mardi 22 août 2017 - par axalinencele

Le scandale du soutien scolaire subventionné

 « Est-ce le bon moment pour entreprendre ? Mais oui, c'est le bon moment ! Hormis pour les investisseurs, car l'environnement fiscal actuel est assez confiscatoire », s'exclamait le directeur d'Acadomia dans les colonnes de l'express (dirigé par le sinistre Barbier, tout aussi grassement rémunéré indirectement par l'Etat, tout en fustigeant la dépense publique). Le même personnage déclarait pourtant quelques années plus tôt que « la suppression des aides fiscales entraînerait la disparition du secteur ». Ces deux phrases à priori antinomiques, illustrent parfaitement le scandale que représente cette réduction d'impôt dont on ne parle pas assez souvent.

 

Désirant me lancer prochainement dans les cours particuliers et le soutien scolaire à domicile, je me suis un peu intéressé aux tarifs pratiqués sur le marché, notamment par les principaux organismes : acadomia, cours legendre, complétude ou keepschool...

J'ai alors rempli par simple curiosité un formulaire sur un de ces sites afin d'obtenir le prix d'une heure de cours pour un terminale ES. Selon le devis reçu dans la minute, l'heure de cours serait facturée 47 euros. L'organisme faisant par ailleurs bien sûr expressément miroiter la réduction fiscale ou le crédit d'impôt pour les ménages modestes, soit 23 euros 50/heure :

 

 

Le même jour, une annonce émanant du même organisme, publiée sur le site de pôle emploi proposait un salaire de 15 à 20 euros brut pour le même niveau, soit de 11,5 à 15 euros net pour l'intervenant pédagogique (le salaire ne prenant pas en compte les frais de déplacement et le temps de préparation). Ainsi la plus-value réalisée par l'organisme est de 32 à 35 euros pour une heure de cours.

Ces organismes sont des entreprises privées régies par la loi du marché. Il n'y a par conséquent à priori aucune raison qu'elles fassent preuve de philanthropie et ne cherchent pas à s'enrichir en réalisant un profit.

En 1991, le gouvernement d'Edith Cresson accorde une réduction d'impôt de la moitié du prix d'un cours. Cette mesure excluait de fait la moitié des Français non imposables (souvent d'ailleurs les familles où le soutien scolaire était le plus nécessaire). Afin de rectifier cette inégalité, en 2007, un crédit d'impôt équivalent devient possible pour les foyers non imposables.

De nombreuses entreprises de soutien scolaire vont alors voir le jour et c'est là ou le bat blesse. Ces mesures auraient pu être intéressantes à condition d'être encadrées en ne bénéficiant qu'à des auto-entrepreneurs ou particuliers.

Ainsi, du fait de cette niche fiscale, le manque à gagner pour l'Etat est important (et le profit pour ces organisme tout autant), de l'ordre de 300 millions d'euros par an. Cette somme représente environ trois fois la somme investie par l’État dans le soutien scolaire public ou 4 fois le budget des ZEP et ne profite probablement pas aux élèves les plus en difficulté. (davantage aux classes moyennes supérieures pouvant débourser ce prix)

Non pas que cette aide soit inutile dans l'absolu, mais elle devrait être davantage encadrée et réservée aux particuliers, micro-entreprises ou auto-entrepreneurs. Or elle est de fait captée en grande partie par des grands groupes vivant sur le dos de la bête. 

De plus la qualité du service n'est pas forcément au rendez-vous. Selon des enquêtes le recrutement est souvent réalisé à la va vite, les pièces justificatives pas toujours vérifiées, on ment aux parents sur la disponibilité immédiate du professeur...

Ainsi, il est selon important que les enseignants et parents boycottent ces enseignes, dirigés par des schizophrènes dénués de scrupules, se prévalant des valeurs du libéralisme tout en s'enrichissant pour moitié grâce au contribuable. Et puis, quel bon enseignant accepterait de travailler pour 12 euros de l'heure avec la préparation et le déplacement non remboursé ?

 



21 réactions


  •  C BARRATIER C BARRATIER 22 août 2017 16:54

    Merci, il fallait le dire
    Ce n’est pas la seule arnaque à l’enseignement, quoi qu’on fasse, les truands sont en embuscade..

    J’ai essayé de balayer le secteur sur mon site Retraités dans la République, il suffit dans la table de chercher les « news » Ecole..."


    • axalinencele axalinencele 22 août 2017 18:06

      @C BARRATIER
      Ces organismes n’ont selon moi plus vocation à exister, l’arnaque est très facile à éviter pour les parents, encore faut-il qu’ils soient informés que ce sont des truands. Il existe beaucoup de systèmes de mutualisation gratuits.


  • axalinencele axalinencele 22 août 2017 18:08

    ps : je vais regarder sur le site.


  • Allexandre 22 août 2017 19:08

    @ l’auteur


    Ces cours pourraient être utiles ponctuellement, mais certains parents font donner des cours dans plusieurs matières, pourvu que leur petit(e) fasse T S. Une vraie stupidité. Par ailleurs, le passage quasi systématique en classe supérieure nivelle par le bas, et malgré la chute vertigineuse des exigences, certains élèves (beaucoup devrais-je dire) n’ont pas le niveau. 
    Mais pas d’inquiétude, ils auront le BAC, peut-être même avec mention. E n revanche, une fois les portes du lycée franchies, c’est une autre rengaine. Mais cela n’est pas souvent analysé par nos chers médias.

    • axalinencele axalinencele 22 août 2017 19:20

      @Allexandre
      oui je ne remets pas en cause le soutien scolaire en soi qui peut être utile mais le business qui est autour. Le non redoublement entraîne une très grande hétérogénéité du niveau au sein des classes avec l’impératif « pédagosisant » pour le professeur de la prendre en compte. Quant à la baisse du niveau je suis d’accord avec vous, j’avais d’ailleurs publié un article sur le naufrage de l’école.


  • Allexandre 22 août 2017 19:42

    Il n’y a que ceux qui ne connaissent pas la réalité de l’école pour dire le contraire. Aristide par exemple, et bien d’autres.


  • Garibaldi2 23 août 2017 04:43

    Dans votre 1er paragraphe, supprimer ’’tout aussi’’ qui ne peut prendre de signification que plus loin dans votre article.

    On écrit ’’bât’’.

    On écrit ’’à la va-vite’’

    ’’Ainsi, il est selon (manque le moi) important que les enseignants et parents boycottent ces enseignes, dirigé (manque le e) s par des schizophrènes (é) dénués de scrupules, se prévalant des valeurs du libéralisme tout en s’enrichissant pour moitié grâce au contribuable.’’.

    La schizophrénie n’est pas un dédoublement de la personnalité mais une perte de contact avec le réel.

    Bon devoir, bien argumenté, mais des lacunes dans l’orthographe. Peut mieux faire.

    Demain interro écrite !


    • axalinencele axalinencele 23 août 2017 08:49

      @Garibaldi2
      Merci Mr Professeur Garibaldi pour vos rectifications, article écrit un peu à la va-vite


    • Plus robert que Redford 23 août 2017 15:04

      @Garibaldi2
      On dit schizophrénie ou schizophrénique

      Mais le nom ou l’adjectif, c’est schizophrène...

      Y’aura aussi correction pour les correcteurs...

      Pan sur le bec !


    • Garibaldi2 24 août 2017 04:40

      @Plus robert que Redford

      Effectivement. Vive notre belle langue si compliquée !

      A ce propos, on comprend le pourquoi de la différence de temps pour l’apprentissage de l’anglais par un enfant anglais, et celle du français par un enfant français.


  • Jeff84 23 août 2017 06:38

    Vous ne savez pas de quoi vous parlez.


    Je suis expert-comptable, et j’ai dans mes clients une entreprise de ce type (à plus petite échelle). La différence entre ce que touche le salarié et ce que paye le client est constitué en quasi-totalité de charges sociales et d’impôts. Ce que garde la dirigeante en bénéfice et en salaire cumulés représente 3,8% du CA TTC. Et c’est une excellente dirigeante, qui gère tout au plus près.

    Si vraiment ces entreprises se gavaient, l’une d’elles en profiterait pour piquer tout le boulot des autres en cassant les prix. Or, cela n’arrive pas, car c’est le prix minimum permettant de payer charges/impôts et sortir 3-5% de bénéfice.

    Ah, et c’est à cause de ces charges et impôts que le crédit d’impôt existe. Il n’est pas « payé par les contribuables », il est payé par les entreprises, et rendu (en partie et par l’intermédiaire du client) à celles-ci.

    • Osis Osis 23 août 2017 07:42

      @Jeff84

      Merci de remettre les pendules à l’heure.

      Ras le bol des jaloux et des envieux qui parlent toujours sans savoir et sans réfléchir.


    • axalinencele axalinencele 23 août 2017 08:50

      @Osis
      jaloux de quoi ? J’expose juste des faits.


    • axalinencele axalinencele 23 août 2017 08:58

      @Jeff84
      je ne supporte juste plus les dirigeants, journalistes ou tout autre personne critiquant le système fiscal, faisant l’éloge du libéralisme, tout en vivant grâce au contribuable. C’est le cas de ces enseignes mais également des grands journaux ou du vendeur d’arme Dassault par exemple en monopole sur les avions de chasse. 


    • Jeff84 23 août 2017 10:48

      @axalinencele
      Personne ne vit « grâce au contribuable » à part les fonctionnaires.


      Moi aussi je détestais ceux qui critiquent la fiscalité. Avant de faire un master spécialité droit fiscal, et de pratiquer la fiscalité tous les jours pendant 15 ans.

      Maintenant, je me dis que le seul qui peut ne pas critiquer, c’est celui qui n’y connait rien. Par exemple, mettons qu’une grosse boite genre Google mette son siège en France. Elle fait 100€ de bénéfice, et reverse ça à un gros actionnaire, lui aussi en France. Sur ces 100€, il en restera à peine plus de 20 tous les impôts versés. Sans même l’ISF ou les taxes foncières ou d’habitation, et sans aucun avantage retraite ou maladie.

      Moi, j’appelle ça de l’esclavage. 80% ou 100%, c’est dans le même sac.

      Et j’applaudis des deux mains quand Google, ou n’importe quelle autre boîte, arrive à s’en échapper.

  • axalinencele axalinencele 23 août 2017 09:10

    Vous parlez d’une petite entreprise, ai-je critiqué les petites entreprises ? Est-ce la même chose pour acadomia ? Il existe des combines....


  • Aristide Aristide 23 août 2017 11:34

    Non pas que cette aide soit inutile dans l’absolu, mais elle devrait être davantage encadrée et réservée aux particuliers, micro-entreprises ou auto-entrepreneurs. Or elle est de fait captée en grande partie par des grands groupes vivant sur le dos de la bête


    En voilà de la bonne idée, mais pourquoi s’arrêter au milieu du gué, pourquoi donc ce service aux élèves en difficultés ne serait organisé dans le cadre de notre éducation nationale.

    Pour ma part, il serait plus efficace de rétablir ce que l’on nommait en son temps les études surveillées durant lesquelles les profs ou autres étudiants essayaient d’aider les élèves dans la rédaction de leurs devoirs, dans l’étude de leurs leçons, ... Bien évidemment il faudrait supprimer ces aides financières et attribuer ces sommes économisées à la mise en place de ce service dans le cadre même de l’éducation nationale. 





     
     

  • CNAFAL CNAFAL 23 août 2017 12:17

    Le texte est intéressant et UTILE

    Puis-je le reproduire sous votre signature sur le blog des familles laïques de Melun ?
    Nous assurons de l’accompagnement à la scolarité associatif : gratuit pour les familles, seule l’adhésion à l’association est requise : 12 € par an pour l’accès gratuit à toutes nos activités.
    Les accompagnateurs sont totalement bénévoles.




  • axalinencele axalinencele 23 août 2017 16:43

    oui pas de soucis vous pouvez.


  • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 31 mai 2018 22:41

    Je donne des cours particuliers de piano. Ils m’ont jadis contacté 2 ou 3 fois. Dire que je les ai mal reçu est un euphémisme. Je pense et j’espère qu’ils m’ont mis sur une liste noire.


  • claudsaille claudsaille 24 décembre 2019 23:56

    Il y a des plateforme de mise en relation entre professeurs et demandeurs des cours comme apprentus. des cours de soutien scolaire, langue , musique et autre.


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