Le débat des Dinosaures, plus le perdreau faisant
Les dinosaures Mélenchon, Le Pen, Fillon et Hamon dans une moindre mesure, nous ont offert un spectacle bizarre ; chronométré, minuté comme une course de chevaux. Avec des horloges à gros chiffres et des animateurs qui ne cessaient de dire, aux uns comme aux autres ; vous êtes en retard... vous êtes en avance...
Intervenant d'une manière inédite sur le débat, en discutant non pas le sens des paroles données par les candidats, mais le sens du temps de leurs paroles ; peu importe ce qu'ils disaient finalement. Peut être une réminiscence de l'esprit Andy Wharol, l'inventeur des stars de télé réalité du New York début des années soixante, stars qui finirent toutes ou presque mortes d'overdose ou de solitude après ce fameux quart d'heure de gloire ; une imaginaire admiration momentanée des foules due à leur capacité à répéter devant une glace ; je suis une star, je suis une star, jusqu'à en être persuadé, et pouvoir en persuader les autres.
Bref, ces gens qui prétendent tous bientôt gouverner ce Pays, hors affaires les concernant tous ou presque, mises entre parenthèses le temps de cette soirée, se sont affrontés au timing en joute oratoire millimétrée.
Chacun défendant ses idées et son parcours avec ses mots à lui. Subjectivement, les deux ayant tiré leur épingle du jeu étant les deux jamais encore arrivés au pouvoir, à savoir Marine le Pen et Jean Luc Mélenchon, qui bien qu'étant de bords soi-disant extrême opposés, ont dit des phrases assez proches les unes des autres.
Je ne regarde jamais les informations, les jités des grandes chaînes, j'ai même supprimé Tf1 de mes favoris, histoire d'éviter de tomber sur ce canal décérébrant à l'improviste, on sait jamais, en temps que complotiste assumé je me méfie de tout.
Mais aujourd'hui les enjeux sont trop importants, alors j'ai voulu savoir !
À part le mode d'interview basé sur l'importance des secondes et des minutes enfuies, chaque dinosaure a défendu son bilan, hypothétique pour certains. Fillon en père tranquille revendiquant encore et toujours le fait que notre Pays est en faillite et doit 2200 milliards, que nous devrons rembourser, d'une manière ou d'une autre ; alors s'il est élu, ça va saigner !
Hamon m'a surpris par sa logique hors les murs, son discours paraît logique, presque humaniste, sauf qu'il fait partie intégrante du gouvernement le plus impopulaire de tous les temps de France. En tout cas il ne perd pas le nord, contrairement à un autre dont nous parlerons plus tard.
Mélenchon a déroulé un discours également intéressant, il paraît se soucier de la masse populaire, des sans-dents, et a même développé des idées audacieuses sur un ton péremptoire, avec lesquelles il était difficile de ne pas être d'accord.
Marine le Pen a aussi défini un programme intéressant, proposant par ex de supprimer plusieurs taxes comme le rsi, cause de la faillite de nombreuses petites entreprises. Son programme favoriserait les français de souche au détriment des immigrés, il est donc clairement nationaliste, on aime ou pas.
J'ai gardé le meilleur pour la fin, au milieu de ces dinosaures, surgit un presque perdreau de l'année, propre sur lui, bien habillé, avec un physique et une voix plaisants ; Emmanuel Macron, aussitôt canonisé par les sondagiers institutionnels ; débatteur le plus convaincant.
Je n'ai pas été convaincu par Macron, c'est la première fois que le vois et que je l'écoute plus de deux minutes, l'ayant d'abord jugé subjectivement il est vrai, sur photos, quand je les vois je trouve qu'il s'apparente humainement à l'absence, au vide.
Ses idées n'en sont pas, il parle comme un robot qui débite parfaitement sa leçon, et mélange tout et n'importe quoi, se contre-disant souvent. Le plus étonnant a été de voir son changement comportemental au fur et à mesure que les heures passaient.
De convivial au début, il est devenu agressif, montant sur ses grands chevaux au seul mot de banquier prononcé par Marine le Pen, il est alors parti dans une diatribe surréaliste, en déclarant ''je ne vous laisserai pas diffamer !''
Il est vrai qu'il n'a jamais été banquier, mais plutôt employé de banque, même avec appointements conséquents, et signature de contrats plus ou moins opaques, chiffrant parfois neuf zéros. Il oublie également qu'il était encore au gouvernement il y a quelques mois et qu'il est le concepteur avec d'autres de lois iniques imposées au 49.3.
Vers la fin du débat, sur les images qui le montraient pendant que les dinosaures parlaient, il eut un rictus carnassier qu'il ne quitta plus ; il levait les yeux au ciel et paraissait perdu, je n'exagère pas. Il m'a évoqué l'image de Malcom Mac Dowell alias Alex dans Orange Mécanique, film censuré des décennies durant, le héros étant malgré tout séduisant, malgré les horreurs qu'il accomplit.
Le plus surprenant fut sa conclusion, il a d'ailleurs clos tout court le débat, étant le dernier à parler, mystère du tirage au sort. Dans cette courte déclaration d'une minute et demi, sa voix est devenue subitement plus aiguë, on aurait dit presque qu'il allait pleurer. Il a bafouillé plusieurs fois en prononçant le mot France, français, comme si de s'adresser directement au Peuple de France pour le convaincre de voter pour lui lui paraissait insurmontable.
Si vous ne me croyez pas, je suppose que la video doit être disponible en replay, ou certainement bientôt sur le Web, c'est vraiment étonnant.
La presse étrangère, le Financial Times par exemple, semble plus de mon avis que Bfm, qui titre ’’macron jugé le plus convaincant’’ ;
’’Macron misses his moment in French debate (macron rate son entrée dans le débat)’’
https://www.ft.com/content/26b17a0c-0dc9-11e7-b030-768954394623