Petit A B CEDAIRE des programmes électoraux : V comme « Valeur du travail »
Ce n’est pas le « travail » qui manque dans les activités de transition écologique, dans la silver économie, dans l’économie numérique, mais peut être un VRAI PROJET permettant de favoriser cette transition en protégeant TOUS LES ACTIFS, de quelques statuts qu’ils relèvent et, d’assurer un revenu décent à ces nouveaux métiers.
Si pour Monsieur FILLON la « valeur du travail » est infinie, si l’on considère le rapport entre rémunération et temps de travail, ceux qui nous servent aujourd’hui le grand air du : « je défendrai la VALEUR TRAVAIL », qu'ils soient de droite ou de gauche ont été les premiers à en avoir progressivement érodé, une fois au gouvernement, sa contre partie financière.
I- LA CONTREPARTIE FINANCIERE DU TRAVAIL
Entre les appels d’offres où le moins disant est systématiquement retenu, par enchères d’appels d’offres inversées dans certains cas, l’ubérisation du travail, le travail dissimulé échappant aux cotisations retraite qui sont un salaire différé, le non paiement des heures supplémentaires via les accords de modulation du travail etc …. On ne compte plus les dispositifs permettant de réduire la contrepartie financière du travail quel que soit le statut des actifs !
Loin de remédier à cette situation en protégeant les entreprises, donc les communautés de travail, c’est-à-dire les employeurs et salariés exposés aux effets pervers de la mondialisation, Monsieur FILLON se contente de baisser uniformément les charges des entreprises sans rétablir le déséquilibre de la fiscalité entre PME-TPE et grands groupes et propose aux salariés de continuer dans la voie du « travailler plus pour gagner moins », limitant les protections contre le chômage par une dégressivité des allocations et la suppression du « compte personnel d’activité.
A l’inverse, Monsieur MACRON promeut ce même compte personnel d’activité qui comporte, et c’est important, des droits nouveaux en direction de tous ceux qui participent à la richesse de notre pays, par leur « activité » quels que soient leurs statuts.
Cependant dans son ouvrage « REVOLUTION » Monsieur MACRON ne tire pas les entières conséquences de ses propres observations concernant l’imprévisibilité de l’activité économique, en n’envisageant nullement un accroissement de la dotation financière du compte personnel d’activité et, pas même, en y regroupant, à minima, des droits déjà existants qui, POURTANT, pourrait être ainsi mis directement et aisément à disposition des bénéficiaires avec un guichet unique.
Certes il nationalise la gestion de pôle emploi afin de mettre en place une politique de formation des chômeurs QUELS QUE SOIENT LEURS DERNIERS STATUTS mais il ne précise nullement dans son programme comment il va renforcer les moyens en orientation et formation de pôle emploi qui sont actuellement particulièrement limités. Il ne garantit pas plus des ressources fixes aux chômeurs le temps que l’on ait pu les reconvertir sur les nouveaux emplois.
Peut-être inconsidérément optimiste, Monsieur MACRON ne tient pas assez compte de cette imprévisibilité de l’emploi tant en nombre qu’en qualité pourtant attestée par le rapport du conseil d’orientation de l’emploi qui conclut à la perte de 10% des emplois du fait de la transition numérique et le changement substantiel des compétences nécessaires pour 50% des autres emplois actuellement référencés.
Prenant en compte cette incertitude sur le nombre et la qualité des emplois , Monsieur HAMON est plus cohérent que Monsieur MACRON dans la mesure où, de l’observation d’une précarité généralisée des nouveaux entrants dans le monde du travail, Il tire la conséquence que la meilleure prévention c’est de donner un revenu universel aux nouveaux entrants sur le marché du travail tout en s'attelant à la formation des chômeurs.
Monsieur HAMON limite en effet, dans les 5 prochaines années, l’ouverture de ce droit nouveau aux jeunes de 18 à 25 ans, particulièrement touchés par la précarité, le temps de voir ce que devient « le travail » dans les secteurs de la silver économie, du numérique et de la transition énergétique dont on espère le développement.
A l’inverse Monsieur MELENCHON dans son programme « l’avenir en commun » pointe le risque d’une baisse généralisée du salaire s’il y a attribution systématique d’un revenu individuel non conditionnel et promeut la « valeur travail » par une augmentation systématique des salaires et la réduction progressive du temps de travail afin de permettre à chacun de pouvoir trouver un emploi.
Cette vue semble critiquable en ce sens qu’il n’y a pas une totale corrélation entre réduction du temps de travail et augmentation du nombre d’emplois car il faut encore :
- 1/ que le marché soit porteur, c’est-à-dire qu’il y ait des commandes en nombre suffisant pour générer de l’emploi,
- 2/ que la qualification des personnes concernées soit adaptée aux besoins productifs, c’est pourquoi l’émergence d’une formation continue efficiente fait l’objet d’un relatif consensus entre tous les candidats sans que pourtant l’on se décide à en FAIRE LA PRIORITE pour l’avenir.
II - LE TRAVAIL COMME MOYEN DE SOCIALISATION ET EPANOUISSEMENT PERSONNEL
Malgré son attractivité financière réduite, pour la plupart de nos concitoyens, au cours des derniers quinquennats, « LA VALEUR DU TRAVAIL » DEMEURE PLUS PLEBISCITEE QUE JAMAIS en ce que « le travail » est généralement reconnu comme pouvant être un moyen de socialisation et d’épanouissement personnel.
La question devient donc, quelle est la VISION DU TRAVAIL la plus proche de l’appétence de nos concitoyens ?
Pour Monsieur MELENCHON, la conception du travail est traditionnelle, c’est essentiellement le salariat avec une forte opposition au patronat. De ce point de vue, Monsieur MELENCHON inverse le rapport de force entre salariés et patrons tel qu’il ressort du programme de Monsieur FILLON. Il assortit cela d’un fort encadrement des frais de logement, de transport, de fourniture d’énergie. Une vision collective de la société est promue.
Monsieur HAMON, quant à lui, a une vision moins traditionnelle du travail : pour lui, le « travail » est une « activité » au bénéfice de la communauté. LE PROJET PERSONNEL Y TROUVE TOUTE SA PLACE.
Ainsi pour Monsieur HAMON, il ne faut pas que l’on soit contraint de se poser la question de son minimum vital personnel mais que l’on consacre toute notre énergie à une « activité » de son choix que l’on soit bénévole dans une ONG, étudiant lorsque l’on se forme pour apporter des compétences mises à jour à la communauté,auto-entrepreneur ou créateur d’une toute jeune TPE.
Pour le même budget que le CICE qui n’a pas créé le million d’emplois pourtant promis par le patronat, Monsieur HAMON veut donc faire un test du revenu universel sur la tranche des jeunes de 19 à 25 ans qui est celle qui connait une grande précarité dans l’accès au travail.
Ce revenu universel des 19-25 ans serait payé par les droits de succession, belle image de solidarité intégénérationnelle, ce qui donnerait une valeur symbolique forte à cet impôt qui n’est pas « universel » puisqu’il n’est pas payé par les familles qui ont un petit patrimoine ( la maison de famille partagée à raison de moins de 100000 euros entre les enfants d’un couple)
Il faut cependant se poser la question de la justice sociale dans l’attribution de ces fonds : le montant du revenu universel doit-il être donné inconditionnellement sans limitation de montant aux jeunes dont les familles sont les plus aisées ?
C’est un choix politique, on peut dire OUI à l’inconditionnalité afin d’améliorer le consentement à l’impôt des classes les plus aisées mais SURTOUT permettre à des jeunes qui n’auraient pas la même vision de la vie que leurs parents de faire des choix autonomes ….
On peut dire NON à l’inconditionnalité par souci budgétaire et créer une sorte de "RSA jeunes".
Personnellement je trouve que le RSA JEUNES par sa connotation "d'assistanat" stygmatise ses récipiendaires alors qu'un revenu JEUNES généralisé mais VARIABLE en fonction du montant de l’impôt sur le revenu des parents permettrait de rétablir une égalité des chances.
De plus, devenu variable quant à son montant, ce revenu ne pourrait plus être utilisé par les employeurs pour réduire le montant des salaires des jeunes générations.
On aurait ainsi un compromis MELENCHO-HAMO-VALSO/MACRONISTE sur un « revenu individualisé » à titre de TEST POUR 5 ANS en attendant que s’éclaire l’horizon du travail par un vrai démarrage de la transition écologique, numérique et de la silver économie et par un vrai rééquilibrage de la VALEUR FINANCIERE DU TRAVAIL porté par cette nouvelle économie.
- Pendant ce test de 5 ans,et sans insulter l’avenir DU TRAVAIL salarié,on aiderait une génération entière à trouver sa place dans les nouveaux secteurs économiques ce qui ne peut déplaire à Monsieur MELENCHON,
- Monsieur MACRON qui est un fervent promoteur de l’évaluation pourrait accepter ce test qui ne lui demande pas d'abandonner le principe d'une nationalisation de pôle emploi.
- Monsieur HAMON accepterait de prendre en compte le risque que fait peser le revenu inconditionnel sur le niveau des salaires.
LE CANDIDAT QUI SE SAISIRA DE CE PROJET DE TRANSITION VERS UNE « nouvelle valeur du travail » aura sans doute ma préférence lors des prochaines élections.