mercredi 23 avril 2014 - par GHEDIA Aziz

Le leurre d’un discours

La campagne électorale du président-sortant et réélu pour un autre mandat présidentiel de cinq ans a été basée essentiellement sur deux choses : la sécurité et la stabilité. On nous a, durant trois semaines, presque perforé les tympans avec ces deux mots. Dans le programme politique du candidat sus mentionné abstraction a été faite pour tout ce qui concerne les autres domaines et particulièrement l’économie qui, qu’on le veuille ou non, doit être le moteur principal de toute campagne électorale.

Un pays qui dépend, pour nourrir ses habitants, pour les habiller, pour les éduquer, pour leur assurer le strict minimum, en un mot pour sa survie, à 98% des ses importations d’hydrocarbures ne peut se targuer d’avoir une économie. Les algériens attendent beaucoup de ce côté-là, ils veulent en finir avec l’économie de bazar, ils veulent voir leur pays s’engager véritablement dans une économie qui ne soit pas de rente, mais une économie productive de biens finis. Or, jusqu’à maintenant, cinquante ans après l’indépendance, force est d’admettre que nous importons tout de l’étranger. Les chinoiseries ont envahi nos souks et nos espaces commerciaux. Il n’est pas un seul commerce ou le « made in algeria » attire le regard de la ménagère ou du bon père de famille. Les seuls qui en tirent bénéfice ce sont ces importateurs qui accumulent des richesses sans « mouiller le maillot ». Qu’ils investissent au moins leur surplus, ne serait-ce que dans des briqueteries et des clouteries. Ce en guise de préambule. Car, en vérité, là où je veux en venir, c’est à cette tragédie, survenue le lendemain de la proclamation des résultats de cette mascarade électorale, qui vient contredire tout ce qui a été avancé comme argument massue en faveur de la réélection d’A. BOUTEFLIKA. Cette embuscade qui a couté la vie à une quinzaine de nos soldats (qui sont des enfants du peuple) vient nous rappeler, douloureusement, que la sécurité dont on nous a largement abreuvé durant cette campagne électorale, n’est qu’une simple vue de l’esprit. Le terrorisme est toujours là. Tapis dans les maquis de la Kabylie ou d’ailleurs et n’attend que son heure pour agir. Il n’a pas encore épuisé son « quart d’heure résiduel » pour reprendre l’expression d’un commis de l’Etat qui, après avoir été évincé comme un pestiféré du premier cercle du pouvoir, est revenu, toute honte bue, pour faire la promotion du candidat malade. De ce fait, la vigilance devrait être toujours de mise. Il est vrai que sur le plan sécuritaire, on est plus dans les années 90, mais de là à dire que le pays est sécurisé à 100% grâce à la politique de réconciliation de Fakahmatouhou, je crois que c’est un leurre. Sur ce plan-là, il reste encore beaucoup de chemin à faire. Alors, qu’y a-t-il lieu de faire, me diriez-vous ? Relancer le « tout-sécuritaire » ? Revoir la politique de la réconciliation nationale ? Fermer les yeux et faire comme si de rien n’était ? Apparemment, nous sommes devant une équation difficile à résoudre. Toujours est-il que cela fait beaucoup de peine de savoir que de jeunes soldats ont été fauchés au printemps de leur vie par la main criminelle d’un terrorisme qui, aux yeux des partisans du 4ème mandat, n’est qu’un vague et douloureux souvenir. Ces gens-là ont berné le peuple algérien qui leur a donné le quitus de poursuivre leur « grandiose œuvre », il leur appartient donc, à eux, de trouver la solution pour que, dorénavant, nulle mère, nul père, ne pleureront leur enfant déchiqueté par une bombe artisanale ou par l’obus d’un Heb heb. Quant à la stabilité, on a beau la chercher, on ne voit que vaguement ses contours. Ghardaïa n’a pas encore mis de l’ordre en intra muros, les voitures calcinées juchent toujours ses trottoirs et voilà qu’au Nord, en Kabylie, le printemps berbère s’annonce des plus chauds…



2 réactions


  • psynom 23 avril 2014 11:02

    Bonjour Aziz,
    je vous sens complètement désespéré. Alors je veux vous donner un peu d’espoir. J’ai vu un reportage TV sur ces jeunes français d’origine algérienne qui, touchés par le chômage des jeunes, ’reviennent’ en Algérie pour créer leur structure professionnelle, sans complexe, et y réussissent fort. Puissent-t-ils montrer que là où personne ne croit plus à rien, sauf à la violence, il y a d’énormes possibilités dans votre pays...


  • claude-michel claude-michel 23 avril 2014 12:30

    La jeunesse Algérienne venue de l’immigration et vivant en France...se contre fout de leur pays d’origine..Pour preuve le nombre croissant de ceux qui cumulent les délits chez nous et les autres qui partent se battre avec les djihadistes...Heu..vous avez dit intégration.. ?


Réagir