vendredi 27 janvier 2017 - par

Petits arrangements et autres magouilles

L'emballement des grands vertueux et des arbitres des élégances morales qui se scandalisent des 500 000 Euros touchés en neuf ans par l'épouse du candidat de la droite prête un peu à sourire voire à rigoler franchement. Non pas parce que ce n'est pas choquant en soi, et parfaitement, et objectivement immoral, mais parce que c'est une pratique courante en France depuis déjà plusieurs décennies. Plus personne ne se soucie vraiment du bien commun, de la cohésion nationale, chacun surtout inquiet de profiter au maximum de ce qui demeure encore des deniers publics pour quelques années encore malgré le détricotage minutieux des institutions opéré depuis longtemps déjà.

 

Que madame Fillon ait bénéficié d'un emploi fictif est certes quasiment une certitude. Il se trouvera certainement quelques obligés de son époux pour tenter de la disculper mais personne ne sera dupe. Que son mari ne soit pas le seul à le faire en est une autre. Que ceci soit une excuse est faux. C'est d'autant plus choquant qu'il se présente comme le candidat du retour des valeurs morales. Que tout cela ait fuité en ce moment n'est sans doute pas fortuit. Cela ne bénéficie pas du tout à Marine le Pen comme certains le suggèrent mais plutôt à Emmanuel Macron, notre Donald Trump BCBG, les libéraux libertaires embarrassés de voter Fillon iront plus vers l'ancien ministre de l'économie. Ce n'est sans doute pas anodin.

Il faut dire que la France est depuis longtemps déjà, cela a toujours plus ou moins existé mais à des degrés bien moindres, le pays des petits arrangements en famille, entre amis, entre amants et maîtresses, et autres magouilles à tous les niveaux de la société. C'est même un des maux principaux dont elle souffre avec l'omniprésence des idéologies. Tout le monde s'arrange sans aucun souci du bien commun, de la compétence réelle ou du talent. Que l'on soit dans un salon feutré ou ailleurs, dans des endroits moins "sélects".

 

Ces petites magouilles mûrissent et pourrissent lentement mais sûrement le pays de par l'atomisation du lien social.

 

Personne n'y trouve vraiment à redire car tout le monde cherche à en profiter à son niveau. Aucun camp politique n'en a l'apanage. Ils sont tous à égalité y compris les fameux "anti-système". Chacun sait que si l'on veut que son dossier soit sur le dessus de la pile dans une recherche d'emploi dans un conseil général, pardon départemental ou d'autres institutions publiques, dans une recherche de logement dit social, que ce soit à la Mairie de Paris ou en province, il convient d'être ami, en relation au moins, y compris au deuxième ou troisième degré avec tel ou tel responsable politique ou non voire de ses sous-fifres.

 

Je ne parle même pas des étudiants aidés par "Papaman" déclarant zéro revenus main sur le cœur à la CAF pour toucher les aides au logement, sans parler de ces littérateurs et littératrices bénéficiant de divers renvois d'ascenseur pour services rendus dont parfois une ou deux coucheries. Les histoires desdites coucheries feront de très bons manuscrits qui se vendront bien. Plus c'est déviant selon la morale commune, mieux c'est bien entendu avec plusieurs scènes graveleuses évidemment en bonus. Cela permet aussi d'expliquer le "turn over" des journalistes dites culturelles qui en vieillissant deviennent beaucoup moins intéressantes de manière surprenante, on se demande bien pourquoi.

 

Peut-être parce qu'elles sont alors moins esthétiques pour la photo ?

 

Ce n'est d'ailleurs pas la moralisation complète de tout ce système qui est nécessaire mais qu'au moins la reconnaissance des talents et compétences ne soient pas seulement affaire de clientélisme...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury




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