lundi 13 février 2017 - par Daniel MARTIN

Présidentielles 2017 : Mais, où est donc passée l’écologie ?

Vers Un nouveau mariage PS - EELV 

Après le rassemblement de Lyon en Novembre 2010 qui avait porté l’écologie politique sur l’avant scène politique avec la fondation d’EELV, la victoire de François HOLLANDE et la « tambouille » politicienne qui a suivi, notamment avec la prise de pouvoir d’EELV par les DUFLOT- PLACE et l’accession Ministérielle de Madame, EELV ou plus exactement les « Verts » sont devenus une caricature d’écologie.

Dans la perspective des élections Présidentielle de 2017, alors que Cécile DUFLOT qui oscillait entre MELENCHON et HAMON avait finalement choisi l’intérêt de la « gamelle », c'est-à-dire : tenter de sauver son siège de Député à Paris en appelant à un rassemblement EELV- PS derrière Benoit HAMON. Toutefois, les adhérents à Europe Ecologie-Les Verts et les votants à la primaire pourront se prononcer la semaine prochaine, sur la tenue de discussions avec Benoît HAMON et Jean-Luc MELENCHON (http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/02/10/eelv-les-negociations-avec-hamon-et-melenchon-soumises-au-vote-des-sympathisants_5077884_4854003.html). Si on se réfère au sentiment qui semble prévaloir chez de nombreux « Verts », nul doute que la décision se fera en faveur du candidat PS, jugé « écolo-compatible ». Il est vrai que Benoit HAMON n’a pas de gros efforts à faire sur la question écologique par rapport aux « Verts » qui ont depuis longtemps exclu les fondamentaux de cette problématique de leur champ de réflexion.

JADOT abandonnerait sa recherche de parrainages pour se ranger lui aussi derrière le candidat du PS, avec lequel il a engagé des discussions. Le même JADOT qui peine à recueillir ses 500 parrainages avait par ailleurs préalablement cherché à joindre MELENCHON, lequel, avec ses 10 à 15% d’intentions de vote, ne souhaitant pas se plier aux injonctions d’un candidat pesant électoralement moins de 2%, n’avait guère manifesté d’enthousiasme. Vu leurs positions guerrières réciproques pro atlantistes à l’égard de la Syrie et de la Russie qui sont aux antipodes de l’écologie, EELV et le PS de Benoit HAMON devraient s’entendre comme « larrons en foire »…

Benoit HAMON n’a que très peu de chance d’être présent au second tour et peut se permettre de faire beaucoup de promesses sur le volet sociétal et écologique, de ce point de vue, il n’a pas trop d’effort à faire, vu le déficit d’écologie des « Verts »… Entre les déboires de François FILLON qui, semble-t-il, aurait abusé des subsides que lui permettait ses fonctions, Mme. LE PEN et ses problèmes financiers avec le parlement Européen ou le refus qui parait suspect de MELENCHON, de publier aux médias son patrimoine, ainsi qu’Emmanuel MACRON qui n’échappera pas à certaines vindictes dénonciatrices, il n’est pas exclu que le candidat du PS parvienne par défaut au second tour. 

EELV ou l’art de se laisser volontairement berner par le PS et « d’abuser » les écologistes

En ne cessant d’affirmer, presque « les yeux dans les yeux » qu’ils voulaient un retour aux sources, c'est-à-dire : ne plus servir de caution au PS, ou à la Gauche, mais réaffirmer l’identité de l’écologie pour ces élections, dans un soucis de rassemblement des écologistes, EELV avait organisé des primaires pour désigner leur candidat(e) à l’élection Présidentielles …Aujourd’hui, pour justifier un rapprochement avec Benoit HAMON, voire MELENCHON, EEELV affirme : « pour la première fois, les combats et les propositions portés depuis toujours par les écologistes sont au coeur des projets des candidats de la gauche »… L'Ecologie est-elle soluble dans un programme de Gauche et de quelle Gauche ? Quel fut le bilan pour l’écologie d’un accord avec le PS sous JOSPIN avec VOYNET ou celle de l'accord EELV-PS en 2012 avec HOLLANDE ? Hormis un ou deux Ministère croupion et quelques parlementaires, dont certain(e)s se sont distingué(e)s par leur opportunisme ?... En quoi, le PS est-il vraiment écolo ? Et HAMON, au-delà de belles paroles électorales, donne-t-il un signe qu'il est devenu écologiste ? En quoi, être pour le cumul de trois mandats seulement (alors qu’il faudrait interdire tout cumul) et une dose de proportionnelle est-il écolo ? HAMON s'est déjà pas mal « recentré », se refusant à l'inventaire du quinquennat dont il a été Ministre et il doit composer avec les partisans de VALLS, dont on connait les positions incompatibles avec l’écologie.  A l’évidence, EELV se vautre dans une sorte de « vomissure » politicienne qui rejaillit très défavorablement sur l’écologie en général et sur les écologistes en particulier, alors que l’immense majorité d’entre eux, exempt de toute salissure politicienne, ne sont, ni ne se reconnaissent à EELV.

Non, l’écologie politique ne saurait se réduire à de la « vomissure » politicienne

Il serait d’ailleurs temps que les médias cessent de qualifier les DUFLOT, PLACE, DE RUGY, COSSE, POMPILI, JADOT et d’une manière plus générale EELV d’écologistes, alors que ce sont des « Verts », désormais et durablement un parti politique de gauche, dont certains d’entre eux se situent plus à la gauche de la gauche qu’à la Gauche…S’il reste encore quelques écologistes authentiques à EELV, ils se font de plus en plus rares et doivent de toute façon assumer les choix politiques de ce parti ou en sortir.

L’écologie sera-t-elle absente des débats aux élections Présidentielles de 2017 ?

Excepté la transition énergétique et quelques aspects environnementaux de l’écologie que d’autres d’ailleurs évoquaient aussi bien que lui à Gauche, y compris Emmanuel MACRON, même si comme tous les autres il fait une confiance absolue à la croissance et aux discours d’avenir portant sur la « croissance verte », on ne peut pas dire que la candidature de M. JADOT était réellement écologiste, quand il s’exprimait dans les médias. Son discours très politicien concurrençait souvent les autres candidats de Gauche sur le plan sociétal… Nous avons besoin d’une culture politique qui prétend être à l’égal des pensées libérales ou socialistes et ne peut être absente du seul débat national que nous offrent aujourd’hui les échéances électorales. Tel est le sens d’une candidature écologiste authentique et sincère afin d’informer nos concitoyens des risques qui les menacent et proposer des mesures indispensables pour permettre de relever les défis qu’impose la gravité de la situation écologique. Contrairement à JADOT et après le désistement de Nicolas HULOT, il ne reste plus que WAECHTER qui soit le représentant authentique de l’écologie pour une candidature de témoignage, mais parviendra-t-il à obtenir les parrainages suffisant ? Il appartient aux élu(e)s concerné(e)s qui sont sollicités d’en décider…                              

Mais pourquoi faudrait-il absolument une candidature écologiste aux Présidentielles ?

« Mon père se déplaçait à dos de chameau, moi je me déplace en voiture, mon fils se déplace en avion et mon petit fils se déplacera à dos de chameau » Dicton moyen oriental

Certains « démographoseptiques », « climatoseptiques » et tant d’autres partisans d’une croissance débridée qui est d’ailleurs totalement impossible pourraient se réjouir de l’absence d’une candidature écologiste, mais la nécessité d’une candidature authentiquement écologiste en 2017 et hors des clivages politique qui s’inscrit dans le prolongement de la candidature de René Dumont en 1974, et de la fidélité à sa pensée, est absolument nécessaire, pour rappeler l’essentiel des défis que nous devrons relever.

Aujourd’hui, personne ne peut contester que nous sommes face à une gravité croissante de la situation de la planète et qu’il nous faut affronter les défis écologiques du XXIe siècle qu’elle suppose. Malgré l’intérêt que tous semblent vouloir accorder à l’écologie, avec toutefois des nuances, les défis qu'il faut relever, n'ont été, ne sont et ne pourront être réellement placés au cœur des préoccupations des dirigeants et responsables politiques français de Droite comme de Gauche, au premier rang desquels la problématique démographique, la décroissance qui est inévitable ainsi que la sixième extinction animale de masse. Les espèces animales disparaissent environ cent fois plus rapidement que par le passé. Les estimations les plus optimistes montrent que la faune de la Terre est en train de subir sa sixième extinction de masse, selon une étude publiée par des experts des universités Américaines de Stanford, de Princeton et de Berkeley, notamment.

Au cours des quarante dernières années, la population de la planète a quasiment doublé, tandis que d’après le dernier rapport « Living Planet Index » de la Société zoologique de Londres, qui mesure l’état de la biodiversité mondiale, le nombre de populations animales (ensemble d’individus d’une même espèce vivant dans une même zone géographique) aurait diminué de moitié entre 1970 et 2010, ainsi que la population marines. Parallèlement, selon B. SUNDQUIST de l’université du Minesota, à l'échelle du globe, les pertes de surfaces arables sont estimées en moyenne à 100 000 km2 par an. Autrement dit, en quarante ans c’est la superficie des 28 pays Européens. Au cours des douze dernières années (2003 -2015) la population de la planète a augmenté d’un milliard d’habitants, quand il a fallu plusieurs millénaires pour atteindre ce chiffre.

A aucun moment la menace du réchauffement climatique avec le décalage entre les ressources disponibles et la croissance démographique, ainsi que la faiblesse des stocks alimentaires ou l’effondrement de la biodiversité n’ont et ne trouvent leur juste place dans les discours et à fortiori dans les actions politiques des responsables politiques Gauche – Droite et à fortiori du FN.

Depuis plus de deux siècles, nous sommes en train de nous extraire de l’Holocène, une période interglaciaire commencée il y a plus de 10 000 ans et qui a fourni des conditions environnementales extrêmement stables, permettant le développement mondial que nous connaissons. Par une expansion démographique non maîtrisée et grâce aux énergies fossiles, en particulier le pétrole qui lui ont permis un développement considérable, l’Homme est devenu une force géologique qui nous fait entrer dans une nouvelle ère que les scientifiques dénomment « l’Anthropocène. 

De plus, avec la quatrième révolution industrielle, des nouveaux gros besoins énergétiques

Avec la quatrième révolution industrielle on se retrouve au coeur d'un système global interconnecté qui va remplacer totalement l’intervention de l’homme dans de nombreux secteurs de l’économie, y compris dans des taches manuelles que n’avait pas fait disparaitre la troisième révolution industrielle (1970- 2010). Contrairement à certaines idées reçues qui laisseraient supposer que les nouvelles technologies du numérique seraient moins énergivores, il y aura besoin de beaucoup plus d’énergie, notamment d’électricité et des métaux issus des terres rares.

Pour rappel : Bien qu’il existe de grandes disparités dans l’accès à l’électricité selon les régions du monde. Si certains pays souffrent encore de pénurie électrique, la consommation électrique globale connaît pourtant une croissance constante depuis 1971 qui a été multipliée par 3,2, alors que la population mondiale a été multipliée par un peu moins de 2, ce qui est considérable et ne semble pas prêt de s’arrêter. Pas un pays n’a connu une stagnation de la consommation entre 1971 et 2013. Tous, sans exception, y compris parmi les pays les plus déshérités, ont eu une consommation annuelle en progression constante par habitants, qui va s’amplifier à cause des besoins légitimes des populations du tiers monde, de la croissance démographique et les exigences des nouvelles applications de l’intelligence artificielle, inhérent à la quatrième révolution industrielle.

Les terres rares (http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/documents/Panoramas_Metaux_Strateg/rp-65330-fr_labbe-final_160119.pdf)

Les terres rares qui ne sont pas si rares que cela. Leurs gisements assez vastes pour que l’exploitation soit commercialement rentables avec les technologies actuelles. La Chine détient 48 % des réserves mondiales, mais représente aujourd’hui 95 % de la production mondiale. Rappel : Les terres rares sont un ensemble de 17 éléments rares qui présentent des propriétés chimiques voisines (exemples : lanthane, néodyme, europium). Le groupe des terres rares comportent 17 éléments, dont certains sont assez répandus. Par contre les réserves de certaines terres rares lourdes sont menacées : le dysprosium, le terbium, extraits à 99% en Chine... leur exploitation détruit les terres arables et est nuisible à l'environnement si elle n'est pas contrôlée. Le dysprosium permet d'alléger le poids des aimants composant les moteurs électriques de 90%. Le terbium permet de diminuer la consommation des ampoules électriques de 80%.

Grâce à un aimant de néodyme, les éoliennes nécessitent également des quantités de néodyme importantes : jusqu’à 600 kg pour une éolienne de 3,5 mégawatts ! Les voitures électriques qui sont une mauvaise solution énergétique aux déplacements individuels et les hybrides peuvent contenir plusieurs kilogrammes de terres rares, notamment dans la batterie et le moteur. Leur moteur consiste en puissants aimants faits de néodyme et de dysprosium, leur batterie nécessite du lanthane, du cérium, du néodyme et du praséodyme. Par exemple, chaque moteur de la Prius de Toyota exige 1 kg de Néodyme et environ 10 kg de lanthane. La voiture représente 70 % du marché américain pour les véhicules hydride.

L’indium n’est pas une terre rare mais est sur la liste des 14 matières critiques pour l’Europe. Sans lui, plus de Smartphones et plus de panneaux solaires photovoltaïques. Cet élément donne en effet vie aux écrans tactiles et est un constituant important des panneaux solaires.

Tous ces marchés sont encore à forte croissance et ne cesseront de l’être, alors que les réserves s’amenuisent… Quand est-ce que l’approvisionnement deviendra critique et quelles seront les conséquences pour les secteurs ? La question est posée et inquiète les spécialistes. Malgré des opérations de recyclages, assez marginales, la demande mondiale de terres rares augmente chaque année de 6 %, notamment du fait des nouvelles technologies, mettant le marché sous forte pression. Les secteurs de l'exploitation des terres rares correspondaient en 2010 à environ 1,3 milliard de dollars. D'une valeur annuelle de 1,35 milliard de dollars actuellement, ce marché devrait peser actuellement plus de 3 milliards de dollars.

La demande mondiale de terres rares (qui reflète la consommation) est estimée de 110 000 à 130 000 tonnes selon les sources. Le terbium et l’yttrium font partie des terres rares les plus dures à trouver et parmi les plus chères. Au rythme actuel de consommation, leur approvisionnement devient critique depuis 2014, estime l'Ademe dans un rapport. En savoir plus :

Pour conclure

Ni optimisme béat sur les nouvelles technologies du numérique, comme certains candidats potentiels aux Présidentielles peuvent le prétendre où l’espérer, persuadés que cela ouvrira de nouvelles perspectives de croissance, ce qui apparait d’ailleurs impossible. Ni catastrophisme exacerbé, à condition d’engager à l’échelle mondiale une réflexion urgente sur la problématique démographique, notamment par son inscription à l’ordre du jour de la prochaine COP 23 les 6-17 Novembre 2017 En Allemagne. Sans oublier que la diminution avec en perspective la fin des énergies fossile, la décroissance économique s’imposera de gré ou de force avec les violences que l’on peut imaginer, aggravé par des conflits inter cultuels, dès lors il faut informer la population et agir pour parvenir à une décroissance qui soit la plus équitable possible. Ne nous y trompons pas, l’élévation absolument souhaitable du niveau de vie des pays les plus pauvres ne pourra se faire que par une baisse du niveau de vie des pays riches, mais aussi par une décroissance démographique équitablement choisie. 

 



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