Le transsexualisme n’est plus une maladie mentale en France, décrète l’Etat : le retour de la « science officielle » !
C’est une bien étrange décision qui vient d’être entérinée par le "Journal officiel" : l’Etat décide de rayer d’un trait de plume le transsexualisme de la liste des maladies mentales, renouant avec une déplorable et obscure tradition de la "science officielle", que l’on espérait enterrée depuis les élucubrations de Lyssenko. Examinons les faits :
Ce décret stipule que : "Au 4 du I de l’annexe de l’article D. 322-1 du code de la sécurité sociale, les mots : « ― troubles précoces de l’identité de genre ; » sont supprimés."
Que signifie ce jargon juridico-administratif ?
Le terme "trouble précoce de l’identité de genre" est un équivalent du terme "trouble de l’identité sexuelle" (2) , qui est l’appellation que donne le DSM IV (3) (4) au transsexualisme, et qui est défini par les critères diagnostiques suivants :
- Identification intense et persistante à l’autre sexe
- Sentiment persistant d’inconfort par rapport à son sexe ou sentiment d’inadéquation par rapport à l’identité de rôle correspondante
- L’affection n’est pas concomitante d’une affection responsable d’un phénotype hermaphrodite (pour les aspects biologiques : Syndrome de Klinefelter : XXY, Syndrome de Turner : XO)
- L’affection est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.
- Ces troubles sont indépendants de l’orientation sexuelle.
Le transsexualisme est une maladie mentale incurable par les moyens classiquement utilisés par les psychiatres. C’est une affection grave aboutissant souvent au suicide, à la prostitution ou à une déchéance sociale. Pour améliorer l’état psychique de ces patients, la médecine n’a pour l’instant qu’une solution peu satisfaisante à leur proposer : des traitements hormonaux et chirurgicaux donnant aux patients l’aspect extérieur approximatif du sexe opposé, suivis d’un changement administratif d’état civil.
Rappelons que le DSM IV, (diagnostic and statistical manual-révision IV ) (3)(4) est le principal outil de classification des maladies psychiatriques en usage actuellement, et représente le résultat actuel d’efforts poursuivis depuis une trentaine d’années aux USA pour donner des critères diagnostiques précis au maladies mentales. Cet outil de classification a été établi par les psychiatres américains, mais est internationalement utilisé, bien que faisant l’objet de nombreuses controverses. Il a été établi selon le consensus des psychiatres américain et se veut purement descriptif et athéorique. L’établissement de critères de classification des maladies, ou nosologie, est d’une importance capitale en médecine, puisqu’elle est un élément essentiel du diagnostic des maladies et pour juger de l’efficacité des traitements. A noter que la CIM 10 ( classification internationale des maladies établie par l’OMS ) range également le transsexualisme dans les troubles mentaux (5)
Donc , le Journal Officiel , en publiant ce décret gouvernemental, déclare la chose suivante, en clair : " le transsexualisme ne fait plus partie des maladies mentales " ( le terme " affections psychiatriques de longue durée " , en jargon médico-administratif, est superposable à ce que ce que le commun des mortels appelle " maladies mentales " )
Autrement dit, le gouvernement français se déclare plus compétent, pour déterminer quels sont les troubles mentaux, que l’OMS et l’association psychiatrique américaine réunies, lesquelles n’ont pas du tout l’intention de retirer le transsexualisme de la liste des maladies mentales, dans la prochaine révision de la classification en cours d’élaboration !
Comment est on arrivé à cette prise de position du gouvernement français ?
En 1973, l’association américaine de psychiatrie retire à juste titre l’homosexualité de la liste des maladies mentales, suivie par l’OMS en 1990 (6). En effet , le fait d’avoir des goûts inhabituels ou bizarres, mais non nuisibles à autrui, dans quelque domaine que ce soit , ne saurait être qualifié de maladie mentale, sinon, l’on se mettrait à soigner les gens qui aiment les choux de Bruxelles ou les expositions de Boltanski, et aussi, à une autre époque, ceux qui n’aimaient pas le système soviétique !
Les associations transsexuelles, voyant que l’homosexualité avait été retirée de la liste des maladies mentales, se sont posées la question : " pourquoi pas nous ? " . En effet, être considéré comme un malade mental , pour eux , est considéré comme de la " stigmatisation " ce qui est le crime le plus absolu dans un monde régi par l’idéologie politiquement correcte.
Le 16 mai 2009, Le Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot reprend les arguments des " associations " et saisit la Haute Autorité de Santé (7), afin que soit publié un décret visant à déclassifier la transsexualité des affections psychiatriques de longue durée. “Les personnes qui souffrent de trouble précoce de l’identité de genre, les transsexuels ou transgenres, peuvent bénéficier de l’exonération du ticket modérateur pour les soins et traitements au titre de l’affection longue durée n°23 (ALD 23) “affections psychiatriques de longue durée”, rappelle à cette époque le ministère, soulignant également que cette admission peut être considérée comme “stigmatisante " puisqu’elle peut " introduire une confusion entre le trouble de l’identité du genre et l’affection psychiatrique”.
Le décret publié ces jours-ci entérine donc les désirs ministériels. Pour le Ministère de la Santé, il s’agit " d’un signal fort envoyé à l’ensemble de la communauté " , message qui est reçu 5 sur 5, puisque Joël Bedos , de l’association IDAHO a déclaré que "La France est le premier pays au monde à ne plus considérer le transsexualisme comme pathologie mentale " (8)...
Pour pouvoir continuer à être remboursé à 100% par la sécurité sociale, le transsexualisme serait classé dans les " affections de longue durée hors liste" ou dans les " maladies orphelines "
Que penser de ce décret ?
1°) Le gouvernement français vient donc de réactiver la détestable tradition de la " science officielle " que l’on croyait enterrée depuis l’affaire Lyssenko (9) .
Une lecture attentive de la Constitution de la Cinquième République m’a permis de constater qu’il n’entrait nullement dans les attributions du gouvernement ni du parlement de déterminer par décret ou par loi quelles sont les vérités scientifiques du moment, ni de décréter ce qui est, ou n’est pas, une maladie mentale ! Que le gouvernement laisse donc les médecins et psychiatres décider, sur la base du raisonnement scientifique, ce que sont les maladies, et ne s’en mêle pas, ce n’est pas son travail. Imaginons le tollé si le gouvernement décidait un jour, pour éviter des dépenses, que " la grippe n’est pas une maladie " ! Eh bien , c’est à peu près la même chose.
2°) Il faudrait quand même savoir : soit une maladie est physique, soit elle est mentale ( souvent les deux sont intriqués ). Dans le cas du transsexualisme, il n’existe aucune anomalie des organes génitaux avant les "traitements " hormonaux et chirurgicaux ( d’ailleurs , nombre de transsexuels ont des enfants avant d’être opérés ). Sauf à être de très mauvaise foi, il ne s’agit donc pas d’une maladie physique, mais d’une maladie mentale ( conviction inébranlable d’être d’un sexe qui n’est pas le sien et tentatives de ressembler, par tous les moyens, à un individu du sexe auquel on est à tort persuadé d’appartenir ).
Si le gouvernement était logique dans sa démarche " intellectuelle " , le transsexualisme n’ayant jamais été une maladie physique et n’étant plus, selon lui, une maladie mentale, il devrait par conséquent décréter que ce n’est plus une maladie du tout !!!
Il n’ y aurait donc plus lieu, si l’on suit le raisonnement gouvernemental, de faire rembourser par l’assurance-maladie un très coûteux et dangereux " traitement " de ce qui, par décret au journal officiel, n’est plus une maladie mentale, et qui n’est objectivement pas une maladie physique !
3°) Une autre conséquence néfaste de ce décret est la suivante : les patients, avant de subir leurs " traitements " hormonaux et chirurgicaux, doivent être suivis pendant une longue période par des psychiatres afin de vérifier qu’ils ne souffrent pas en fait de syndromes délirants ou de fétichisme, par exemple, ce qui peut être une source d’erreurs de diagnostic et donc de traitement inapproprié. Au vu de ce décret affirmant que ce n’est pas une maladie mentale, comment les médecins feront-ils pour imposer à leurs patients un suivi psychiatrique, préalable indispensable à toute décision thérapeutique ? Enfin, ce décret ôte toute légitimité aux psychiatres qui souhaiteraient trouver un traitement, médicamenteux ou autre, plus adapté à cette maladie, et qui ferait, par exemple, disparaître la conviction inébranlable d’appartenir au sexe opposé. Nul ne sait si un tel traitement sera un jour trouvé, encore faut-il laisser aux psychiatres l’opportunité légale de le chercher.
4°) Il faut noter l’emploi abusif par le Ministère du terme " communauté " . La France est une République constituée de citoyens libres et égaux en droit , et non pas de " communautés ". Il faut noter le pouvoir de lobbying tout à fait excessif qui est donné aux associations représentant lesdites " communautés " . Le " droit à la différence " ne saurait être considéré comme une différence des droits, or chaque communauté revendique divers privilèges et accommodements, dont la probabilité d’obtention est fonction de son poids électoral ...
Pour conclure, en rédigeant cet article, j’ai découvert qu’il existait un " Prix Lyssenko " (10), qui est en fait un anti-prix, décerné " à un auteur ou une personnalité qui, par ses écrits ou par ses actes , a apporté une contribution exemplaire à la désinformation en matière scientifique ou historique, avec des méthodes et arguments idéologiques " . A n’en pas douter, Roselyne Bachelot, par cette décision, est fort bien placée pour remporter l’édition 2010 de ce prix, s’il est décerné !
(2)http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_l%27identité_sexuelle
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/DSM-IV
(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_diagnostic_et_statistique_des_troubles_mentaux
(5)http://fr.wikipedia.org/wiki/CIM-10_Chapitre_05_:_Troubles_mentaux_et_du_comportement
(6)http://fr.wikipedia.org/wiki/Homosexualité#Le_regard_de_la_psychanalyse_et_de_la_psychiatrie
(9)http://fr.wikipedia.org/wiki/Trofim_Denissovitch_Lyssenko