Elle s’appelle Clémentine, Christine, Diam’s, Emmanuelle, Houria, Corinne voire Ségolène ou Rama… On a même trouvé tout récemment une ménagère de moins de 50 ans, accessoirement chanteuse, qui préfère les photos des magazines aux passages à la télé un peu trop risqués pour quelqu’un qui ne connaît pas plus son sujet que ses sujets, ou que son mari gestionnaire.
Tu es ma came, lui dit-elle !
Pas sortable, la chanteuse.
On les sort pourtant, elle et ses soeurs dont la liste est longue, inépuisable. On la trouve en politique, en arts de toute espèce, en littérature, toujours comédienne, toujours impeccablement maquillée. La pipolette des plateaux illuminés est jeune ou non, belle ou pas, grande gueule ou cul de poule, cruche ou amphore, mais toujours très à l’abri du besoin et toujours, toujours, toujours contre nous, le peuple.
Les Femmes il y a peu encore se la jouaient solidaires dés qu’on en voulait à leur féminitude, et toute critique de La Femme Branchée connaissait illico le tranchant des crocs de leurs meutes de garde. L’Homme reculait s’il ne fuyait pas, en laissant dans son sillage les minuscules gouttes de sang tombant de son coeur écorché, sur les traces desquelles il n’y avait plus qu’à se lancer.
C’était il y a…20 ans, 10 ans, 5 ans, l’année dernière.
Mais les choses évoluent.
Grattez la brunie walkyrie solidaire, vous retrouverez la brave petite chipie : celle qu’on connaît bien en famille, au bureau, au boulot, en amour ou en grève d’amour, qu’on soit née du même genre ou l’inverse. Voyez donc pointer sous cette victime, la Femme, voyez pointer l’infâme, la peste, la minnie, la vilaine, la poupée, la drôlesse !
La pé… comme disent sans autre forme de procès les gens du sexe fort entre eux, entre hommes quoi, quand celles du beau sexe ne sont pas là.
Mais nous limiterons ici notre intérêt non pas aux chipies en général (tâche immense et déjà entreprise ! Et après tout, les hommes ces grands lâches ripostent très méchamment) mais plutôt à celles qui mijotent au petit feu douillet des projecteurs en nous faisant inlassablement la leçon, à nous tous désormais les Français, hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, en gros tas unisexe, uniforme.
Les péronnelles.
Celles qui, folles de leur corps, folles de pouvoir, folles du glamour ou folles tout court, n’hésiteront pas à vous fouler aux pieds vous les coquines plus belles, plus brillantes ou plus douces, vous les Femmes, leurs pareilles en anatomie ! Pour vos Hommes c’est déjà fait. Contre eux ou tout contre. Avec les leurs, elles filent doux, et filent droit !
Car nos fâchonnes victimes ont changé de proie. Sus au François ! Lui, sa Fanchette et ses francinets.
La féministe d’antan, ayant broyé toute velléité de poigne chez vos hommes mesdames (contre elle) et ne trouvant personne à invectiver, s’est peu à peu recyclée en Moraliste Universelle contre les Peuples. Il ne s’agit plus de (prétendre) sauver des griffes du patriarcat des victimes pourvues d’ovaires dangereusement reproductifs de rouspéteurs potentiels, désormais dûment encadrées au bureau par le grand capital multitruc, mais de garder le contrôle de la pression psychologique sur le gros de la masse téléspectaculée.
Il faut faire de l’audimat ! Il faut vendre ! Il faut voter ! Et eux, les téléspectres égarés sinon ahuris, il se doivent de consommer et, à défaut, de travailler, tout en opinant du bonnet. Et surtout, pour le plus grand profit des patrons de la péronnelle, se mélanger, voire se dissoudre. Au masculin, au féminin ou au neutre.
Pour cela, il faut qu’ils ne se sentent pas trop bien, un peu mal dans leur peau, une peau encore trop cuir, la leur, qu’il s’agit de pincer, bronzer, teindre ou décolorer. Culpabilisez donc, auditoires captifs ! La sienne de peau à la péronnelle, a besoin d’être retendue ? Qu’à cela ne tienne ! Elle montre l’exemple : changez de peau, torturez-la, coupez-la, pour le triomphe de l’Artifice ! Moi je ne pense qu’à ma peau, dit-elle ! Pensez donc à celle de l’Autre ! Et elle nous en tartine, de la peau !
Une obsession !
Vous entendrez donc nuit et jour sur les ondes câlines les messages promotionnels de la pipolette égolâtre qui a grand besoin de ses émoluments, pris sur votre bel argent. Derrière elle l’animateur d’émission, et au-dessus le banquier ont de plus gros besoins encore !
La morale Universelle se fait insistante. Les péronnelles assureront la propagande des potentats bien assis sur nos champs d’oseille. Elles veilleront, avec des moues laquées de rouge baiser, au bon entretien de la démoralisation, de la dépigmentation ou repigmentation généralisées. Névrose et Psychose des Téléspectateurs sont les deux mamelles par où coulent tant de juteux profits pour la minorité intouchablement fortunée, la plus discriminée au monde par elle-même. C’est bien plus convaincant une péronnelle parfumée au Poison de chez Dior, que les gags d’Azouz Begag, ou les loucheries de Greenspan, ou les coups de boule de Sami Naceri. Place aux chargées de communication !
Mi p… mi soumise ? Que nenni.
Plus soumise qu’une péronnelle, ça n’existe pas.
Et plus p… bref, péripatéticienne ?
Oh pas forcément. Elle n’en a guère besoin. Sa vie confortable restera privée sans sombrer dans les privautés. Issue de minorité ploutocratique ou colorée, depuis l’enfance pourrie gâtée de flatteries démagos, bien protégée par le réseau, elle a, pour arriver où elle est parvenue sans autre effort que la glisse, échappé aux DSK et autres promoteurs canapé.
Non, le plus souvent elle ne couche pas, à l’instar de Marilyn fille du peuple. C’est bien pire : elle se couche, comme les blés, à tous les vents marchands qui sifflent, à toutes les corrections politiques et idéologiques qui pèsent comme un couvercle sur l’air du temps. Et se garde bien de penser. Danger !
C’est ce qu’on appelle la rebelle attitude (RA), qui autorise toutes les interruptions coupantes, tous les mépris, toutes les insultes envers les esprits dont la différence est trop visiblement et auditivement pure. La belle et rebelle attitude permet à la péronnelle de garder en parallèle et en catimini les avantages du luxe et de la gloriole. La RA vous la pose en pasionaria sans risque de bûcher ni geôle, en pétroleuse armée de ses incendies pour les autres, assistée de tous les snipers cachés derrière le rideau. Car elle ne sait pas, la pauvrette, se défendre avec ce que lui a donné le bon Dieu : sa langue de pipolette !
Alors, face à la différence de l’Esprit Autre, de celui qui est disert sans être divers, brillant sans être explosif, notre fée clochette se met à taper tellement fort avec sa baguette magiquement humanitariste, et le fil de son discours atteint un tel degré d’acidité acoustique qu’elle n’est plus perçue, même par l’Ahuri abonné au câble, que comme une vulgaire pipelette un tantinet vampirella.
Disparu le sourire enjôleur quoiqu’un peu niais de baby Lone ou Bec-à-Zine. Sous les froufrous transparaissent sans pudeur ni mystère les serres et le nez crochu, les noirs voilages, l’œil de poule en fureur et la bosse de… Carabosse, la sorcière à la pomme polluée.
On éteint le poste.
Ainsi chez Ruquier, chez Fogiel
Dans le bruissant éther des nuits télévisées,
Naît, cause et meurt la Péronnelle
S’exhalant comme un miasme, de Poison métissé,
Comme l’air des bijoux qu’aurait sous le décor
Expulsé quelque Castafiore.