jeudi 12 janvier 2017 - par rosemar

Mal de pierres de Nicole Garcia : sensibilité, émotion, romanesque...

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Un film, porté par une actrice forte et sensible à la fois, des histoires d'amour passionnées et ardentes, le bonheur à portée de mains que l'on ne voit pas, la dureté de la vie marquée par des épreuves à traverser... on est ému par ce film de Nicole Garcia qui nous raconte une histoire de femme et d'hommes.
 
Marion Cotillard qui incarne le rôle de Gabrielle, l'héroïne du film, nous fait croire à son personnage d'amoureuse rêveuse, qui s'enflamme de passion pour des hommes inaccessibles.
 
On la suit dans sa vie amoureuse, avec tendresse : elle dégage une vérité, tout en incarnant un être romanesque qui veut vivre des passions absolues.
 
En toile de fond, la Provence, ses pins, ses cigales, ses paysages de collines, ses champs de lavande, et puis, bien sûr, la Méditerranée, ses calanques, ses côtes abruptes...
 
La réalisatrice, Nicole Garcia sait incontestablement filmer le sud et les acteurs qu'elle met en scène.
 
Gabrielle, mariée par sa mère à un ouvrier agricole, rêve à d'autres amours...
 
D'abord un professeur qu'elle ne parvient pas à séduire, car il est déjà marié : la sensualité, la violence de la passion s'emparent de l'héroïne qui devient un personnage tragique, accablée par la force de ses émotions et de ses sentiments.
 


Puis, alors que Gabrielle est en cure pour soigner son "mal de pierres", elle rencontre un lieutenant blessé lors de la guerre d'Indochine, un beau ténébreux, et, immanquablement, elle tombe sous son charme.
 
Elle tente de le séduire et encore une fois, cet homme se dérobe à son amour : il sait qu'elle est mariée.
 
Le jeune homme quitte l'établissement de cure, laissant la jeune femme à son désespoir.
Pourtant, on le voit réapparaître, et il finit par céder, lui aussi, à la passion amoureuse.
On est sous le charme de cette barcarolle de Tchaikovski, jouée au piano par André Sauvage, ce beau lieutenant qui fait rêver Gabrielle.
 
La suite du film nous réserve des surprises, un rebondissement final, plein de sensibilités.
Quant au message délivré par ce long métrage de Nicole Garcia, il nous concerne tous : ne cherche-t-on pas sans arrêt un bonheur inaccessible, alors qu'il est là tout proche, à portée de mains ?
 
On peut percevoir d'autres messages, encore : l'amour, le vrai est une acceptation de l'autre, de ses manques, de ses faiblesses.
 
L'humanité des êtres se cache, aussi, parfois sous des apparences frustes et banales.
 
Enfin, Gabrielle, l'héroïne est sans doute marquée par son éducation, le désamour de sa mère.

 
Nicole Garcia a réalisé, là, une oeuvre sensible, humaine, pleine de vérité et de romanesque...
 
Ce film a été adapté d'un roman italien, Mal di pietre de Milena Agus. 
 

 
 Vidéos : 

 

 

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/01/mal-de-pierres-de-nicole-garcia-sensibilite-emotion-romanesque.html

 



7 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 12 janvier 2017 14:52

    « Gabrielle, mariée par sa mère à un ouvrier agricole, rêve à d’autres amours...
     D’abord un professeur qu’elle ne parvient pas à séduire, car il est déjà marié... »


    Madame, je tiens à vous faire savoir la grande estime en laquelle je vous tiendrai désormais, après que vous eussiez tenu ces propos qui reflètent totalement mes propres convictions en les dotant d’une force que je vous envie.

    En effet, un tel amour est impossible, pour deux raisons :

    - un professeur n’est pas un de ces godelureaux bellâtres et superficiels qui se laissent aller au commerce des sens poussés par des instincts qui ramènent parfois l’homme à un rang inférieur à celui de la bête. Un professeur n’a pas d’« aventure » avec une midinette en quête de prince charmant (vous dîtes d’ailleurs que cette créature est elle-même mariée, ce qui en fait une aguicheuse dénuée de morale). La véritable recherche d’un professeur, dans l’amour, ne peut être que celle d’un absolu dont seuls les grand poètes ont su peindre grandeur et la beauté.

    - une homme marié (qu’il soit ou non professeur) ne peut évidemment pas répondre favorablement au chant d’une sirène alanguie, fût-elle aussi belle et désirable qu’une déesse, car un homme marié sait où est son devoir. Hélas, comme pour Gabrielle la littérature nous a montré qu’il n’en va pas toujours de même pour les femmes, et cette Emma Bovary est un objet de réprobation tel qu’on imagine aisément qu le roman de Flaubert n’est toléré que pour permettre de montrer aux jeunes filles où mène une vie de stupre et d’opprobre qui s’éloigne du merveilleux sentier tracé par la vertu.

    Pour ces deux raisons, cette rencontre ne pouvait en effet que connaître l’échec, et je vous tiens en haute estime pour avoir appuyé votre démonstration sur des valeurs qui vous sont tellement naturelles que vous ne les citez pas et dont vous vous contentez de décrire les effets : le respect et la fidélité.

  • Vipère Vipère 12 janvier 2017 19:54


    Chère Rosemar, 

    « Gabrielle, mariée par sa mère à un ouvrier agricole, rêve à d’autres amours...
     D’abord un professeur qu’elle ne parvient pas à séduire, car il est déjà marié... »

    Jeussey de source... qu’il faut lire au second degré, smiley ne connait évidemment rien de l’éternel féminin et de l’émotionnel qui caractérise une nature passionnée !

    La talentueuse réalisatrice, Nicole Garcia n’a pu traiter ce sujet qu’avec délicatesse, sans jugement sentencieux et ou vulgaire, un film donc à voir... 

    • rosemar rosemar 12 janvier 2017 20:35

      @Vipère

      On va conseiller à Monsieur Jeussey de source sûre (quel nom prétentieux !) de lire Madame Bovary : il comprendra mieux cet « émotionnel qui caractérise une nature passionnée »... !


      Bonne soirée, Vipère


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 13 janvier 2017 01:49

      @rosemar

      Si un jour j’ai besoin de vos conseils, je sais où vous trouver Mme Rosemar (tiens, ça rime avec « braquemard » ! Où ça va se nicher, quand même, l’inconscient !)



    • rosemar rosemar 13 janvier 2017 17:27

      @Jeussey de Sourcesûre

      Aucun rapport avec l’article... les insultes ne font que discréditer ceux qui les utilisent : qu’en pensez-vous ?

  • Vipère Vipère 12 janvier 2017 21:44


    « Racontée par la petite-fille de cette femme dont l’histoire commence pendant la deuxième guerre mondiale, l’histoire est d’abord trompeuse. On ne sait pas exactement pourquoi les hommes ne donnent jamais suite à leur première visite, pourquoi cette jeune personne ne se marie pas. Est-ce en raison du  »mal de pierres« , ces calculs rénaux qui la tordent de douleur ? On devine qu’il doit s’agir d’autre chose. Et puis on ur en sache rien. A cause, aussi, d’un style sobre et poétique, concentré, sans ornement, semblable aux murs de granit des maisons sardes. A cause enfin d’une narration en spirale, qui ne dévoile que progressivement et presque fortuitement le motif central du roman. Comme si le récit rechignait d’abord à dire la vérité sur la femme dont il est question, cette jeune Sarde aux cheveux sombres, semblables à un  »nuage noir et luisant«  quand elle ôte ses épingles. Une presque vieille fille, pas encore mariée à 30 ans, jolie pourtant mais dont tous les prétendants se détournent les uns après les autres.finit par comprendre, au détour d’une phrase, d’une remarque. La vérité surgit par petits morceaux, comme des cailloux lâchés sur un sentier. Elle est  »dérangée« , dit-on. Saisie de  »lubies« , d’un grain qui  »éloigne l’amour« . Toute la force du texte vient de cette façon singulière de présenter la folie comme un élément purement extérieur, au moins dans sa désignation. La narratrice le consigne, mais de manière informative et presque anecdotique.

    COULEURS SPECTRALES

    Bien sûr, cette femme a tenté de se tuer. Bien sûr, elle s’est mutilée - on le découvre petit à petit. Mais le plus important n’est pas là. Ce que la narration met en évidence, c’est le désir forcené d’une autre biographie, d’une existence où l’amour, la passion seraient au centre de tout.  »La chose principale« , commente la narratrice, qui a retrouvé le cahier de notes de sa grand-mère. Car la  »macca« , la folle, écrit. Au jour le jour, elle s’invente un autre destin, où l’amour serait roi. Une trajectoire parallèle, à l’écart de sa vie avec l’homme qu’elle a finalement épousé sans en être amoureuse. Habilement, la romancière donne les différentes versions de cette existence, celle qu’a rêvée, puis écrite son personnage et celle de l’extérieur, du monde concret. »



    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/livres/article/2007/01/11/milena-agus-le-desir-et-la-folie_854164_3260.html#GhgumyHcdw7z2zWz.99


    • rosemar rosemar 13 janvier 2017 17:25

      @Vipère

      Merci, Vipère, pour cette analyse du roman. L’adaptation faite par Nicole Garcia est assez libre, le thème de la folie est présent mais plutôt esquissé rapidement...
      Le film est différent et traite surtout le thème de la passion amoureuse, de ses illusions...

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