jeudi 15 décembre 2016 - par Emile Mourey

Plaidoyer pour une meilleure connaissance de l’Antiquité tardive

Incroyable ! Léonard de Vinci s'est arrêté à Mont-Saint-Vincent, là où les archéologues ne veulent toujours pas reconnaître le site gaulois de Bibracte. Il a suivi la voie antique pour se rendre au château de Fontainebleau, résidence de François Ier. Il nous a laissé une étude, un projet, pour relier par un canal la Dheune et la Bourbince qui coulent au pied de la forteresse. Voici le rétable qu'il a forcément vu dans l'église, temple gaulois méconnu, scandaleusement ignoré. 

Nous sommes au III ème siècle après J.C.. Postumus, empereur gaulois, entoure de ses bras bienveillants la jeune ville de Chalon-sur-Saône et la colonie juive qui s'y trouve. Simple roturier de naissance très obscure, homme apparemment sans scrupules parvenu au sommet des honneurs, il compte, bien évidemment, sur la richesse de cette communauté pour développer sa ville et renforcer son pouvoir (1). Tout cela sur un fond de tenture or semée de Tau. Rompant avec la romanité antérieure, il prend parti en faveur d'une espérance juive dans un christ du ciel à venir contre un christ des évangiles qui ne promet qu'arêtes de poisson et assiettes vides. Vous avez compris, je pense, l'opportunité du personnage et son sens politique. Je pense que vous avez aussi compris que Léonard de Vinci s'est inspiré de cette scène pour peindre sa célèbre Cène de Milan, mais que, lui, n'a rien compris en dénigrant Judas à cause de sa bourse.

Si vous avez lu mes articles précédents, vous savez que le chapiteau du choeur de la cathédrale de Chalon ne représente pas les pèlerins d'Émmaüs, comme on le prétend, mais deux martyrs "Étienne" qui, avant de mourir, virent le cel ouvert et le fils de l'homme assis à la droite de Dieu (2). Dès lors que les manuscrits de Qumrân ont été découverts, vous ne pouvez plus ignorer qu'en mettant la main gauche sur le pain consacré et en bénissant de la droite la communauté (qui se trouve dans la nef), vous ne pouvez plus ignorer, dis-je, que c'est très exactement le signe que fera le messie pour se faire reconnaître quand il viendra (3).

Dignes émules des archéologues français, les archéologues israéliens s'entêtent à vouloir rechercher la trace du temple de Salomon dans ce qui était, autrefois, un lieu de décharge publique. Place à la réalité ! Voici, sur cette étonnante plaque en ivoire sculptée, apparemment du IIIème siècle, l'allure extérieure qu'avaient le temple de Salomon et le temple d'Hérode. 

Vous distinguez très bien, à gauche, la ville de David avec le temple de Salomon ; à droite, c'est l'ancienne ville basse des Jébuséens avec le temple d'Hérode. Vous constatez, à l'évidence, que nos églises romanes sont à l'image du temple de Salomon et que la cathédrale de Chalon est à l'image du temple d'Hérode avant qu'on y plaque deux tours bien mal venues en façade.

La cathédrale de Chalon, mais oui, c'est le fameux temple dont le rhéteur Eumène disait, au début du IVème siècle, que c'était le plus beau de tout l'univers. Une très curieuse plaque de cheminée nous dit tout sur sa fondation.

Très occupé à défendre le limes rhénan, l'empereur Gallien a installé son fils âgé d'à peine 17 ans sur le trône de Chalon avec le titre de César, puis d'Auguste. Postumus, qui commande l'armée gauloise, est censé le protéger. Confiance bien mal placée car le protecteur s'impose en maître en tenant l'enfant en otage. Quand le malheureux père - il a déjà perdu un fils dans le merdoyer politique de l'époque - vient assiéger Chalon, ou plutôt la forteresse de Taisey, il tombe sur un bec et doit s'en retourner penaud. Postumus élimine alors le fils et se met la couronne d'empereur sur la tête. Nous sommes en 260 environ. Représentés sur un chapiteau, les deux VIctorinus qui lui succèdent nous donnent la date approximative de l'achèvement de la construction, vers l'an 270. Postumus est mort un an plus tôt dans une sédition militaire - eh oui, ce sont les risques du métier de cette époque. Précisons toutefois à son honneur que c'est parce qu'il avait refusé aux soldats le droit de piller la ville de Magnence. On lui doit la construction de notre cathédrale, sonnez le ban !

Et puis, on a oublié tout ça. Les historiens locaux ont imaginé un premier temple insignifiant détruit par les Sarrasins alors que le texte auquel ils se réfèrent ne parle que de la destruction d'un pont extérieur. Puis, faisant confiance à l'abbé Salis, ils ont imaginé une succession de chantiers s'étalant de 1090 à 1522. Où sont les preuves de telles affirmations ? Il n'y en a pas. Où sont les preuves de ceux qui prétendent que les églises romanes ne sont apparues qu’au Moyen âge ?

Notre-Dame du Port n’a pas été construite en 1185, comme ils le disent, mais vers 571 : et ce fut le fait d'un descendant de l’empereur Avitus ; un manuscrit du XIème siècle l'atteste. Prétendre que cette première église a été détruite et remplacée par une autre, où sont les preuves, écrites ou archéologiques de cette prétendue destruction et reconstruction ? Pure illusion !
Saint Austremoine et Saint Nectaire, apôtres du III ème ou IVème siècle, qui n’auraient été honorés d’un tombeau/église que plusieurs siècles après leur mort, à une date que les historiens sont incapables de donner, ainsi que le nom des fondateurs, et alors que les chartes et autres documents nous disent tout sur l’époque récente, cela surprend. Idem pour Brioude, tombeau d’Avitus que les archéologues cherchent encore alors qu’il s’agit de l’église etc... etc...

Il faut arrêter cette histoire de fous ! Toutes ces vieilles églises ont été construites en antiquité tardive. La petite phrase du moine Glaber, seul argument de référence des historiens spécialistes de l’art roman, a été traduite en dépit du bon sens. Hier, cela me faisait sourire. Aujourd’hui, cela m'indigne.(4)

Brioude ? encore plus incroyable ! L’auteur des éditions du Zodiaque donne toutes les références souhaitables pour dater la construction de l’église. Il énumère les nombreux pèlerinages qui s’y rendaient. il cite Grégoire de Tours disant que la basilique était pleine à craquer. Il sait que l’empereur Avitus a été enterré à Brioude et que son tombeau s’y trouvait, mais il ne comprend pas que les chapiteaux de l’actuelle église évoquent, d’une façon particulièrement évidente, le souvenir de l’empereur, son apothéose, ses qualités de cavalier... Brutalement, sans justification aucune, il imagine que cette première église, dont Grégoire de Tours fait pourtant l'éloge, a été détruite, qu’une autre église l’a remplacée, et ainsi de suite, jusqu’à celle d’aujourd’hui. C’est une histoire qui ne tient pas debout.

Étrange paradoxe, en s'appuyant sur des textes certes irréfutables, les historiens d'hier nous ont dressé de l'antiquité tardive le portrait d'une époque de décadence et d'un ordre qui s'écroule sous les coups de boutoir des invasions barbares. Bien que ce jugement soit aujourd'hui plus nuancé, personne n'a proposé d'y voir le "temps des cathédrales", et pourtant.

J’ai une explication : ce sont les prisonniers de guerre et les immigrés clandestins qui nous la donne. On a tendance à penser que c’est grâce à un progrès des connaissances dans la technique et en intelligence que l' homme est arrivé à construire des édifiices de plus en plus grands et de plus en plus majestueux. Ne serait-ce pas plutôt une question de main d’oeuvre ? Eumène dit, par exemple, que Constance Chlore avait ramené de nombreux prisonniers de ses campagnes en Grande Bretagne. Il remercie d’autre part les légions romaines d’avoir « reconstruit » la cité détruite. Cette construction et reconstruction, c'est, bien évidemment, la ville d’Autun avec son enceinte et ses portes monumentales, et j’ajoute : sa cathédrale. Voilà l'explication : légionnaires pour l’encadrement + prisonniers pour la main d’oeuvre = construction. Salaire en nourriture. Origine de cette nourriture : les riches exploitations agricoles des propriétaires gaulois + prisonniers ouvriers agricoles en abondance.

De même à Chalon-sur-Saône, les textes disent que l’empereur Postumus a restauré la paix sur les frontières qui étaient devenues de véritables passoires. D’où : nombreux prisonniers + encadrement venu de l’immigration légale juive = cathédrale de Chalon. CQFD. Que les commentateurs de ce fil, s’ils ne sont pas d’accord, m’expliquent alors ce que devenaient les nombreux prisonniers dont font état les textes. Quant au Moyen âge, comment les pauvres paysans de cette époque auraient-ils pu réaliser une telle oeuvre de construction alors que la source de l’immigration illégale s’était tarie ?

Même chose pour Vézelay. Les textes disent que Julien a « nettoyé » le territoire des bandes d’Alamans qui l'infestaient. Une fois prisonniers, il a bien fallu les occuper.

Curieusement, les franchissements de la frontière semblent s'être ralentis quand l'information se répandit au-delà... qu'on faisait travailler ceux qui l'avaient franchie.

Émile Mourey, 14 décembre 2016, extraits de mes ouvrages, www.bibracte.com

Renvois

(1) Il faut se rappeler que tous les juifs, y compris ceux de la diaspora, étaient tenus de verser une obole au temple de Jérusalem. Sa destruction par les Romains, en 70, a évidemment posé un problème ; d’où l’idée assez géniale de le reconstruire en ville de Chalon-sur-Saône. D’ailleurs, la ville n’a-t-elle pas pris, un moment, le nom de Jérusalem ?

(2) Probablement, évocation, à l’origine, de la conversion des Grecs au judaïsme essénien : Mais Étienne, rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu.
Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent.
(Actes des apôtres, 7, 55-58)

(3) On sait par les manuscrits de la mer Morte que lors du saint repas, le prêtre tendait le premier la main sur le pain consacré et que le messie espéré agira de même quand il viendra (Rouleau de la Règle, VI, 2 à 6). Il étendra sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénira toute la congrégation de la communauté (Rouleau de la Règle, II, 18 à 22).

(4) La thèse du début des constructions d’églises romanes au Xème siècle repose sur la phrase du moine Raoul Glaber « C’était comme si le monde lui-même se fut secoué et, dépouillant sa vétusté, ait revêtu de toutes parts une blanche robe d’églises » (traduction Georges Duby). Cela ne veut rien dire. Voici ma traduction « C’était comme si, un peu partout et en même temps, tous les habitants du monde, sortant de leur torpeur et enlevant leurs vêtements d’hier, avaient revêtu la robe blanche que les officiants portent dans les églises. » Il s’agit là, d’une image, celle des processions de pénitents de l’an mille qui parcouraient alors l’Europe, un peu partout, dans la peur millénariste de la fin du monde et du retour du Christ. Autrement dit, la référence au moine Glaber au style alambiqué, c’est du bidon.

Rectificatif : dans mon article précédent, "8000 juifs esséniens immigrent en Gaule vers l’an - 88. Histoire d’une intégration réussie, mais dans quel sens ? Référence : Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, lire : livre XIII, chapitre 14.2 et non 15,3. Je maintiens que, dans ma thèse, les 800 crucifiés sont des esséniens et non des pharisiens.

 



35 réactions


  • soi même 15 décembre 2016 13:03

    @ Émile vous êtes rendue à combien de chichon par Jour ?


  • MagicBuster 15 décembre 2016 13:47

    Salut le Chris Cosmique,

    Honnêtement - Il est bizarre ton programme pour 2017.


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 15 décembre 2016 15:57

    Bravo, M. Mourey ! 

    Continuez le combat.
    Il faudra bien qu’un jour les autorités admettent l’évidence que l’at roman n’est que le prolongement logique de l’architecture romaine, sans solution de continuité...
    Rien que le vocabulaire devrait faire tomber cet aveuglement destiné à oblitérer la richesse l’activité culturelle entre le 6ème et le 11ème siècles.

  • Antenor Antenor 15 décembre 2016 22:18

    @ Emile

    Une simple tour comme principal édifice religieux à Chalon, cela me semble un peu léger. A Chalon comme ailleurs en Gaule, il devait y avoir au moins un hémicycle et un grand fanum. Si Taisey constituait le noyau urbain initial de Cabillo, c’est là que se trouvent leurs vestiges. Sinon où situez-vous les harangues de Litavic ?

    Les prisonniers de guerre devenaient surtout esclaves dans les exploitations agricoles et on a trouvé assez de main d’œuvre au Moyen-âge pour bâtir Notre-Dame-de-Paris et la cathédrale de Reims. Pour construire de grandes églises, il faut surtout qu’elle soit qualifiée.

    Guillaume le Pieux est mort à Lyon mais a été inhumé à Brioude. Il avait donc prévu de longue date de reposer aux côtés de Saint-Julien et d’Avitus. On peut donc supposer qu’il y a fait effectuer des travaux, la question étant de savoir de quelle ampleur.

    Dans la même perspective, j’attribuerais volontiers l’essentiel de Notre-Dame-du-Port et de l’abbatiale de Conques à l’évêque Etienne II vers 950.

    Avec votre explication, on se retrouve avec un trou de 6 siècles (du 7ème au 12ème) sans nouvelles constructions !


    • Emile Mourey Emile Mourey 16 décembre 2016 01:54

      @Antenor


      Vous dites qu’avec mon explication, on se retrouve avec un trou de 6 siècles (du 7ème au 12ème) sans nouvelles constructions !

      Ma réponse : peut-être, je n’ai pas approfondi la question et ce n’est pas mon problème. À vous de prouver ce que vous ne présentez que comme de simples hypothèses. Ancien journaliste au journal de Saône et Loire, M. David Carrette, pour lequel j’ai toujours de l’estime malgré un petit différend qui lui a peut-être coûté son poste, a rejoint un historien qui défend une thèse que, bien sûr, je n’approuve pas, à savoir que le Moyen âge n’a pas existé. À vous de trouver de véritables preuves ou arguments convaincants. À vous de retrouver dans les chapiteaux l’évocation des faits d’armes des grands seigneurs médiévaux comme ceux de Brioude l’ont fait pour Avitus, par exemple son apothéose/envol. À vous de retrouver la trace d’un texte ou autre qui indiquerait une fondation, non pas d’une simple communauté mais d’une véritable édification s’étalant sur plusieurs années. D’ailleurs, vous reconnaissez l’existence de Brioude avant Guillaume le Pieux.
      À Taisey, la tour n’est que ce qui a subsisté ; il y avait en arrière une enceinte de hautes murailles que j’ai mise en évidence, suffisante pour l’époque, jusqu’au IIIème siècle. Ensuite, c’est Chalon qui a pris le relai pour l’extension urbaine et Mont-Saint-Vincent pour le théâtre des réunions publiques.


    • Emile Mourey Emile Mourey 16 décembre 2016 07:35

      @Antenor


      Je vous propose un raisonnement. Vous déterminez une date à partir de laquelle vous estimez que le territoire est suffisamment quadrillé de monastères pour que la fondation d’une cathédrale ne puisse avoir échappée à leur attention ou fait l’objet d’une charte. Et en effet, les fondations de Cluny et de Paray le Monial sont bien mentionnées ainsi que les dates de fondation et le nom de leurs fondateurs : un puissant abbé et un puissant comte. Pour d’autres, avant la date supposée, vous ne connaissez leur existence que par accroc. L’église de Mont-Saint-Vincent et la cathédrale de Chalon, sous les noms de temples d’Apollon dans les discours du rhéteur Eumène. La forteresse de Taisey apparaît dans les chartes du monastère de saint Marcel, le plus ancien peut-être, sous le nom de castrum, si on les traduit correctement, et avant, dans les actes de saint Marcel. De même, une bonne traduction nous prouve que les travaux faits à Autun ne concernaient que la construction d’un porche d’entrée et non, comme on le croit, de la cathédrale. Les pierres non jointoyées juraient à côté de la merveille.

      Faites des recherches sur les cathédrales dites gothiques de Clermont et de Metz qui, pour moi, sont des cathédrales édifiées par des rois francs, si elles sont mentionnées ou non. Cela nous permettra de mieux tracer une ligne de partage pour mieux déterminer la date en question.

    • Emile Mourey Emile Mourey 16 décembre 2016 10:44

      @ Antenor


      Autre mauvaise traduction, celle du texte de Sidoïne Apollinaire décrivant la grande église de l’évêque Patiens de Lyon, qui a fait dire aux spécialistes qu’elle avait disparue et qu’une autre l’avait remplcée. J’ai retraduit le passage et il s’applique très exactement à la cathédrale toujours en place. 

      Si vous voulez bien me suivre, on peut, dès maintenant, préciser l’ébauche chronologique que j’ai proposée dans un article précédent, en commençant par un premier groupe, celui des temples druidiques, ensuite, un groupe de temples druido-essénien-christ du ciel, suivi d’une variante où c’est l’empereur romain qui s’incarne dans le sauveur... ;Les cathédrales franques entrant dans le groupe des premières églises chrétiennes etc...etc...

  • Antenor Antenor 16 décembre 2016 19:07

    @ Emile

    L’église qui me pose le plus problème dans votre raisonnement est celle de Vézelay. Par les textes, on sait qu’à Clermont, Brioude, Chalon ou Autun, il y avait de grandes églises depuis la fin de l’Empire Romain. Rien de tel à Vézelay à ma connaissance avant le Comte Girart de Roussillon. En fait, je ne vois pas qui avant ou après lui a pu construire la basilique. L’Empereur Julien se serait plutôt fait construire un temple à Paris, Rome ou sur les Limes mais à Vézelay, la basilique est un défi lancé à la face de Charles le Chauve. Le chœur et le narthex sont manifestement plus récents mais la nef est d’origine.


    • Antenor Antenor 16 décembre 2016 19:21

      Question à ceux qui pensent que l’édification de la nef de Vézelay remonte au XIIème siècle : Pourquoi n’y trouve-t-on pas la moindre évocation de Marie-Madeleine dans les chapiteaux ? Si je ne dis pas de bêtise même les « femmes au tombeau » n’y sont pas représentées alors que ce motif est ultra-courant dans l’art roman.

       Cela ne s’explique que parce que la nef a été bâtie avant que la basilique n’abrite ses reliques.


    • Emile Mourey Emile Mourey 16 décembre 2016 20:51

      @Antenor


      Pour moi, il n’y a aucun doute. Après Constance Chlore, aimé des Gaulois, les textes nous disent que ce fut Julien. En fait de Gaulois, il faut comprendre que ce sont les Éduens qui mènent la danse, et à Vienne où siège Julien (Je ne vois pas qu’il ait été à Rome), et à Paris, ancienne cité vassale des Éduens, où il sera élevé sur le pavois par les troupes gauloises (éduennes), et à Chalon où son profil sculpté entouré d’une couronne de lauriers est toujours visible sur le bâtiment de la cure. J’ai tout expliqué dans mon « Dieu rayonnant ». Dans la logique d’un pays éduen qui s’agrandit, la main mise sur la position de Vézelay, à un carrefour de voies, s’impose. Après Constantin que les sculpteurs ont représenté comme un Christ sauveur à Autun, il en est de même à Vézelay (il descend du ciel dans une barque de nuées), et ce nouveau Christ sauveur ne peut être que Julien aimé des Gaulois, c.a.dire des Éduens. Il n’y en a pas d’autres. Les deux chapiteaux que j’ai reproduit dans mon ouvrage, correspondent très exactement à ce que Ammien Marcellin, proche de Julien a écrit.

    • Emile Mourey Emile Mourey 17 décembre 2016 06:32

      @Antenor


      Pourquoi le choeur n’est-il pas sculpté ? Je ne sais pas. Pourquoi y a t’il une différence évidente de style entre le tympan extérieur d’origine et celui de Viollet-le-Duc qui l’a remplacé ? Réponse : parce que celui de Viollet-le-Duc est une « vie de Jésus » qui se veut une une reconstitution d’un événement historique, alors que les sculptures n’évoquent que des« péricopes ». Il faut se rappeler que Julien a écrit un ouvrage « contre les Galiléens ». Il faut comprendre : contre une interprétation littérale des évangiles faite par les chrétiens disciples du Nazaréen, alias Galiléen.


  • Antenor Antenor 17 décembre 2016 16:19

    @ Emile

    Girard de Roussillon est également lié militairement à Vézelay puisque la bataille dite de Valbéton contre Charles le Chauve est réputée avoir eu lieue juste en amont. Le combat est brutalement interrompu par le feu du ciel enflammant les étendards des deux camps (sans doute que certains clercs n’appréciaient que modérément le spectacle). Le raisonnement que vous appliquez à Julien fonctionne également avec le comte carolingien ! Vézelay serait au départ une sorte de mémorial.

    Le cœur gothique a sûrement été précédé d’un cœur roman dans le même style que la nef. Il est possible que le concepteur des lieux ait placé les scènes de l’Ancien Testament dans la nef et celles du Nouveau Testament dans le cœur.

    Imaginer un empereur en Christ-sauveur suppose une interprétation des textes prophétiques tout aussi littéraliste que celle des évangiles et je ne vois pas les Juifs messianistes croire en un empereur romain.


    • Antenor Antenor 17 décembre 2016 16:32

      Il est possible que les Juifs aient vu en Julien un nouveau Cyrus puisqu’il leur était plutôt favorable. Mais cela ne fonctionne qu’avec lui. Les Constantiniens eux, prêchaient pour les Evangiles.


    • Emile Mourey Emile Mourey 17 décembre 2016 21:33

      @Antenor


      Girard de Roussillon ? Là, nous changeons d’époque. C’est un autre univers, celui des Francs : Tapisserie de Bayeux, enluminures, livres d’heures, vierge Marie et petit Jésus. Vézelay et Autun, c’est kif kif Bourricot. Si vous acceptez Autun, il faut accepter Vézelay. Vézelay, c’est encore la pensée des Éduens. Après les cathédrales franques de Metz et de Clermont, plus question de jouer avec l’équivoque et la bande dessinée.

      Vous dittes : je ne vois pas les Juifs messianistes croire en un empereur romain.Et pourtant. Avant l’intervention des tétrarques qui ont rétabli, en Gaule, l’ordre romain, si le tympan de Sainte-Foy proclame un Étant roi des Juifs (pour une colonie), ce n’’était plus possible, après. L’empereur romain ne partage pas le pouvoir, ni sa désignation divine. La figure de l’empereur était obligée de figurer « régnant » même « suggéré ». Après la relatve compromission avec le judaîsme (soulèvement de Vindex, empereurs gaulois, Victorinus et son allure de roi de l’ancien testament ) , les « Gaulois » ont choisi de revenir dans l’ordre romain. Voyez la Vierge, dans le ciel, chavauchant le cheval d’Épona et portant l’enfant (il s’agit d’une naissance à l’empire ; à Autun, il s’agit de Constantin. à Vézelay, il s’agit de Julien..                                             

    • Emile Mourey Emile Mourey 17 décembre 2016 21:44

      @Antenor


      Si vous voulez : un évangile réduit et adapté pour promouvoir Constantin à l’Empire.

    • Antenor Antenor 18 décembre 2016 10:35

      @ Emile

      « Tapisserie de Bayeux, enluminures, livres d’heures, vierge Marie et petit Jésus. »

      Un univers visuel tout de même très proche de celui des chapiteaux romans.

      Les constructions de Vézelay et d’Autun sont liées, pas de doute là-dessus. Voyez l’embrouillamini autour de la construction de Saint-Nazaire et de la mystérieuse basilique Sainte-Croix à l’époque de l’Evêque Jonas sous le règne de Charles-le-Chauve. A mon avis, c’est Edmond Martene qui a raison, ces deux églises n’en sont qu’une et elle a donc été bâtie par Jonas.

      Si vous attribuez les cathédrale de Metz et de Clermont aux Mérovingiens, alors il faut aussi leur attribuer celles de Reims, Chartres, Bourges et Paris ! Il n’y aurait eu aucune construction majeure en France entre le 6ème et le 16ème siècle ? Rien entre Clovis et les Châteaux de la Loire ?

      Les Chrétiens ont été persécutés justement parce qu’ils refusaient de rendre un culte à l’Empereur et Constantin leur à cédé. Vous voyez venir les Galiléens en Gaule dès -88 et être proches du pouvoir. Les Evangiles ont donc dû se répandre comme une traînée de poudre dans au moins une partie des élites gauloises à peine quelques années après leur écriture ! Avec les Evangiles, la barrière entre Juifs galiléens et Goys était rompue. Tout le monde pouvait devenir chrétien. Alors que les Pharisiens eux se trouvaient dans une situation de plus en plus isolée à la fois vis à vis du pouvoir romain qu’ils ne pouvaient entièrement reconnaître et vis à vis des païens avec qui ils ne pouvaient totalement s’allier.


    • Antenor Antenor 18 décembre 2016 10:49

      Pour être tout à fait précis sur Autun :

      La vieille église Saint-Nazaire serait la mérovingienne et l’actuelle Saint-Lazare alias Sainte-Croix serait celle bâtie par Jonas.


    • Antenor Antenor 18 décembre 2016 11:46

      Et si le fameux Gislebertus d’Autun, c’était lui ? Non pas sculpteur mais commanditaire de l’œuvre.


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2016 13:25

      @Antenor


      Je ne connais pas la polémique dont vous parlez au sujet de Saint Nectaire. L’édition du Zodiaque n’en parle pas et précise qu’une profonde nuit entoure la naissance de cette merveille. L’établissement d’un prieuré vers 1146 prouve seulement que l’église existait déjà à cette époque. Saint Nectaire est venu en Gaule en 250 d’après Grégoire de Tours. Il a été victime de la persécution ordonné par l’empereur Dèce qui disparaît un an plus tard. À noter que le projet de la construction du temple de Chalon est de 253, selon ma plaque de cheminée et qu’on y trouve un chapiteau essénien dit d’Étienne, très certainement en rapport avec cette persécution... un projet trois ans seulement après. Martyrs forcément chrétiens dans la mémoire de l’Église. Saint Nectaire a été construit après Notre-Dame du Port puisqu’un de ses chapiteaux la montre dans la barque céleste. On y trouve le chapiteau du choeur du Crest en double avec encensoirs avec la signification que j’ai expliquée. Une signification qui n’a de sens que tout de suite après ND du Port et qui s’est ensuite perdue. N.D du port, Saint Austremoine et Saint Nectaire, c’est dans le même style.

      Pour la cathédrale de Metz, je n’ai pas étudié mais, sachant que c’était la plus importante résidence des rois francs, il serait illogique qu’ils n’y aient pas élevé une cathédrale à la mesure de leur ambition. De même à Clermont. J’ai traité la question dans mon « Dieu rayonnant » chapitre 18.

      Je ne sais pas quand, à la sortie du Moyen âge, on s’est remis à construire de grandes cathédrales. Notre-Dame de Paris, voyez Wikipédia. Je ne vois rien de contradictoire avec mes thèses. Chartres, Reims et Bourges, cela m’étonnerait beaucoup qu’il ne s’y soit pas trouvé d’églises ou temples avant le moyen âge ; mais je persiste à dire que durant le moyen âge, nous ne voyons principalement que de l’entretien et des réparations, ce qui n’exclut pas des fondations de prieurés ou de monastère en annexes.

      La persécution de Dèce, c’est 250 et elle a été brève. En - 88, il n’y a pas encore de chrétiens. Constance-Clore est connu pour sa tolérance à leur égard. Si je parle de juifs immigrés, c’est parce que Flavius Josèphe a utilisé cette expression. Mon sentiment est qu’ils se disaient « saints de Dieu ». comme dans les manuscrits de Qumrân ; à Sainte-Foy, c’est le nom qu’ils se donnent « assemblée des saints », un peu comme les Mormons aujourd’hui.

    • Antenor Antenor 19 décembre 2016 18:56

      @ Emile

      C’est dans l’histoire de l’ancienne église Saint-Nazaire d’Autun et de l’actuelle Saint-Lazare d’Autun qu’il semble qu’y avoir certaines ambiguïtés d’après le lien de mon commentaire précédent.

      Pour Chalon, c’est simple dans ma perspective carolingienne, elle est l’œuvre de Charlemagne.

      http://www.bourgogneromane.com/edifices/chalon.htm

      Pourquoi le chapiteau « essénien » ne représenterait-il pas Jésus de Nazareth puisque ce dernier est devenu le symbole des Esséniens à partir de l’an 29 ? En -88 les Juifs galiléens/Esséniens du Nord/Nazaréens n’étaient pas encore chrétiens mais ils sont les premiers à l’être devenus puisque ce sont eux les fondateurs du Christianisme. Si comme vous le pensez, ils étaient présents en Gaule, ils ont forcément participé à la diffusion des Evangiles.


    • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2016 09:42

      @Antenor


      Vous faites confiance à la thèse complètement farfelue d’une destruction de la ville de Chalon par les Sarrasins, et même de reconstructions successives. C’est une légende que se plaisent à reproduire les historiens de la ville de Chalon jusqu’à la Société d’Histoire et d’Archéologie d’aujourd’hui. Je l’ai dénoncée auprès des sites internet de Chalon qui semblent l’avoir retirée, ce qui fait qu’on y parle même plus de la cathédrale, sauf erreur de ma part. En son temps, j’avais retrouvé l’origine de la rumeur, mais je ne me rappelle plus où. Elle disait seulement que les Hongres avaient détruit un pont. Les ponts en dehors de la ville ne manquent pas et ils n’étaient pas protégés contre les incursions des pillards, mais une ville fortifiée comme l’était Chalon, allons donc, il faut être sérieux. Si Charlemagne a pu y tenir un concile, c’est que sa réputation n’était plus à faire.

      Relisez les nombreux articles dans lesquels nous avons débattu sur les documents archéologiques concernant les origines de la cathédrale : tableaux sculptés sur marbre, plaque de cheminée, retable de Mont-Saint-Vincent etc. C’est absolument scandaleux que la Société d’histoire de Chalon et la Drac préfèrent couvrir de tels errements en se satisfaisant de faire des fouilles au pied de la cathédrale actuelle qui ne disent rien, tout en se refusant, comme des enfants têtus, à ne pas vouloir voir les documents archéologiques pré-cités que je présente pourtant chaque année à l’occasion des journées du patrimoine.

      C’est dommage, car j’espérais, à la lecture de mon dernier commentaire, que vous auriez compris qu’après la persécution de l’empereur romain Dèce, la Gaule avait basculé dans une alliance avec la population d’origine juive immigrée... avec le soutien de la bourse de Judas, telle qu’elle figure dans le retable de Mont-Saint-Vincent ; important tournant de notre Histoire qui a marqué la naissance de la croyance en un Christ du ciel qui évoluera par la suite dans un Christ descendu du ciel... et la fin définitive du druidisme. Ainsi va le monde.

      Aujourd’hui, à notre époque dite moderne, c’est l’islamisme radical qui reprend la thèse complètement farfelue du prophète juif Daniel qui annonçait la fin des temps et l’arrivée de la parousie, thèse qui s’est engluée et achevée dans la destruction de Jérusalem, en l’an 70. Il faut vraiment douter de l’intelligence humaine. Ces islamistes radicaux devraient faire la risée des médias et des débats publics. Ils devraient sombrer dans le ridicule le plus absolu. Eh bien non ! je ne vois qu’Agoravox qui accepte de publier des articles comme les miens où j’essaie de mettre tout cela en exergue malgré les critiques de certains commentateurs qui n’ont rien compris.

    • Antenor Antenor 20 décembre 2016 18:50

      @ Emile

      Chalon détruite par les Sarazins, les Hongrois ou les Normands, cela m’étonnerait aussi. Simplement, 5 siècles séparent la description du « plus beau temple de l’Univers » et Charlemagne. Je vois mal l’Empereur des Chrétiens réunir un conclave dans un temple juif ou païen. Quand on voit comment les Francs carolingien ont converti les Saxons, cela ne m’étonnerait pas qu’ils aient fait table rase d’un certain nombre d’édifices « douteux » en Gaule même.

      Ce que je ne comprends pas dans votre raisonnement, c’est que vous faites arriver les Esséniens du Nord en Gaule dès -88 avant J-C, que vous faites de ces mêmes Esséniens du Nord les auteurs des Evangiles mais que les Evangiles n’auraient pris de l’importance en Gaule qu’à l’époque de Saint-Martin, cinq siècles plus tard. Il y a là quelque chose qui m’échappe. Vous identifiez Cléophas à ce courant galiléen installé en Gaule. Or Cléophas a reconnu Jésus de Nazareth dès Emmaus, juste après la crucifixion. Donc en 250, les descendants des Galiléens vivant en Gaule étaient chrétiens depuis deux siècles. Les Chrétiens se sont alliés avec Constantin et Julien s’est allié avec les descendants des Pharisiens, ceux qu’on appelle les Juifs.


    • Antenor Antenor 20 décembre 2016 19:05

      « la Gaule avait basculé dans une alliance avec la population d’origine juive immigrée... avec le soutien de la bourse de Judas, telle qu’elle figure dans le retable de Mont-Saint-Vincent ; »

      Là-encore, cela convient très bien à l’époque carolingienne :

      http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=317


    • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2016 21:46

      @Antenor

      Charlemagne, c’est 742. le concile de Nicée, c’est 325. Si le chapiteau du choeur de la cathédrale de Chalon exprime indiscutablement l’annonce du messie des textes esséniens, c’est que nous avons bien là le temple d’origine. Si on y voit aujourd’hui les pèlerins d’Emmaus, c’est parce qu’elle est devenue église chrétienne. Il est clair, et même aujourd’hui reconnu, que les historiens se sont affolés en lisant les « cahiers de doléances » de l’époque des grandes invasions, imaginant une Gaule fumante de ruines.

      Le retable de Mont-Saint-Vincent confirme mon interprétation du chapiteau, à savoir qu’en 250, les descendants de nos juifs esséniens venus en - 88 croyaient dans un christ du ciel qui est toujours au ciel et qu’ils refusaient le christ des évangiles ; et cela, même si les évangiles ont été écrits par des cousins lointains restés en Palestine. Le tympan de Sainte-Foy montre en 295 que c’est encore dans le ciel que se trouve le Christ en lequel ils croient.

      Les chapiteaux d’Autun sont apparemment à double interprétation. C’est probablement pour cela qu’il ne s’y trouve pas d’explications écrites. Mais l’évidence est qu’ils annoncent la venue de Constantin en sauveur de l’empire.

      Quant au Cléopas cité dans l’évangile, il est clair que c’est une main tendue à nos esséniens de la Gaule pour qu’ils se rallient au Jésus de Nazareth... une main tendue mais un peu forcée. Rien ne dit qu’ils s’y soient ralliés dès cette époque. Ce qui est amusant, c’est que le Christ représenté à Chalon, et ensuite dans d’autres temples, est probablement plus Cléopas que Jésus, ou en tous cas, plus Christ du ciel que Christ venu. 

      Ce sont ces descendants qui ont soutenu Constantin et Julien, croyant toujours majoritairement dans la venue d’un sauveur, habité par l’esprit de Dieu, certes, mais non Dieu lui-même (les Romains disent la même chose pour l’intronisation d’un empereur), et cela, même s’ils ont repris certains péricopes des évangiles. Dès lors, il ne faut pas s’étonner s’ils ont élevé les deux temples, à Autun et à Vézelay, pour célébrer leur naissance à l’empire.

    • Antenor Antenor 21 décembre 2016 21:13

      @ Emile

      Le problème est qu’on n’a pas la moindre trace écrite de ces Esséniens qui auraient refusé les Evangiles. Des auteurs chrétiens comme Eusèbe de Césarée se sont pourtant appliqués à décrire pour mieux les contrer les moindres sectes « judéo-chrétiennes » hérétiques à leurs yeux. Pourquoi auraient-ils passé sous silence un puissant mouvement galiléen aux portes du pouvoir en Gaule ?

      Que des Galiléens installés en Gaule avant le « phénomène Jésus de Nazareth » aient eu une interprétation divergente des Evangiles de celle de Pierre et Paul, c’est possible mais j’ai du mal à croire qu’ils aient refusé la messianité de Jésus de Nazareth. On n’entend plus parler des Esséniens après 70 et les groupes qui leur ressemblent comme les Ebionites reconnaissent Jésus de Nazareth comme messie.

      Avant les Evangiles, les Esséniens appliquaient la Loi à la lettre. Interdiction de représenter des figures humaines. Ce sont les Chrétiens qui ont changé cela. Les temples et leurs sculptures s’adressaient d’abord à la majorité de la population illettrée et non aux élites. Les paysans gaulois n’ont jamais entendu parler de messie juif avant leur évangélisation.

      Il n’est jamais clairement dit dans les Evangiles que Jésus est Dieu, ça c’est l’interprétation nicéenne. Jésus y est seulement fils de Dieu mais il annonce lui-même que tout le monde peut-devenir enfant de Dieu. Quand vous expliquez que lorsque tel apôtre s’adresse à Jésus, en réalité il s’adresse à Dieu, vous êtes en pleine interprétation nicéenne.

      Entre Nicée qui ne distingue pas Jésus de Dieu et la réécriture de l’histoire dans le Coran qui élague tout ce qui ne rentre pas dans son idée d’un Jésus homme, le compte n’y est pas. Jésus me semble être une sorte de mouvement informel qui s’est structuré peu à peu. Après coup, les auteurs de Evangiles n’ont pas été d’accord sur tout ce qui a été l’œuvre de Jésus comme si ses contours n’étaient pas vraiment clairs.


    • Antenor Antenor 21 décembre 2016 21:23

      Un peu comme aujourd’hui où les « experts » s’écharpent pour définir précisément ce qui relève ou non de telle idéologie ou tel mouvement artistique qui d’ailleurs souvent meurent et ressuscitent. Une école de pensée en quelque sorte. Si elle née en même temps que Jean-Baptiste, ce n’est pas un hasard mais elle occupe tout de même un périmètre plus vaste que son principal contributeur.


    • Emile Mourey Emile Mourey 22 décembre 2016 08:50

      @Antenor


      Il n’y a pas de traces écrites car on ne veut pas les voir. La grande différence entre le Christ de Gourdon et le Christ de Nazareth est que le premier n’est pas descendu, sauf dans les chapiteaux romans, alors que le second est descendu, reste à savoir comment et sous quelle forme. Partant de là, vous avez toutes les variantes qui ont occupé les débats des premiers siècles. Vous ne trouverez pas le terme d’esséniens car les esséniens ne s’appelaient pas ainsi dans les textes ; mais si Eusèbe s’est trouvé obligé d’écrire de nombreux textes pour convaincre de son interprétation des évangiles, c’est qu’elle n’allait pas de soi.

      En fait, on pourrait tout aussi bien dire que ce sont les évangiles qui s’inscrivent dans une espérance messianique peinte dans les fresques de Gourdon.

      Dans ce raisonnement, votre terme de Galiléens est impropre. Ces soi-disants esséniens se définissaient comme appartenant à une communauté : celle des saints de Dieu. C’est écrit dans la pierre de Sainte-Foy : « l’assemblée des Saints », qui n’est, ni plus, ni moins, que la grande assemblée de Dieu des textes de Qumrân. Ils ont eu leurs martyrs que l’Église a rajoutés à son calendrier. Ils leur ont élevé des églises pour honorer leur mémoire. Sainte-Foy témoigne, en revanche, en faveur d’un Seigneur, roi des Juifs, ce qui signifie qu’ils n’avaient pas renoncé à leur origine.

    • Antenor Antenor 23 décembre 2016 18:18

      @ Emile

      Comment savoir si le christ de la fresque de Gourdon et des chapiteaux romans n’est pas encore descendu ou s’il est déjà descendu et remonté au ciel comme celui des évangiles ?

      Il me semble que vous sous-estimez la frontière entre juifs et non-juifs avant les évangiles. Une partie de l’élite urbaine gauloise s’est sans doute intéressée au judaïsme comme on le voit en Grèce dans les tribulations de Paul mais de là à élever des temples en l’honneur d’un christ sur lequel les juifs eux-mêmes ne s’accordent pas... Les temples étaient avant tout destinés au culte public et s’adressaient à la population gauloise qui vénéraient les dieux locaux. A la rigueur, un dieu d’origine judaïque a pu se greffer au panthéon gaulois mais de là à en faire en faire le dieu principal, cela me semble irréaliste avant l’évangélisation.

      Et si les Gaulois reconnaissaient un autre christ que celui des évangiles, je vois mal comment l’église de Rome aurait pu leur imposer le sien au moment où l’empire s’effondrait.

      Les termes « galiléens » et « esséniens » étaient sans doute utilisés par leurs adversaires qui ne voulaient pas les désigner sous le nom de « Saints ». Le terme « Nazaréens » est d’ailleurs probablement aussi une déformation volontaire.


    • Emile Mourey Emile Mourey 23 décembre 2016 19:56

      @Antenor


      Pour faire simple, oubliez le christ gaulois ! L’idée d’un christ n’est pas d’origine gauloise mais juive. Cette idée de messie n’est pas née en Gaule, dans le druidisme, mais dans les textes esséniens de Palestine. Il n’y a pas de christ dans les chapiteaux des capitales gauloises de Bibracte et de Gergovie, ni dans ceux qui suivent jusqu’en - 88. Ce n’est qu’à partir de l’arrivée des 8000 juifs immigrés qu’on voit apparaître une espérance de messie, un christ encore dans le ciel. ..mais d’abord, seulement là où ces juifs se sont installés, à Gourdon dans les fresques, à Mozac dans le tympan sculpté (à Gourdon, les sculptures sont toujours dans l’héritage de Mont-Saint-Vincent et à Mozac, cela ne va pas plus loin que la « Virgo parutura »). Le Christ des évangiles vraiment descendu sur terre ne semble apparaître pour la première fois que dans les chapiteaux de Saint Austremoine d’Issoire, et ce n’est pas sûr. Le crucifié a tout l’air d’un volontaire qui se sacrifie comme dans le tympan de Perrecy-les-Forges, comme aujourd’hui aux Philippines. Cela signifie, certes, que l’évangile de Jean est connu mais peut-être seulement comme une prophétie qui reste à réaliser. À Notre-Dame du Port, il n’y a que du Protévangile de Jacques, qu’une espérance en Marie/Gergovie pour qu’elle enfante...suite à l’alliance entre les descendants celtes/chaldéens des anciennes capitales et les descendants des juifs immigrés. Les Gaulois des campagnes druidiques se sont faits avoir, une fois de plus. Sous la botte des deux guerriers portant la même étoile de David, ils tirent la langue. Peut-on parler de christianisme ? Je ne le pense pas. Les chapiteaux que nous avons étudiés ne nous montrent qu’un christ du ciel dans le ciel qui se fait certes de plus en plus présent mais qui n’est pas encore descendu et qui, de ce fait , n’a pas encore été crucifié. Il s’agit, somme toute, d’une espérance juive tout ce qu’il y a de plus classique.


  • Antenor Antenor 24 décembre 2016 14:13

    @ Emile

    Vu l’allure des chapiteaux, il est effectivement fort possible que Gourdon et Mont-Saint-Vincent aient été des temples païens reconvertis.

    A Chalon, le faible nombre de chapiteaux historiés donne à chacun d’entre eux une importance particulière. Je m’interroge beaucoup sur celui d’Abel et Caïn. Pourquoi quatre personnages au lieu de deux ? Ne s’agirait-il pas de gauche à droite de Gontran prenant la foule à témoin, Sigebert, Caribert l’aîné et Chilpéric leur-demi frère leur faisant face ?

    Le chapiteau dit de « l’apparition du Christ à Marie-Madeleine » ne mettrait-il pas en scène Brunehilde et son fils Childebert désigné comme héritier de Gontran ?

    Idem, le chapiteau d’« Emmaus » qui suit le précédent sert à présenter le nouvel oint à la foule des fidèles.

    Cela placerait la construction de la cathédrale de Chalon à la fin du 6ème siècle. Elle serait l’œuvre de Gontran et Brunehilde destinée à asseoir la légitimité de Childebert.

    Le plus beau temple de l’univers d’Eumène serait alors celui de Mont-Saint-Vincent, édifice d’un genre nouveau construit à la fin du IIIème siècle. N’est-ce pas là que l’Empereur a vu le IXP ?

    A mon avis, les constructeurs gaulois/romains/francs utilisaient des images tirées des Evangiles pour illustrer l’actualité politique de leur temps comme le faisaient les pharaons des millénaires plutôt avec la mythologie d’Héliopolis. A Notre-Dame-du-Port, il est aussi manifestement question de l’arrivée d’un nouveau roi mais cela ne veut pas dire que les commanditaires reconnaissaient uniquement le Protévangile de Jacques. Le reste des Evangiles ne leur était pas utile à ce moment là pour faire passer leur message. Dommage que nous ne connaissions pas la mythologie gauloise, elle nous aiderait beaucoup à déchiffrer les chapiteaux de Gourdon et Mont-Saint-Vincent.


    • Emile Mourey Emile Mourey 25 décembre 2016 12:27

      @Antenor


      Pourquoi reconvertis ? Que ces temples aient fait l’objet de réparations, jusqu’à des pans de murs comme, probablement au Crest, ce n’est pas un problème. Qu’il s’y trouve des chapiteaux plus récents que ceux d’origine, en général, cela se voit. Mais les chapiteaux d’origine, pourquoi voulez-vous qu’ils ne se soient pas conservés tels quels ainsi que le principal de l’édifice ? L’église du Crest est représentée telle quelle dans un chapiteau de N.D. du Port.

      Non seulement les chapiteaux de la cathédrale de Chalon sot ceux d’Adam et Éve, mais il s’y trouve une pointe d’humour, car si Adam est prêt à recommencer - ici, c’est lui qui est tenté par le serpent - Ève, quant à elle, se croise les mains sur le sexe en signe de refus (cf mon Dieu rayonnant, page 153).

      Je n’ignore pas les thèses absurdes que la ville de Chalon laissent courir et que reprennent aveuglement les auteurs. On sait à peu près tout sur le roi Gontran grâce à Grégoire de Tours. J’ai retraduit le texte de sa fondation du monastère de saint Marcel. Il se trouve à Sevrey et son église est la modeste église de Sevrey. Gontran était un soudard qui n’était que toléré par les évêques qui officiaient dans la cathédrale (mon "Épée flamboyante, page 259).

      Bis repetita, nous savons à peu près tout sur les Francs et les Burgondes grâce à Grégoire de Tours. Il parle de la cathédrale de Chalon-sur-Saône, mais sous le vocable d’Etienne. La description qu’il donne des grandes manifestations qui s’y sont tenues montre bien qu’il s’agissait d’un bâtiment important pouvant accueillir des foules et qui n’a rien de comparable avec l’église de Sevrey que j’attribue au roi Gontran.

      La mythologie gauloise ? voyez mes ouvrages. Il n’y a pas de mystère dès lors que vous acceptez de comprendre, primo, le druidisme des chapiteaux les plus anciens (divinité incarnée dans la nature et animant l’esprit de la cité), secundo, l’irruption d’une pensée juive (judéo-druidisme), tertio, avec un christ du ciel de plus en plus présent, quarto, puis l’arrivée d’une interprétation des évangiles mais à condition qu’ils annoncent la naissance d’un empereur de Rome. Ensuite, nous entrons dans les cathédrales gothiques des Francs pratiquement sans chapiteaux, car condamnés par l’Église.

    • Antenor Antenor 26 décembre 2016 20:58

      @ Emile

      Grégoire de Tours parle également de l’évêque Agricole qui aurait eu une grande activité de bâtisseur. Il précise que son église était soutenue par des colonnes comme si ça n’était pas encore la norme à l’époque.

      Sur le chapiteau d’Abel et Cain, le personnage de gauche portant le chapeau et la crosse est sûrement le bâtisseur de la cathédrale. Je l’identifierais volontiers à Agricole assistant un peu narquois à la lutte de succession entre les Mérovingiens avec Sigebert dans le rôle d’Abel et Chilpéric dans celui de Caïn.

      Les deux chapiteaux avec le Christ rappellent qui est le vrai roi du monde aux yeux de l’évêque.


    • Emile Mourey Emile Mourey 27 décembre 2016 01:03

      @Antenor


      ecclesiam fabricavit, quam colomnis fulcivit.

      Traduction : il fit des travaux à l’église en la soutenant, en l’étayant, par des colonnes.
      Oui, c’est très intéressant. Il s’agit soit des arcs boutants, soit de colonnes qui sont venus renforcer les piliers intérieurs existants. À certains endroits, les raccords sont encore visibles. 

      Le mot latin qu’aurait utilisé Grégoire de Tours aurait été « aedificare » et certainement pas  « fabricare » qui a plutôt le sens de bricolage. La traduction que vous avez peut-être trouvée sur wikipédia est nulle et stupide : on élève pas une église qu’on soutient par des colonnes. Cela ne veut rien dire..                                                    

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