jeudi 29 juin 2017 - par VICTOR Ayoli

Les nucléocrates ont gagné : l’EPR autorisé malgré une cuve non conforme… DANGER !

Dans la cuve d’un réacteur nucléaire, la pression est énorme. Mais probablement encore inférieure aux pressions que doivent recevoir actuellement et depuis de longs mois les cinq commissaires de l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) et particulièrement son patron Pierre-Franck Chevet. Et plus encore avec un Premier ministre ancien lobbyiste d’Areva…

C’est en effet sur ces hauts fonctionnaires que pèse la très, très lourde responsabilité de valider ou non les pièces essentielles que sont le fond et le couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville.

Le fond semble pouvoir passer l’exam, en étant aussi généreux que les examinateurs du bac, mais il n’en est pas de même du couvercle de la cuve qui, en l’état actuel des choses n’offre pas la sûreté de fonctionnement nécessaire dans le temps et devrait être très régulièrement vérifié et même changé. C’est une pièce complexe pourvue de nombreux orifices à travers lesquels passent les tuyauteries assurant le fonctionnement du réacteur.

Quel est, en clair, le problème ? La cuve est le récipient dans lequel se passe la réaction nucléaire. C’est une pièce cylindrique de 11 mètres de hauteur, de 7 mètres de diamètre, avec un fond et un couvercle (calotte) soudés. Elle ne doit en aucun cas se rompre sous peine de catastrophe genre Tchernobyl ou Fukushima. L’acier qui la compose se doit donc de répondre à des critères métallurgiques précis.

Le forgeage de la calotte a été achevé en octobre 2006 à l’usine Areva du Creusot, le fond en décembre 2007. Mais des tests menés par Areva ont révélé, fin 2014, que l’acier n’était pas suffisamment homogène et que les pièces présentaient à certains endroits de fortes concentrations de carbone. « Pour les fabriquer, Areva a recouru à une technique de forgeage récente qui utilise un lingot d’acier de carbone très lourd, jusqu’à 160 tonnes, expliquait à Reporterre Thierry Charles, directeur général adjoint de l’IRSN chargé de la sûreté nucléaire, en novembre dernier. Or, un lingot en train de refroidir ressemble à un fondant au chocolat : le cœur reste coulant plus longtemps que l’extérieur. Et le carbone migre préférentiellement dans la phase liquide. » (lien)

Ce phénomène a modifié les propriétés mécaniques de l’acier. En conséquence, les pièces ont échoué aux tests de résilience, qui mesurent la capacité de l’acier à encaisser un choc sans se rompre en cas de choc de température chaud ou froid : la calotte de l’EPR a obtenu un résultat moyen de 52 joules et minimal de 36 joules, au lieu des 60 joules minimum imposés par la réglementation. Pire, ces valeurs sont « très largement inférieures à ce qu’on aurait pu espérer du matériau s’il avait été conforme […] pour une résilience attendue de 220 joules », indique dans une note le physicien nucléaire Gérard Gary, directeur de recherche émérite ex-CNRS rattaché au laboratoire de mécanique des solides de l’École polytechnique.

Le choix qui se présente aux commissaires de l’ASN est dans le genre terrible !

A – Ils cèdent aux pressions des nucléocrates et valident la cuve de l’EPR. Et s’il y a un accident ? Je ne voudrais pas être dans la tête de ces gens… Parce que - eux - savent les conséquences d’un Tchernobyl ou d’un Fukushima sur Manche. Évacuation de centaine de milliers de personnes, stérilisation pour des millénaires de vastes étendues agricoles, arrêt total de toute activité industrielle, saccage évident du tourisme, etc. Une catastrophe humaine et écologique dont la région et même la France ne se relèveraient pas.

Il peut aussi ne rien se passer moyennant une surveillance permanente… sauf impondérables.

B – Ils refusent de céder à toutes pressions et refusent donc la cuve en l’état. Et c’est la fin de l’EPR à Flamanville, l’annulation du contrat de deux EPR avec les Anglais, des dédommagements gigantesques avec les Finlandais et avec les Chinois, etc. C’est la ruine de la filière nucléaire française. Une catastrophe industrielle et financière.

Que croyez-vous qu’il va se passer ? Que va-t-on éviter, le risque de catastrophe humaine et écologique ou la certitude d’une catastrophe industrielle et financière ? La réponse est dans la question.

Les industriels ont déjà englouti 10,5 milliards dans cette réalisation d’un autre âge. Plutôt que d’interrompre le projet le temps de réaliser tous les tests et de s’assurer de la bonne tenue des pièces défectueuses, EDF et Areva se sont dépêchés de poursuivre les travaux, mettant ainsi l’ASN devant le fait accompli.

Aux dernières nouvelles les « experts » ont ménagé la chèvre et le chou et trouvé une cote mal taillée avec un régime d’exception : autorisation de mise en route de l’EPR mais avec contrôles renforcés, à la charge d’EDF et d’Areva et obligation de changer le couvercle de la cuve d’ici 2 024. Autrement dit, c’est l’aveu que cette pièce n’est pas conforme, donc que l’EPR est dangereux. Une commande pour un autre couvercle aurait déjà été passée… au Japon. Ben voyons. Et bonjour le boulot pour dessouder et remplacer une telle pièce en milieu qui sera alors hautement radioactif. De la konnerie à l'état pur. Ou de l'enfumage car ce couvercle douteux ne sera vraisemblablement jamais changé.

En d’autres temps, une décision politique courageuse a été prise par les politiques, celle d’arrêter Super Phénix, un monstre hyper-dangereux. Soit dit en passant, la déconstruction du monstre dure depuis 25 ans est n'est pas prête d'arriver au bout. Avec des masses de déchets hautement radioactifs pour des milliers d'années et stockés dans une simple piscine…

Mais à l’heure actuelle, depuis la loi « TSN » de 2006, le pouvoir politique n’a plus la possibilité de fermer des réacteurs pour des raisons autres que sécuritaires. La fermeture d’une centrale dépend exclusivement de la décision de l’exploitant et de l’ASN. Bonjour la démocratie…

La France fait dès à présent figure de dinosaure ringard en Europe avec son industrie du passé ! Nous gaspillons des montagnes de pognon à maintenir en place un parc de centrales nucléaires dépassées, vieilles, devenues très dangereuses comme l’a révélé Fukushima. Nous construisons à coups de milliards toujours plus nombreux un EPR ringard puisque n’étant que le prolongement technologique même pas amélioré des centrales existantes. Tout le pognon que notre pays jette dans le gouffre du nucléaire ne serait-il pas plus utile en matière d’éoliennes, de photovoltaïque, de géothermie, d’économie d’énergie, de bâtiments à bilan énergétique neutre, etc. ! Toutes matières neuves, d’avenir, pourvoyeuses d’emplois et de devises à l’exportation. C’est le choix qu’ont fait les Allemands depuis des années. Et nous nous essoufflerons à leur courir après dans l’avenir à cause de la lâcheté de gouvernants inféodés au lobby des nucléocrates…

Quant à nos techniciens nucléaires, ils ne seraient pas pour autant au chômage : leur expertise, leurs compétences seront nécessaires pour déconstruire dans le monde toutes ces centrales obsolètes.

Eh ! Hulot, ça se digère bien les couleuvres ?

 

Photo X - Droits réservés



116 réactions


    • JC_Lavau JC_Lavau 2 juillet 2017 20:13

      @Pyrathome. «  torturer, empaler, pendre, guillotiner, lapider, fusiller, découper  ». Typique d’un suiveur de secte, qui n’a plus rien d’autre dans sa vie que sa guerre de religion.


    • Trelawney 2 juillet 2017 20:29

      @Layly Victor
      Ce désastre nucléaire majeur que vous et vos semblables souhaitez tant n’arrivera pas.

      A quel niveau de probabilité vous référez vous ?

    • Pyrathome Pyrathome 2 juillet 2017 21:25

      @Layly Victor


      Ce désastre nucléaire majeur que vous et vos semblables souhaitez tant n’arrivera pas.
      Vous connaissant, je sais que vous et vos semblables, en désespoir de cause, finirez par tenter un sabotage,
      ,
      N’arrivera pas, comme Fukushima ? disaient-ils....
      Cultivez l’humilité, monsieur Victor...
      Je ne souhaite sûrement pas ça, et je ne fais partie d’aucune association antinucléaire, il n’y a pas besoin d’être encarté à quoi que ce soit pour avoir le droit de réfléchir et de penser que l’industrie nucléaire est une épée de Damoclès au dessus de nos têtes, preuve en est de tous ces désastres déjà produits avec impossibilité d’y remédier de manière efficace....

      Toute personne sensée ne peut qu’aboutir qu’à une seule conclusion, l’énergie nucléaire est d’un coût pharaonique lié à des risques considérables et incalculables, donc totalement inique, voilà la vérité vraie, il n’y en pas d’autres, quoique vous disiez...

    • pemile pemile 2 juillet 2017 22:09

      @Trelawney « A quel niveau de probabilité vous référez vous ? »

      Surement celui défini à l’époque de leur conception, très très faible, l’histoire du nucléaire français en démontre le sérieux.

      Mais l’époque a changé, le modèle économique de la sous traitance sur les chantiers et la maintenance s’est aussi imposé, la pression économique a aussi poussé à prolonger leur durée de vie et l’on se retrouve avec des sites en exploitation dont les documents techniques sont perdus !

      Il a aussi l’exemple récent des groupes électrogènes de secours plus que fatigués et dont on vient de se rendre compte du sous dimensionnement des ancrages qui ne résisteraient pas aux risques sismiques (incident de niveau 2 pour les réacteurs de Belleville, Cattenom, Flamanville, Golfech, Nogent, Paluel, Penly et Saint-Alban)


  • sweach 3 juillet 2017 17:56

    *l’EPR autorisé malgré une cuve non conforme*

    pfff le « non conforme » est vraiment à prendre avec des pincettes.

    L’EPR est un triste exemple de changement constant en cour de route, par exemple Bouygue a due reconstruire à huit reprise le DOME et ils ont toujours respecté les normes, problèmes les normes change constamment donc on détruit et on refait.

    Si comme le Dome chaque pièce à due être refaire à plusieurs reprise, pas étonnant que le coût explose.

    Les générateurs de troisième génération sont des échecs à force de retarder le plan initial de la production d’énergie Française, il faudrait se lancer dès maintenant dans les générateurs de quatrième génération ASTRID est l’avenir et nous donnerait une autonomie totale avec les déchets nucléaire que nous possédons déjà.

    • pemile pemile 3 juillet 2017 18:01

      @sweach "par exemple Bouygue a due reconstruire à huit reprise le DOME et ils ont toujours respecté les normes, problèmes les normes change constamment donc on détruit et on refait"

      Vous allez donc nous détailler ces normes ?


    • pemile pemile 3 juillet 2017 20:10

      @sarcastelle « ça c’est rigolo ; quand je vous demande la même chose je me fais enguirlander. »

      Faux ! C’est quand JE demande à Victor Layly de justifier ses mensonges sur les normes que VOUS venez me titiller pour tenter de noyer le poisson ! smiley


    • pemile pemile 3 juillet 2017 23:10

      @sarcastelle « Lisez donc le Que sais-je ? n° 2797 »

      J’y trouverai l’explication du pourquoi "Bouygue a due reconstruire à huit reprise le DOME et ils ont toujours respecté les normes, problèmes les normes change constamment donc on détruit et on refait." ? smiley


    • pemile pemile 4 juillet 2017 09:46

      @sarcastelle

      Non, c’est plutôt la qualité du nucléaire français qui dégringole et vous qui en arrivez à remettre en cause les normes de sécurité (finasseries administratives) qui faisant l’excellence française smiley

      Vous avez de plus ci dessus, l’exemple de deux beaux mensonges (Layly et Sweach) et vous ne faites que diversion. C’est bien plus VOS positions obtuses et caricaturales, vos façons de traiter d’abruti toute personne se posant des questions sur l’avenir du nucléaire français qui desservent votre cause smiley


    • Trelawney 4 juillet 2017 10:01

      @sweach

      Bouygue a due reconstruire à huit reprise le DOME et ils ont toujours respecté les normes, problèmes les normes change constamment donc on détruit et on refait.
      Normalement lorsqu’on construit ce genre de structure (EPR, Nucléaire etc), on se doit de former son personnel et de justifier cette formation par un contrôle continu des compétences du dit personnel. C’est le b a ba de l’assurance qualité. Comment se fait-il alors que cette société (Bouygues) a fait venir sur ce chantier 700 ouvriers illégaux (en provenance de Roumanie, de Turquie et de Pologne) et que ces ouvriers n’étant pas déclarés (10 millions d’euro à l’URSSAF) n’ont pas non plus de qualification pour construire cette structure ?
      Ne venez surtout pas rejeter une faute qui est uniquement due à l’incompétence technique, sur « les normes qui changent » 

    • sweach 4 juillet 2017 13:14

      @Trelawney
      On mélange plein de truc.


      Je n’ai jamais dit que Bouygues était une entreprise exemplaire, je dis juste que quand on leur change constamment le cahier des charges, il ne faut pas s’étonner que le prix explose.

      Pour réponde à Pémible qui n’a rien compris comme d’ab, je remet en question l’information des journalistes qui affirment que des industriels n’auraient pas respecté des normes, alors que celle-ci change constamment pour le projet EPR, pour avoir les détails il faut être spécialiste, moi je sais juste que ça a changé huit fois pour le Dome de Bouygue car mon frère y travail, mais aucune information sur les détails précis mais en fait on s’en tape, car mon information c’est sur le « changement » pas sur le « qu’est ce qui a changé »

      C’est comme si je te demande de construire une maison ronde et une fois construite, je dis que finalement elle doit être carré et tu as des journalistes qui disent « ils ont construit une maison ronde au lieu de carré ».

      Après le cas particulier des cuves est peut être différent.

    • pemile pemile 4 juillet 2017 17:10

      @sweach « Pour réponde à Pémible qui n’a rien compris comme d’ab »

      J’ai compris que vous avez sorti un bobard à propos de changements répétés de normes concernant le « Dome de Bouygue » et expliquant les retards et les surcouts smiley

      Ce n’est pas un bobard ? Sourcez donc l’info !

      Ce chantier, en plus de la mort accidentelle de deux ouvriers (janvier et juin 2011) n’a été qu’une suite de malfaçons !


  • sweach 5 juillet 2017 11:43
    *J’ai compris que vous avez sorti un bobard à propos de changements répétés de normes concernant le « Dome de Bouygue » et expliquant les retards et les surcouts
    Ce n’est pas un bobard ? Sourcez donc l’info !*

    Sourcés l’info, ...
    Je ne suis pas un journaliste, contrairement à vous je donne des informations dans mes commentaires, je ne me contente pas de critiquer ou de croire que l’opinion des autres est inventé. Ma source est juste la parole d’une personne qui travail chez Bouygue, mais cela n’a aucune valeur à vos yeux, donc prenez juste mon information comme une hypothèse.

    Vous avez entièrement raison de douter, c’est même encouragé sur Agoravox, par contre si vous affirmez que c’est un « bobard » vous êtes obligé de le sourcez à votre tour ^^, sinon c’est juste de la calomnie totalement inutile dans un débats d’idées.

    *Ce chantier... n’a été qu’une suite de malfaçons !*
    Selon mon opinion non sourcé ^^, je pense plutôt que ce chantier est expérimental et qu’ils ajustent au fur et à mesure.

    • pemile pemile 6 juillet 2017 09:55

      @sweach « donc prenez juste mon information comme une hypothèse. »

      Vous avez de drole de façon d’exprimer vos hypothèses ! smiley

      "Bouygue a due reconstruire à huit reprise le DOME et ils ont toujours respecté les normes, problèmes les normes change constamment donc on détruit et on refait."


    • sweach 10 juillet 2017 10:06

      @pemile
      Oui je le redit une hypothèse pour « vous », car vous voulez des preuves que je n’ai pas, mais pour moi cette phrase est un arguments ^^


      Mais regardez encore une fois comme vous critiquez sans strictement rien apporter, ce n’est pas ce que j’appel un débat d’idées.

    • pemile pemile 10 juillet 2017 10:12

      @sweach « mais pour moi cette phrase est un arguments »

      C’est un bobard et le dénoncer est une critique constructive, point.


Réagir