jeudi 6 juillet 2017 - par Daniel MARTIN

PS, LR, Verts, « Boulevard du crépuscule »…

Quel parallèle entre le film « Boulevard du crépuscule » les formations politiques PS, LR, Verts et l’ascension fulgurante d’Emmanuel MACRON ?

Bien que l’on ne puisse établir un parallèle direct avec le scénario du film « Boulevard du crépuscule », aujourd’hui la situation politique de certaines formations politiques et le rôle joué par Emmanuel MACRON ne rappelle-t-il pas certains personnages de ce film ?...

Le résumé de ce film de Billy WILDER réalisé en 1950 est à peu près le suivant : Norma DESMOND, ancienne grande actrice du muet vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max Von MEYERLING, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe GILLIS, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, intitulé « Salomé ». Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. De MILLE de tourner à nouveau avec elle, GILLIS commence à prendre ses distances...

Si l’on peut établir une comparaison entre Emmanuel MACRON et le personnage du film Joé GILLIS, excepté que MACRON n’était pas « sans le sou » il a, lui aussi, pénétré un peu par hasard dans une luxueuse résidence ou plutôt un somptueux palais Parisien du faubourg St. Honoré. Après avoir charmé le PS et celui qui allait devenir Président de la République en 2012 et maître des lieux, il a commencé à prendre ses distances pour mieux jouer sa carte personnelle… Comme dans le film, avec le personnage Norma Desmond, le PS, mais aussi LR et les Verts se sont progressivement enfermés dans une sorte de paranoïa où seule ne comptait que préparer la réussite d’un leader aux Présidentielles, ces partis politique en furent ainsi réduits à la seule fonction « d’écurie Présidentielle »… J’arrête la comparaison avec le film pour en revenir à la réalité politico – sociétale de notre pays. En délaissant ainsi des problématiques sociales, économiques, écologiques, notamment démographiques environnementales et climatiques avec toutes les conséquences qui en découlent et qui va les conduire à l'auto disqualification, sans compter les « affaires » et les promesses non tenues, ça s’est traduit par un terreau favorable aux ambitions du nouveau locataire de l’Elysée. Toutefois, cela n’explique pas totalement pour autant son ascension fulgurante et la désintégration, tout aussi rapide de ces formations politiques, en particulier le PS. 

Emmanuel MACRON avec « En marche », bien, et nul n’en doute, qu’il ait bénéficié de généreux soutiens financiers, sa réussite et son ascension en un temps aussi bref ne saurait s’expliquer seulement par ce fait ou celui de sa participation Gouvernementale, même si cela l’a aidé. Son succès s’est surtout bâti en s’appuyant sur la conjugaison, à la fois d’une organisation centralisée autour de sa personne, avec quelques idées générales de projet politique et des structures de base (comités locaux) servant de liaison entre les désidératas exprimés par la population et le staff national, le tout admirablement bien relayé par les médias. Comme l’a souligné  Boris CYRULNIK, psychiatre et écrivain qui a travaillé deux ans avec Emmanuel MACRON : « un tel succès, n'est pas dû au hasard, mais à l'auto disqualification des politiques de gauche et de droite. A gauche, avec les frondeurs François HOLLANDE n'a pas été attaqué par la droite, comme c'est la règle démocratique, mais par sa propre famille. On observe le même phénomène à droite. Individuellement, des personnalités se sont agressées. Les Français en ont marre de ces disqualifications haineuses, des politiques qui sèment la haine, de leurs petites phrases... Et, au milieu, MACRON a émergé, tout sourire. Il est encore pur parce qu'il est jeune, aucune charge ne pèse sur lui. La droite et la gauche l'ont mis en place. Dans l'imaginaire collectif, c’est lui le sauveur. Cette situation psycho-culturelle lui a ouvert un boulevard qu'il a eu le talent de mettre à profit. Ce sont ses adversaires qui lui ont permis d'endosser ce costume de sauveur  »...

On peut ajouter qu’en exploitant une forme de « populisme positif », contrairement à Mme. Le PEN qui a bâti son projet sur un « populisme très négatif », parfois violent et dangereux par la recherche permanente de boucs émissaires, en particulier l’immigration et l’Europe, ou Mr. MELENCHON qui s'appuit sur "un populisme social "de lutte de classe plus classique, Emmanuel MACRON  a saisi l’opportunité de ce « populisme » dans lequel « s’engouffrait » la majorité de la population. Outre quelques propositions alléchantes et nécessaires en direction des petites entreprises, ou d’autre catégorie de la population, l’idée selon laquelle il fallait changer la politique en dépassant les clivages Gauche – Droite, c'est-à-dire : « prendre ce qu’il y a de meilleurs à Gauche et à Droite dans le seul intérêt général pour sortir le pays de la crise » formule du reste souvent utilisée par nos concitoyens totalement dépolitisés. Comme si ce qui est bon à Droite et à Gauche pour les uns, l’ait forcément pour les autres ?... Certes, il y a de forts dénominateurs commun entre les uns et les autres concernant les Droits fondamentaux, mais cela ne signifie pas pour autant que Communistes, Socialistes, libéraux, écologistes, souverainistes etc. puissent partager un programme identique de gouvernance, car ils seraient tous les même. 

Pris dans une sorte de paranoïa pré-Présidentielles permanente, PS, LR et leurs alliés respectifs, Verts et UDI se sont totalement déconnectés de la nouvelle réalité écolo-économico-sociétale

L'auto disqualification des politiques de gauche et de droite résulte essentiellement d’une sorte de paranoïa, dont seule ne comptait que la sélection d’un leader pour les élections Présidentielles, ces partis n’étant plus relégués que le rôle d’écuries Présidentielles. Ils n'ont eu de cesse de se dévaloriser avec des conflits internes, situation aggravée par l’usage des « primaires ». En ne s’attachant dans leur « projet » qu’à l’écume des choses, ils ont totalement perdu de vue les profonds changements de société qui s’annoncent. La nouvelle révolution numérique ou quatrième révolution industrielle va profondément affecter nos sociétés sur le plan culturel, social, économique et écologique avec ses problématiques démographiques, environnementales et climatiques.

Jeremy RIFKIN, homme clé de la prospective mondiale, est l’auteur du livre intitulé la « Troisième révolution industrielle », ouvrage dans lequel il analyse l’étouffement de nos économies sous la dépendance des énergies fossiles. En étudiant les conditions qui ont déclenché les grandes révolutions économiques de l’histoire, il observe qu’elles se produisent à chaque fois que de nouvelles technologies de communication apparaissent et se conjuguent simultanément avec de nouvelles sources d’énergies. Selon lui, la crise que nous connaissons aujourd’hui tient au fait que nous cherchons à restaurer ou prolonger artificiellement les « vieilles recettes » de la deuxième révolution industrielle.

Avec le « Big Data » qui signifie méga données, grosses données ou encore données massives nous sommes en train de nous extraire de la troisième révolution industrielle et entrons bien dans une quatrième révolution industrielle. Faite de numérique, mais aussi de robotique, d'internet industriel, d'automatisation, d'ordinateurs surpuissants, de biotechnologies, elle déferle sur l'économie-monde C’est une nouvelle façon d'organiser les lieux de production caractérisée par une interconnexion des machines entre elles (via internet) mais aussi entre elles et l’extérieur (clients, partenaires, autres sites de productions). C’est aussi accroître la flexibilité de la production et d’optimiser la gestion des ressources au sein d’usines intelligentes, modulaires, qui intégreront de bout en bout toutes les interactions nécessaires à la vie d’un produit, de sa conception à sa commercialisation et à sa maintenance. On définit aussi la 4ème révolution industrielle, dans laquelle nous entrons à marche forcée, par la convergence des technologies du numérique, des biotechnologies, et de la physique de l'infiniment petit.

Incurie des deux formations traditionnelles de la Gauche et de la Droite avec leurs alliés respectifs pour répondre aux problématiques nouvelles qui vont affecter nos sociétés.

La quatrième révolution industrielle marque une rupture avec la troisième qui s'accompagne d'une réorganisation complète du monde du travail, à la fois moteur et conséquence de celle-ci. Si la troisième révolution industrielle a rompu avec le fordisme et le Taylorisme, c'est-à-dire à une myriade d’ouvriers généralement sans qualification qui exécutait des taches simples et répétitives sur des chaines de montage remplacées par la robotisation, celle-ci limitée à des séries d’opération précises, par exemple d’assemblage, dépendait toutefois de l’intervention humaine pour des taches de surveillance, de contrôle, d’arrêt et de mise en route.

Avec la quatrième révolution industrielle c’est un nouveau concept d’entreprise complètement « virtualisée » qui permet de modéliser en 3D à la fois l’environnement de production, les processus de production, et les produits eux-mêmes, ce qui lui permet de se reconfigurer dynamiquement pour différents types de production en fonction de la demande et de l’usage des produits.

Toutes les machines, opérateurs, produits, physiques ou virtuels, communiquent entre eux, via l’Internet. Les chaînes d’approvisionnement, de production, de maintenance deviennent collaboratives. On utilise dans cette évolution l’ « Internet des objets », où tout objet à l’intérieur comme à l’extérieur de l’usine devient également un capteur connecté qui communique avec son environnement de production et d’usage via des réseaux intelligents. La boucle d’amélioration des produits est ainsi optimisée, comme leur maintenance. A terme l’intervention humaine n’est même plus nécessaire pour les opérations de transport (véhicules sans chauffeur) et de manutention, les robots se chargeront de ces opérations, changeant par là même de statut… Mais cela aura un coût énergétique, avec les conséquences au niveau des ressources fossiles que cela suppose.

En plus des conséquences sur le plan énergétique, il y aura aussi des effets sur l’emploi.

D’après les experts du forum économique mondial de Davos, en l’absence de toute réflexion, débats et mesures adaptées par le pouvoir politique, croissance démographique aidant, 5 millions d'emplois seront détruits dans les pays développés d'ici 2020. Le numérique et la robotique créeraient 2 millions d'emplois, mais en détruiraient 7 millions dans les cinq ans à venir. Une prédiction qui va dans le même sens que les études de l'Université d'Oxford et du cabinet Roland Berger, selon lesquelles près de la moitié des métiers actuels vont disparaître d'ici une vingtaine d'années…

 Certes, il nous est aujourd’hui impossible de prévoir la nature et le type de nouvelles activités que générera forcément la 4ème Révolution industrielle d’ici les 20 prochaines années, comme il était impossible à la fin des années 80 d’imaginer le bond du virtuel et du numérique qui contribue aujourd’hui à l’émergence de nouvelles formes d’emploi, notamment par les plateformes numériques. Des formes hybrides d’emploi, à la frontière du salariat vont apparaître et se développer. En France, par exemple, le statut d’auto-entrepreneur préfigure parfaitement ce type de forme hybride d’emploi. Pour les entreprises, ce système a l’avantage de faire diminuer ses coûts. De leur côté, les travailleurs bénéficient d’un contact direct avec leurs clients, sont libres de décider de leurs horaires et peuvent combiner plusieurs activités. Bien que juridiquement indépendants, ils échappent à un lien de subordination tel que le définit un contrat de travail, mais ils ne peuvent qu’être dépendants économiquement de plateformes numériques, avec tous les risques que cela implique.

Une réforme du code du travail qui doit mieux intégrer les nouvelles redéfinitions du rapport au travail

 Le gouvernement réforme le droit du travail. Et bien que selon le Premier ministre qui s’est exprimé devant les députés le mardi 4 juillet dans le cadre de son discours de politique générale, il ne s’agit que d’une étape. Dès octobre, il a annoncé que son gouvernement s’attaquera à la refonte de l’apprentissage, de la formation et du système de l’assurance chômage. Il a déclaré qu’un plan d’action sera présenté au printemps 2018. Problème, alors que la quatrième révolution industrielle implique une nouvelle redéfinition du rapport au travail, notamment avec la multi-activité, telle que certains peuvent la pratiquer aujourd’hui de façon marginale, mais qui va inévitablement se développer, la réforme du code du travail, même si elle fait bouger aux marges, ne semble pas intégrer ces nouvelles problématiques. Un effort particulier et imaginatif en direction de la micro entreprise, entreprise individuelle ou auto entrepreneurs est à faire par rapport à la multi activité et aux montants des chiffres d’affaire, dont les plafonds doivent être beaucoup plus élevés.

Par ailleurs, ne pas intégrer la problématique démographique est suicidaire

Avec la Quatrième révolution industrielle, nous entrons dans une sorte d'inconnue, une forme de créativité destructrice. Cela inquiète certains, autant que cela en enthousiasme d’autres. 

A partir de la seconde révolution industrielle, avec le pétrole et l’électricité cela a permis une consommation de masse, amplifié avec la troisième révolution par un important développement du secteur des services. La surexploitation des sources d’énergie fossiles, charbon, gaz naturel, pétrole, uranium, sans compter les terres rares, dont les métaux sont utilisés dans des fabrications de hautes technologies, avec un fort développement économique et une explosion démographique qui l’accompagne (la population mondiale passe de 3,7 milliards en 1971 à plus de 7 milliards d’habitants en 2013) ces deux phénomènes s’accompagnant d’une accélération de la dégradation de l’environnement, de la destruction de la biodiversité et de la perte annuelle moyenne d’environ 100 000 Km2 de terres arables nourricières. Entre 1971 -2013 c’est presque la superficie des 28 pays de l’U.E. Les effets, en particulier sur le climat sont désormais irréversibles. L’homme, par son nombre et sa puissance économique est devenu une force géologique qui peut être destructrice à terme de toute vie sur terre.

Comme l’indiquent Philippe BIHOUIX et Benoît de GUILLEBON, auteurs de l’ouvrage français de référence sur la question (Quel futur pour les métaux ?, EDP Sciences, 2010) :« Certes, on peut espérer encore beaucoup des progrès techniques et des innovations. Mais pour rendre nos sociétés réellement durables, en tout cas du point de vue de notre consommation ‘métallique’, il faudra sérieusement les orienter vers l’économie de ressources à moyen terme, plutôt que vers la recherche de profit à court terme. Nous en sommes encore loin. » Et de rappeler que le pétrole n’est pas la seule matière première que menace le prurit de la société de consommation. Le cuivre, le zinc, l’or et l’uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales semblent en voie d’épuisement. Tout simplement parce que pour creuser des mines, il faut de l’énergie. Beaucoup d’énergie. Aujourd’hui, 8 à 10 % de l’énergie primaire est consacrée à extraire et raffiner les ressources métalliques, notamment pour l’acier et l’aluminium.

Pour conclure

Avec la sixième extinction des espèces, dont les précédentes avaient été causées par des transformations naturelles ou des chutes catastrophiques d’astéroïdes, l’extinction en cours est causée par l’activité humain et selon que l’on s’orientera vers l’économie draconienne des ressources ou non, une baisse équitablement choisie de la démographie ou non, la quatrième révolution industrielle risque d’être la der des ders et ne pas finir le siècle, sans sombrer dans une violence sociale et cultuelle généralisé… Mais PS, LR et leurs alliés respectifs, Verts et UDI vont-ils s’en préoccuper ?... On peut en douter, comme pour LREM qui risque de suivre le même chemin, pour le pire à venir… 

 



4 réactions


  • leypanou 6 juillet 2017 09:11

    Dans l’imaginaire collectif, c’est lui le sauveur. : ce n’est pas dans l’imaginaire collectif, mais dans l’imaginaire des personnes lobotomisées via un matraquage médiatique sans précédent.

    Les formules creuses du genre : « il n’y a plus de clivage gauche-droite », ou « il faut faire travailler ensemble les meilleurs de chaque camp » n’ont jamais été aussi présentes.

    Par contre, vous avez raison : le PS, les Verts et les LR ne représentent presque plus grand chose idéologiquement, tout ce qu’ils peuvent proposer l’est déjà par les LREM.


    • Le421... Refuznik !! Le421 7 juillet 2017 14:08

      @leypanou
      Et depuis très longtemps, j’ai même quitté le PCF en constatant que même ce parti, en faisant gâterie sur gâterie au PS, n’était plus de gauche...

      Et j’ai remarqué avec quelle constance coupable LREM n’a pas été qualifié « de droite », alors que même le Parti Socialiste en faisait parfaitement partie.

      Ce pays est donc une contrée de friqués et de malades atteints du Complexe du Larbin*...
      https://www.youtube.com/watch?v=h_krFtUbRns

      Bon visionnage !!


  • Paul Blobel 6 juillet 2017 09:47

    « Et de rappeler que le pétrole n’est pas la seule matière première que menace le prurit de la société de consommation. Le cuivre, le zinc, l’or et l’uranium figurent parmi les principaux métaux dont les ressources mondiales »


    Que nenni , M. Martin , Spartacus et ses développeurs durables (du rable ?) vous expliqueront qu’ à peine 1% des ressources de la terre ont été exploitées et que l’ omnipotente et omnisciente technocul permettra d’ exploiter les 99% restant même s’ ils devaient creuser jusqu’ au noyau terrestre !!!!!!!. 
    Si cela n’ était pas possible , alors , ils enverraient des engins téléguidés dans l’ espace « capteurs » d’ astéroïdes riches en matériaux divers pour les ramener sur terre et les exploiter ad nutum .
    Pour ce qui est de la ma^trise démographique à échelle planétaire , il est vain d’ espérer un changement de cap vers un malthusianisme généralisé : la folie s’ est emparée du monde consommatoire !

  • Le421... Refuznik !! Le421 7 juillet 2017 14:04

    Comment dire...
    Si haut que l’on soit assis, ce n’est jamais que sur son cul.

    Et plus dure sera la chute !!


Réagir