lundi 29 mai 2017 - par rosemar

Ma nuit des Musées : le Carré d’art à Nîmes...

Le samedi 20 mai 2017, était organisée la 13 ème édition de la nuit européenne des Musées, l'occasion de voir des expositions présentées au Carré d'Art de Nîmes...
 
Une exposition d'art moderne, c'est toujours un peu une découverte entre étonnement, perplexité, scepticisme, curiosité, amusement, doute...
 
La première exposition intitulée Du verbe à la communication faisait appel à un art du questionnement, de la réflexion : des artistes attachés aux mots, à la phrase, au verbe présentent des oeuvres qui n'ont pas pour but de plaire visuellement mais plutôt d'interroger l'art, d'y découvrir des dimensions politiques et sociales.
 
C'est ce que l'on appelle de l'art conceptuel : l'art est défini non par les propriétés esthétiques des objets ou des œuvres, mais seulement par le concept ou l'idée de l'art.
 
On découvrait d'abord une toile du 19ème siècle : une Annonciation dévernie et allégée d'une partie de sa couche picturale par Fabrice Samyn.
Le dévernissage serait une invitation à aller au delà du vernis superficiel du tableau : le personnage principal n'est pas la Vierge Marie, c'est Saint Jean et ce qui est encore plus important, c'est le message qu'il écrit : "Et factum verbum est caro, Et le verbe s'est fait chair."
Il s'agit donc de représenter l'incarnation du verbe.
A côté, une photographie de Joseph Kosuth : un extrait de dictionnaire, un négatif agrandi, la définition du mot "abstract", une façon de représenter ce qui est irreprésentable : l'abstrait est, ainsi, concrétisé par cette définition du mot. L'artiste rend visible ce qui ne l'est pas.
 
Cet art conceptuel, on le voit, doit être expliqué pour être bien compris.
Un art intellectuel, assez hermétique... un art qui exige d'être décrypté, décortiqué.


Certaines oeuvres restent malgré tout assez obscures et lointaines.
 
Une autre exposition intitulée A différent way to move était également visible : elle permettait d'approcher les formes du minimalisme, à travers la musique, la danse, le texte, le film, des performances.
 
J'avoue que certaines "oeuvres" exposées m'ont laissée perplexe : des morceaux de plomb dispersés sur le parquet, un accrochage de tissu inquiétant sur un mur, oeuvre de Robert Morris, des tapisseries, deux boîtes en contreplaqués posées à même le sol... c'est là le summum de l'art moderne : peut-on appeler cela de l''art ?
Je m'interroge...
 
En revanche, j'ai pu apprécier des oeuves plus classiques : deux mosaïques avec de superbes dégradés de couleurs, d'autres tableaux dans un style naïf aux teintes vives de Etel Adnan, ou encore une oeuvre de Sylvain Fraysse, un fusain qui fait apparaître un personnage féminin au bord de l'eau : on a l'impression de sentir le vent, le mouvement léger des vagues et d'entrer dans le paysage...
 
Des films étaient également présentés : lavage de mains au savon d'Alep, mouvements de danse, gestes d'une main qui s'agite.

Le film intitulé Le savon d'Alep de Jaime Pitarch a requis la participation de plus de 400 personnes de différentes origines sociales filmées, durant 5 heures, dans le studio de l’artiste.
On retrouve le geste universel de se laver les mains, la même action se répétant jusqu’à la disparition du savon. La présence du savon lui-même serait une métaphore de la cité d’Alep, de son histoire et de la tragédie actuelle. On y trouve ensuite l’idée que les pays occidentaux n’agissent pas pour différentes raisons liées à des stratégies géopolitiques.
 
Une performance était, aussi, mise en scène : des cordes avec des noeuds posées sur une planche inclinée étaient l'occasion pour deux jeunes femmes de se livrer à des mouvements chorégraphiques : j'avoue n'avoir pas bien perçu la signification de cette performance.
 
En tout cas, le mérite de cette exposition est, sans doute, d'amener le spectateur à se poser des questions, à faire des recherches, à s'intéresser à de nouvelles formes artistiques.


 
Mais je me dis que cet art moderne est souvent trop élitiste : il n'est pas directement accessible à la sensibilité, il exige des explications compliquées, et il ressemble parfois à une forme d'escroquerie...
 
"Comment l’art contemporain s’y prend-il pour être simultanément élitiste et populaire, ou incompréhensible et accessible ? D’abord parce que étant d’une qualité variable, il a besoin, pour prospérer, de recourir au sentiment que ce qui est inaccessible est génial. Comment vendrait-on des chiens en bulle, des baignoires amputées, des pastèques sur piédestal et d’autres produits dont le minimalisme recouvre la vacuité, sans parier sur le snobisme d’un spectateur qui, flatté d’en pressentir le sens caché, excommunie les sceptiques comme un troupeau de grincheux réactionnaires ?", écrivent Raphaël Enthoven et Adèle Van Reeth.
 
L'art moderne symbole de snobisme ? C'est là une caractéristique de notre monde voué souvent, hélas, à ce qui est artificiel et finalement très superficiel.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/05/ma-nuit-des-musees-le-carre-d-art-a-nimes.html

 
 
 Vidéo : Le savon d'Alep

 

Photos et vidéo : rosemar
 



18 réactions


  • In Bruges In Bruges 29 mai 2017 17:49

    Tiens le retour scriptural de Rosemary Baby, alias Rosemarre cong...
    C’est que 3 heures sans billet de vous, on s’inquiétait... On était à deux doigts d’appeler la police....


  • Bernie 2 Bernie 2 29 mai 2017 18:48

    Moi samedi, j’ai mangé des moules et repris 2 fois du dessert.


    • rosemar rosemar 29 mai 2017 20:29

      @Bernie 2

      De quoi faire un « ready-made »....

    • Bernie 2 Bernie 2 29 mai 2017 21:29

      @rosemar

      Comme vous dites ! Une des moules ne devait pas être fraiche, j’ai tout vomi sur le parquet. J’aurais du en faire une photo, elle n’aurait pas dépareillé avec votre florilège.

      Voilà mon avis de l’art moderne. Vous semblez vous même vous être fortement ennuyée, peut être auriez vous du aller à la féria, c’était peut etre plus marrant.


    • rosemar rosemar 29 mai 2017 21:51

      @Bernie 2

      Un art décadent, disent certains...



      Mais certaines oeuvres sont intéressantes : il faut faire le tri...

    • Bernie 2 Bernie 2 29 mai 2017 23:40

      @rosemar

      Il faut faire le tri ? Non, j’ai tout nettoyé en vrac, histoire de faire place nette. Franchement, trouver un pseudo penseur sur la tribune... Tout est dit.

      Le seul art que je trouve, c’est ses sourcils à la Dali. Mais lire un article avec les courbes du CAC 40 sur le coté, c’est parlant. Du dégénéré qui cote, du fric à se faire avec du vent. Une nécrose galopante. Envahit d’anglicismes, Comment dites vous ? Ready made ?Abstract ? The medium is the message.

      NEXT !


  • Agafia Agafia 30 mai 2017 03:24

    Aahh ! Nîmes !!! Comme j’aime cette ville !!!


    Tous les ans, j’ai rendez-vous avec Elle pour fêter Camerone à la caserne du 2e REI... alors j’en profite pour aller déambuler et rêver dans les ruelles, et surtout prendre des photos.

    Le seul problème comme toutes les villes du Sud (et malheureusement le problème contamine le reste du territoire même à l’Est pourtant réputé) c’est la saleté... Incroyable comme cette ville est sale.
    Pour faire des photos, il faut se lever avant l’aube et profiter du court laps de temps entre le passage des gars du service propreté, et le lever des nîmois.Les poubelles sont débarrassées et les rues arrosées. Après c’est trop tard, les sacs poubelles commencent à joncher le pavé, et j’en ai vu carrément balancées par la fenêtre depuis le 1er ou 2e étage,en plein centre !!!

    Mais avec un peu de chance, il y a des photos magnifiques à faire, surtout avec le soleil à peine levé.

    Et en tant que touriste, j’adore les nîmois. Toujours prêts à bavarder, souriants, sympas.
    J’avoue que ça me change des hauts-savoyards, certes sympathiques quand on les connait, mais plus froids de prime abord. Surtout les commerçants de ma ville, qui sont, dans l’ensemble, quasiment désagréables...

    Sinon au sujet de l’art comptant-pour-rien (qui n’a rien à voir avec l’Art Moderne d’ailleurs), je n’aurais qu’un mot : BOF ! ^^

    • Agafia Agafia 30 mai 2017 03:29

      Et je conseille, bien entendu,les musées surtout le celui d’Histoire Naturelle et Préhistoire, gratuit et possédant de très belles collections.


      Mais je dirais que la Ville elle-même est un musée à ciel ouvert, tant elle est riche d’Histoire... Toutes ses pierres témoignent de extraordinaire passé. smiley


    • baldis30 30 mai 2017 12:36

      @Agafia
      bonjour ...

      OUI !


  • foufouille foufouille 30 mai 2017 08:02

    certaines « oeuvres » dignes d’un enfant de cinq ans maxi, sont certainement celles des copains de la france qui pue d’en haut.
    elles seront ensuite acheté par l’état pour 5000€ minimum.
    vu dans un vieux documentaire, c’était le prix qu’avait payé la pétasse du machin pour une toile juste peinte en orange.


  • egos 30 mai 2017 22:29

    Le choix de la première illustration témoigne de la présence d’un carré, très réduit, d’artistes sachant marier les formes académiques établies et une certaine modernité (entendue comme un rapport à la connaissance)


    Un choix remarquable tout autant que le talent de l’artiste, et des qqs autres, s’adonnant au dessin au fusain.

    Une composition alliant les proportions, le mouvement capté, en suspens tenu par le seul regard , la sculpture des corps, décors et sentiments, une puissance d’évocation latente, l’assurance et la précision du trait, le jeu des ombres et de la lumière, celui du sujet, du champ et de la perpective, une retenue minimaliste situant l’œuvre aux limites de l’art photographe (à ce sujet ne pas oublier Les rencontres d’Arles).

    Un article (bienvenu sur ce sujet précis) qui appelle deux commentaires :

    - le talent est un don (inné vs acquis, injuste mais c’est ainsi) qui se cultive par un apprentissage et un discipline exigeants

    - la notion d’art se trouve dans une situation de dévoiement total pour ce qui concerne 2 domaines arts graphiques & plastiques (à qqs exceptions près)

    l’alibi à cette situation repose sur deux éléments -constats- une approche conceptuelle erronée et permissive (tout fait art, l’œuvre réside dans l’imaginaire du spectateur) et ses aspects économiques (thésaurisation, spéculation, fiscalité)

    Ces 2 domaines artistiques (peinture, sculpture) ayant atteint leurs limites, toutes les formes étant explorées ou presque, le renouveau naitra probablement, souhaitons le, de l’explorations des techniques numériques.

    Notons que si la littérature, les arts musicaux, l’architecture , le cinéma avaient suivi la même voie (malgré quelques tentatives avortées, et celles qui ne sont pas dépourvues d’intérêt) ),
    ces disciplines auraient d’ores et déjà disparues.

    Divers coms expriment une défiance ou un rejet de la production artistique, 
    somme toute cela peut se comprendre, 

    cependant nos compatriotes apprécient le décorum architectural qui les entoure, qu’il réponde à des canons classiques ou à des concepts novateurs,

    l’art se loge dans tous les domaines de la vie courante, habitat, accessoires variés, design industriel , ambiance sonore, mode, ameublement, équipements de transport etc.

    Nos compatriotes exècrent ces lieux dépourvus d’attraits, banlieues, quartiers, zones, les ambiances et contextes , les objets sans relief.
    (cf Le système des objets)

    La subjectivité ne s’argumente pas, cependant il serait erroné de croire que notre cadre et mode de vie serait complètement détaché de l’apport artistique accumulé au fil du temps et en constant développement, malgré ses errements .

    Un des effets de l’habitude et d’une forme de passivité de la curiosité. 

    Merci pour cette approche d’un domaine assez peu prisé dans on ensemble.




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