vendredi 27 novembre 2015 - par Charles-Pierre Halary

Paris grisaille

En allant crescendo depuis plus de trois ans, les meurtres prémédités, aux motifs politiques proclamés, augmentent de manière dramatique vendredi 13 novembre 2015 à Paris. Une grande salle de spectacle, préférée de Léo Ferré, le Bataclan ; plusieurs terrasses de restaurant des alentours, le plus grand stade de France ont concentré le feu mortel d’un réseau de grand banditisme commandité par des forces étatiques noires au discours wahhabite de circonstance.

Ces attentats frappent la vie quotidienne des jeunes parisiens qui animent la vie nocturne autour de la République sur sa place. Dans ce quartier déjà marqué par l’assassinat de la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, l’esprit du grand Duduche survivra à son créateur Cabu. Au contraire, des automates ambulatoires fabriqués en arrière-scène, les beaufs à la kalachnikov, disparaissent toujours, en éructant, à la barre des derniers moments.

Dans les combles de ce théâtre, Léo Ferré, monégasque céleste, entonne Thank you Satan. Eagles of Death Metal lui répond en écho : I love you all the time. Et leur chanson se termine ainsi : Ah dis-moi pourquoi. Des vacanciers russes sont morts dans le désert du Sinaï. Sans émoi à Paris. Au Nigeria et au Liban, les mêmes automates s’éclatent aux mêmes mécanismes. Aucun émoi à Paris.

Partout, c’est l’éternel combat entre la mort et la vie. Et c’est toujours chacun pour les siens. Et l'enfer de l'oubli pour les autres. 

Les Parisiens qui ont protégé les leurs au Bataclan l’ont fait à leur risque et péril. La plupart ne sont plus là. Les blessés vont mettre du temps à revenir parmi nous. Certains vont s’apercevoir, sur leur TV d’hôpital, que la lutte finale consiste à empêcher le monde de s’échauffer d’un degré centigrade. Autour des lieux terribles, les gens viennent se recueillir en créant des mausolées que la pluie vient recouvrir des pleurs de ceux qui ne sont là qu’en esprit. Paris grisaille.




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