement populaire redistribue les cartes, puis les nouveaux chefs hissés au pouvoir briment à nouveau leur peuple sous le prétexte de le protéger.

A notre époque, la seule différence réside dans la nature de l'esclavage. Les chaînes modernes s'appellent endettement, crédit trop important, addiction à la consommation, obligation d'acheter pendant les diverses fêtes des commerçants qui s'égrènent tout au long de l'année, sous peine d'être traité de personne peu sociable. Les tombereaux de publicité infantilisant déversés par les chaînes TV au contenu lénifiant parachèvent l'abrutissement de l'individu.

Sur le net, nos penchants sont impitoyablement traqués par de multiples sociétés spécialisées dont les résultats s'accumulent dans les boîtes mail. Les techniques actuelles permettent une surveillance des individus sans précédent. L'alibi de la lutte contre le terrorisme conduit naturellement à considérer toutes les critiques un peu vives comme des menaces inacceptables et à réduire la liberté d'expression comme peau de chagrin.

 

De l'individu à l'état

Depuis quelques décennies, l'asservissement est passé un cran au-dessus avec la mondialisation d'obédience étasunienne et l'avènement d'une Europe bureaucratique. Les états s'endettent auprès des banques centrales comme les particuliers en achetant la paix auprès des électeurs, et ce processus les prive également de toute marge de manœuvre. Les grecs désespérés ont voté pour le parti Tsipras qui leur a promis de mettre fin à l'austérité, fût-ce au prix de la sortie de l'UE, mais les instances bruxelloises ne l'entendent pas de cette oreille et tirent sur la laisse pour montrer que le collier de la dette est fermement fixé et ne saurait être relâche. La BCE s'attribue le rôle de distribuer les bons et mauvais points, les prêts sans intérêt étant accordés aux états qui se montrent européens convaincus, les autres étant traités plus rudement.

C'est ainsi que la France hollandaise a pu emprunter à des taux ridiculement bas, sans aucun rapport avec l'absence totale de réformes structurelles et d'efforts pour rembourser la dette. Mais cette attitude accommodante dissimule en réalité une véritable bombe à retardement. Une tentative électorale des français pour sortir de l'euro ou de l'UE sera implacablement contrée par des taux qui vont curieusement monter en flèche, anéantissant toute velléité d'indépendance. Et l'on s'apercevra que le collier que nous nous sommes mis au cou est bien serré.

Pour regagner une certaine liberté, les individus sont obligés de se rassembler sous la bannière d'une idéologie ou d'un parti. Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions et invariablement les mêmes dirigeants à l'origine de la libération de leur peuple ne tardent pas à supprimer peu à peu l'expression libre en prétendant protéger leurs citoyens, comme le Patriot Act aux USA et les derniers décrets sur les réseaux sociaux dans notre pays. Et la lutte entre la lumière et l'ombre se poursuit sans fin.



5 réactions


  • Pascal L 23 mars 2015 10:35

    Les dettes sont comme les arbres ; elles ne montent pas jusqu’au ciel. Et il arrivera un moment où l’imagination des prédateurs ne sera plus suffisante pour maintenir en vie un système qui n’en peu plus. Les dettes qui ne peuvent être payées ne seront pas payées et les artistes du Ponzi sur la dette devront bien rendre des comptes un jour.

    Aujourd’hui aucun état ne peut réduire sa dette sans faire s’envoler le chômage. Les Grecs pourront s’en sortir lorsque la création monétaire ne sera plus appuyée exclusivement sur de la création de dette. Cela passe probablement par la sortie de l’Euro et il existe des techniques simples pour ne pas voir l’inflation s’envoler.

    Nous vivons un instant formidable qui marque la fin d’un monde. Les techniques financières pour l’asservissement des peuples sont dans la droite ligne des guerres, de l’esclavage et de la colonisation. Aujourd’hui, ces techniques sont parfaitement connues et analysées, du moins pour ceux qui veulent savoir. La mondialisation permet aussi de diffuser cette connaissance et il arrivera un moment où le mensonge ne sera plus possible. 
    Le reste demande une prise de conscience individuelle. Nous ne pourrons éliminer la prédation que si nous-même ne sommes pas près à nous comporter en prédateur dès que l’occasion se présente. Sommes-nous prêt à abandonner un modèle où la jouissance individuelle est la plus grande vertu ?

    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 24 mars 2015 12:27

      @Pascal L
      Nous sommes dans la situation de Pinocchio dans la fête foraine, il est difficile de résister aux sucreries et aux gadgets qui nous sont présentés inlassablement. Mais les oreilles d’âne et les mines de sel ne sont jamais bien loin.


  • Crab2 24 mars 2015 10:22

    Pour regagner une certaine liberté, les individus sont obligés de se rassembler sous la bannière d’une idéologie ou d’un parti. écrivez-vous - non, ce n’est pas aussi simple :

    http://laicite-moderne.blogspot.fr/2015/03/le-declin-de-la-civilisation-chretienne.html


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 24 mars 2015 12:37

      @Crab2
      L’optique est entièrement différente, la laïcité n’est pas un combat contre le consumérisme mais contre l’emprise des religions dans la vie publique.En fait, le consumérisme favorise indirectement la laïcité puisqu’il finit par monnayer les rapports humains, ce qui est aux antipodes du sentiment religieux. Je ne crois pas que l’on ait gagné au change.


    • Crab2 25 mars 2015 09:29

      @Gilles Mérivac
      La laïcité signifie qu’en tant que citoyen je n’autorise personne à parler à mes enfants de ce que les croyants nomment dieu ni des religions

      Les deux font la paire

      " Les millions d’enfants français de confession musulmane qui fréquentent les écoles publiques doivent-ils être tous privés de repas au prétexte d’une vision idéologique et intégriste de la laïcité ? ", a répliqué dans un communiqué le recteur Boubakeur, également président du ….

      Suite

      http://laicite-moderne.blogspot.fr/2015/03/les-deux-font-la-paire.html

      ou sur

      http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2015/03/25/les-deux-font-la-paire-5590370.html


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