samedi 8 juillet 2017 - par rosemar

Réhabiliter l’exercice de la dictée...

L'orthographe n'est plus à la mode et l'exercice de la dictée s'est éloigné des exigences que l'on attendait autrefois des élèves : des dictées préparées, des dictées à trous leur sont proposées.
 
Pour le brevet des collèges, la dictée est notée sur 5 points alors que l'analyse d'un texte et la rédaction sont évaluées sur 40 points : on perçoit, ainsi, le peu de valeur accordée à l'orthographe.
 
Dès lors, il n'est pas étonnant que des élèves arrivent en seconde, avec de grosses lacunes et comme l'orthographe n'est plus enseignée en lycée, il est difficile pour eux de rattraper leur retard.
 
Il serait temps de réhabiliter, enfin, cet exercice : la dictée, il serait temps de rétablir un véritable apprentissage de la grammaire et de l'orthographe qui vont de pair.
 
Il est essentiel d'apprendre et de maîtriser les conjugaisons, de connaître les modes, les temps, les voix, il est essentiel de comprendre le fonctionnement de sa langue.
 
La dictée est, ainsi, un exercice très formateur : elle permet de découvrir des extraits choisis des grands auteurs, elle est l'occasion de se concentrer sur des textes courts, de relire attentivement ce que l'on a écrit.
 
Et on sait que la concentration a tendance à se perdre dans notre monde où défilent toutes sortes d'images.
L'orthographe est aussi un retour aux sources, à l'étymologie des mots, à leur origine : ainsi, le mot "théâtre" issu du grec vient d'un verbe ancien : "théaomai" qui signifie "regarder, voir".


Le théâtre se définit, ainsi, avant tout, comme un art du spectacle.
Le mot "temps" vient du latin "tempus", et ce n'est pas par hasard s'il s'écrit avec un "s" final...
Le nom "orthographe" a lui-même une origine grecque bien connue.
 
De plus en plus d'étudiants arrivent en faculté et ne maîtrisent ni la grammaire, ni l'orthographe : ils rencontrent, alors, d'énormes difficultés dans leurs études.
 
Bien sûr, il serait, sans doute, utile de simplifier certaines règles d'accord du participe passé jugées trop complexes, mais il faut conserver l'âme de notre langue, ses origines, sa structure.
 
Il est, donc, essentiel de réhabiliter les leçons d'orthographe qui favorisent la mémorisation trop souvent négligée dans notre enseignement.
Il est essentiel de comprendre le fonctionnement de la langue que l'on parle...
 
Non, l'orthographe n'est pas la science des ânes, comme on le dit souvent : elle est nécessaire à une bonne compréhension, elle aiguise la curiosité, elle entraîne la mémoire.
 
Voici à titre d'exemple la dictée proposée cette année pour le Brevet des collèges, un texte de Giono extrait de son oeuvre Les Vraies Richesses... l'occasion de découvrir une belle description nocturne de la ville de Paris :
 

 
"De temps en temps, je m’arrête, je tourne la tête et je regarde vers le bas de la rue où Paris s’entasse : des foyers éclatants et des taches de ténèbres piquetées de points d’or. Des flammes blanches ou rouges flambent d’en bas comme d’une vallée nocturne où s’est arrêtée la caravane des nomades. 
Et le bruit : bruit de fleuve ou de foule. Mais les flammes sont fausses et froides comme celles de l’enfer. En bas, dans un de ces parages sombres est ma rue du Dragon, mon hôtel du Dragon. Quel ordre sournois, le soir déjà lointain de ma première arrivée, m’a fait mystérieusement choisir cette rue, cet hôtel au nom dévorant et enflammé ? 
Il me serait facile, d’ici, d’imaginer le monstre aux écailles de feu."
Jean Giono, Les Vraies Richesses, 1936
 
On le perçoit : ce seul extrait peut donner l'envie de lire l'oeuvre de Giono... 
 
 
 
Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/07/rehabiliter-l-exercice-de-la-dictee.html

 



50 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 8 juillet 2017 16:57
    Les hussards noirs de la 3ème république avaient reçu des instructions pour utiliser des plumes « sergent-major », nom rappelant la volonté exemplaire déployée par les soldats pour la reconquête de l’Alsace et de la Lorraine après la guerre de 1870. 

    Puis la plume sergent-major est devenue synonyme de victoire après la restitution de l’Alsace et de la Lorraine en 1919.

    A ma connaissance, aucun texte du B.O. de l’éducation nationale n’a annulé ces dispositions ci-dessus énoncées, et ils est inadmissible que les encriers aient été retirés de pupitres, contraignant de ce fait les enfants les plus patriotes à utiliser des instruments importés de l’étranger.
    C’est une honte !

  • Christian Labrune Christian Labrune 8 juillet 2017 17:02

    Rosemar
    La diqueter, sa cert à qoua ? J’est aité lontant profezeur de laitrres, com vout, j’est embetté bocou des lèves pour que il s’exprimes plut corequetemant, mes sa serre à rien. Maintenan je suit pour la plut grande libreté. Chaqun s’expriment com il peuent, est je trove que c’et bien mieut insi.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 8 juillet 2017 17:11

      @Christian Labrune

      si vuos pvueoz lrie ccei, vuos aevz nu dôrle de cvreeau. Seleuemnt 56 porsnenes sur cnet en snot cpalabes. En fiat, l’odrre dnas luqeel snot les lerttes n’a pas d’iromtpance  , la suele cohse imotprante est que la priremère et la derènire letrte du mot sineot à la bnone palce. La raoisn est que le ceverau hmauin ne lit pas les mtos par letrte mias ptuôlt cmome un tuot. 

    • Surya Surya 8 juillet 2017 17:31

      @Jeussey de Sourcesûre

      Ca fait quand même la majorité de la population qui en est capable, donc...

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 8 juillet 2017 17:37

      @Surya


      même ceux qui ne sont rien !

    • rosemar rosemar 8 juillet 2017 21:50

      @Christian Labrune

      Il était question d’en venir à admettre l’orthographe phonétique, mais on en perd toutes les racines des mots, leur origine, leur sens... une aberration totale.

    • Christian Labrune Christian Labrune 8 juillet 2017 23:49

      @rosemar
      Vous disiez dans votre article que ces sortes d’exercices étaient très formateurs, et c’est vrai : plus y a de contraintes, de « gênes exquises », pour parler comme Valéry, et plus l’intelligence se développe. L’écriture des Japonais, qui comporte tant d’idéogrammes chinois (kanjis) que seuls les lettrés connaissent tous est bien plus difficile que la nôtre où il y a certes bien des bizarreries mais, en définitive, pas tant que ça.
      Il reste que le problème de l’école n’est plus depuis longtemps la formation de l’esprit, mais la fabrication du crétin standard. En ce sens, et si on tient compte de cette inversion des objectifs, on peut bien dire avec les pédagolâtres que le niveau ne cesse de monter. Il convient toutefois de préciser que c’est celui de la bêtise.


    • babelouest babelouest 9 juillet 2017 01:42

      @Surya
      Pas moi, Surya, ou du moins avec de grandes difficultés. Quand je détecte une anomalie grammaticale ou orthographique, j’ai tendance à rejeter le reste du texte si les fautes continuent à s’accumuler.

      La langue française est un tout, et certains s’ingénient à tuer ce tout : ils savent qu’à long terme un pays dont le langage devient déficient est un pays qui va mal, qui est vulnérable. Pour eux, c’est très bien. C’est d’ailleurs pourquoi ils importent à tours de bras des éléments de ce brouet informe qu’est le Globiche, ce sale bâtard de l’anglais.

      Je connais quelqu’un, sur le Trombinoscope (ils appellent cela Facebook) qui dirige un groupe nommé Non au Tout-à-l’anglais, Non à l’anglais partout ! Bravo à ce personnage important, capable de résister, encore et encore.


    • mursili mursili 9 juillet 2017 07:19

      @Jeussey de Sourcesûre

       Viloà qui puet arpoetpr de l’eau au mlouin des ptniaarss de ctete métdohe glalobe tant dériéce et rnuede torp snveout rosblenpsae du dévpepmeneolt de l’aalhanpbétsime en Farnce. Égmlaeent une leuur d’eiopsr pour les dleeiyxuqss, non ?


    • babelouest babelouest 9 juillet 2017 07:32

      @mursili
      GLOUP !

      « Je récapépète depuis le bédut » (Laurent Magdane)


    • popov 9 juillet 2017 09:56

      @Jeussey de Sourcesûre
       

      Ce que vous dites est vrai : on lit les mots comme un tout. Votre texte est tout à fait lisible, mais la lecture est un peu ralentie. L’orthographe correcte, ça sert surtout à permettre une plus grande vitesse de lecture.

      Si votre texte avait été écrit en symboles phonétiques, il aurait été plus pénible à lire.

      On assiste à ce paradoxe : l’alphabet a été inventé pour permettre de transcrire la prononciation. Mais avec les siècles d’évolution, l’usage veut qu’on écrive les mots d’une certaine façon qui s’écarte souvent de la phonétique. C’est vrai en français, et encore pire en anglais.

      Et que dire du chinois où il y a pratiquement un caractère par mot. C’est lent à écrire, mais cela peut se lire à une vitesse fulgurante.

    • amiaplacidus amiaplacidus 9 juillet 2017 10:23

      @popov

      Le chinois, n’est pas vraiment lent à écrire, on peut s’en convaincre en observant un Chinois en train d’écrire.
      Autre avantage de l’écriture chinoise, primordial, il y a plus de 50 langues importantes en Chine (le mandarin n’est que l’une d’entre elles), et ces langues n’ont souvent aucune similitude entre elles (si ce n’est que la plupart sont monosyllabiques), mais tous les Chinois, qu’elle que soit leur langue, écrivent le même mot avec le même sinogramme.
      Un peut comme si, en Europe, un français écrivait exactement la même symbole pour « table » qu’un suédois ou un sicilien.
      Je crois que c’est l’une des raisons qui ont fait que les Chinois ont renoncé à passer à un système de type alphabétique.

      Il faut aussi noter l’exploit des Japonnais : ils ont réussi à adapter une écriture pensée pour des langues monosyllabiques, l’écriture chinoise, à une langue polysyllabique, le japonnais.
      .
      Pour en revenir à la dictée, j’ai subi, dans mon enfance, la torture bi, voire tri, hebdomadaire, je maudissais ces instants.
      Mais je dois dire, qu’avec du recul, je suis enchanté de les avoir subis, c’est sans doute grâce à ces dictées que j’ai une orthographe, non pas une bonne, mais passable.


    • amiaplacidus amiaplacidus 9 juillet 2017 10:42

      @rocla+

      Tôi tỉnh, chúng ta nói từ từ.


    • mursili mursili 9 juillet 2017 11:49

      @rocla+

      您可以讲慢点吗 ?
      Nín kěyǐ jiǎng màn diǎn ma ?

      On gagne de la place avec les caractères chinois.


    • Alren Alren 9 juillet 2017 16:23

      @Christian Labrune

      « Vous disiez dans votre article que ces sortes d’exercices étaient très formateurs »

      Mais ce n’est pas vrai : la dictée, comme la version et le thème de langue étrangère également sans avoir le droit d’utiliser un dictionnaire, ne forment pas l’apprenant !

      Ce ne sont que des devoirs de contrôle et s’il échoue, il peut en tirer la conclusion qu’il est définitivement médiocre et par réflexe de sauvegarde de son estime de soi rejeter ce type de devoir comme humiliants.

      Pour cela, la dictée ne doit pas être notée selon la méthode dégressive de un ou deux points par faute qui est la plus décourageante et donc la plus contre-productive.

      Le seul intérêt de la dictée non préparée résiderait dans une correction raisonnée pour chaque faute commise par un élève de la classe en distinguant faute de grammaire et faute de vocabulaire.

      Pour la faute de grammaire, il faut faire rappeler la règle de conjugaison ou d’accord à toute la classe par un élève qui a commis la faute.

      Pour la faute de vocabulaire on cherchera la famille du mot, ainsi regarder nous indique que regard a un « d » en finale. On en profite pour faire trouver oralement à la classe, en un jeu, un maximum de mots en « ard » en corrigeant si les mots donnés se terminent en « ar » ou « art ».

      Car le principal est d’intéresser l’élève en le faisant participer activement et rien ne vaut l’apparence du jeu pour cela. C’est qu’on a appelé la pédagogie active. L’émission « Les chiffres et les lettres » durent depuis des dizaines d’années parce que le nombre de téléspectateurs qui sont de fidèles sont incroyablement nombreux. Pourtant c’est un exercice de vocabulaire-orthographe et de calcul mental ! Le Scrabble aussi à ses fidèles, ses passionnés ...

      C’est cette atmosphère là qui est propice à un apprentissage efficace de l’orthographe.

      Ce travail de vocabulaire-orthographe peut se faire en dehors de la dictée de contrôle.

      Les élèves doivent avoir le réflexe pour des mots contenant le son « in » de chercher des mots de la famille ainsi « pané » nous dit que « pain » s’écrit a et et « pinède » que « pin » s’écrit avec un « i » seul, aucun s’écrit « un » car on dit « aucune » « parfum » car « parfume », « Européen » car « Européenne ».

      Le jeu consistera pour chacun à trouver un mot comprenant le son « in » et à préciser sa graphie.

      Quand le mot est un assemblage de deux racines grecques, comme orthographe ou chrysanthème, l’enseignant donne le sens de chaque racine si aucun élève ne le connaît : ici « droit, bon », « écriture », « d’or, doré », « fleur » et selon le niveau, plutôt le collège relance le jeu oral de faire trouver d’autres mot contenant « ortho » (orthopédique, orthocentre etc.) « graphe » (télégraphe, sismographe etc.) « chrys » (chrysalide : un élève peut rechercher le sens dans un dictionnaire) « antha » (polyantha).

      Il n’oublie pas de faire remarquer que « ch » se prononce « k », que le « t » est le plus souvent suivi d’un « h » ainsi que « r » muet et que le son « i » est donné par « y ».

      Un exercice véritable, c’est-à-dire qui exerce, qui fait progresser serait de donner aux élèves un texte écrit avec les signes de l’alphabet phonétique international pour le français en leur demandant en s’aidant de dictionnaire et de livres de grammaire de l’écrire dans la langue française.

      malheureusement l’apprentissage de l’alphabet phonétique international pour le français n’est pas au programme ni du primaire ni du collège.

      Je dispose de quelques feuilles d’un cahier rempli avant 1900 par un garçon de 12 ans, année à l’époque de la fin des études primaires, qui a été le mieux noté du canton au Certificat. Il a été félicité comme « Premier du canton » ce qui était très honorifique. Eh bien, alors que l’orthographe avait une place essentielle à l’époque, ses textes étaient truffés de fautes ... non corrigées  !

      Il faut se garder d’embellir le passé aux dépends de la réalité !


    • Christian Labrune Christian Labrune 9 juillet 2017 18:45

      La raoisn est que le ceverau hmauin ne lit pas les mtos par letrte mias ptuôlt cmome un tuot.
      =======================================
      @Jeussey de Sourcesûre

      Ca, c’est la thèse des partisans de la lecture globale à qui on doit d’avoir produit en France des générations d’illettrés irrécupérables. Quand la lecture syllabique est acquise, il est de fait qu’on photographie instantanément les mots, mais si on part de ce principe pour apprendre à lire aux enfants, on court à la catastrophe. Au reste, il me semble bien que les méthodes de lecture globale ont été définitivement abandonnées, condamnées radicalement par les derniers acquis de la recherche en neurologie.


    • Christian Labrune Christian Labrune 9 juillet 2017 19:08

      Ce ne sont que des devoirs de contrôle et s’il échoue, il peut en tirer la conclusion qu’il est définitivement médiocre et par réflexe de sauvegarde de son estime de soi rejeter ce type de devoir comme humiliants.
      ---------------------------------------------------
      @Alren
      Oui, il ne faut jamais humilier les élèves, et quand ils sont dans l’erreur, il ne faut surtout pas le leur faire remarquer. J’ai eu une collègue prof de lettres, dans les années 70, qui ne descendait jamais en dessous de 10/20. La langue maternelle de ses élèves étant le français, comment auraient-ils pu ne pas mériter au moins la moyenne ! Descendre en dessous de 10/20, c’eût été insulter les familles, et particulièrement les mères. On ne peut pas faire ça.

      J’irai plus loin : nous avons tous rencontré -mais fort rarement, Dieu merci !- des élèves particulièrement intelligents et brillants qui réussissaient parfaitement et même, souvent, sans le moindre effort apparent. C’est la cause première de la faillite de notre système d’instruction publique. Quand, dans une classe, on se trouve confronté à ces sortes de monstres (mais c’est rare) les autres, qui travaillent comme des boeufs de labour sans pourtant réussir, se trouvent profondément humiliés. Que devient l’égalité, en pareil cas ? Je vous le demande.

      Il convient donc de sanctionner aussi sévèrement que possible ces sortes d’élèves qui, devenus adultes, risqueront fort de devenir élitistes, et il faut par tous les moyens les empêcher de réussir. L’idéal serait de pouvoir les éliminer avant même la naissance, mais quand le mal est fait, quand ils arrivent dans une classe, il faut faire prendre conscience à la foule de leurs condisciples moins heureux que ceux-là sont leurs ennemis et le resteront toujours. Si les brimades se multiplient, il convient de les encourager autant qu’il est possible.

      Tels sont les principes qui ont été développés depuis plus de trente ans par les sciences de l’éducation et mis en pratique par beaucoup d’enseignants de bonne volonté. Les résultats sont déjà très significatifs puisque le sens de l’émulation s’est désormais complètement inversé. L’élève qui réussit est désormais un méprisable « bouffon », et on le lui fait bien voir.


    • Alren Alren 9 juillet 2017 19:22

      @mursili

      « On gagne de la place avec les caractères chinois. »

      Pas sur les claviers !!!


    • popov 10 juillet 2017 16:11

      @amiaplacidus


      Je vais vous donner un exemple un peu extrême pour démontrer que le système de caractères chinois ralenti l’écriture : quand un Japonais doit écrire un prénom qu’on lui renseigne oralement, il demande TOUJOURS comment cela s’écrit. 

      Il n’aurait, par contre, pas de problèmes pour le lire, à part quelques exceptions.

  • Surya Surya 8 juillet 2017 17:30

    Bonjour Rosemar,


    C’est complexe ce problème de dictée à réhabiliter parce que c’est un exercice où on mobilise toute son attention pendant un temps très court, où on se concentre, mais une fois que c’est fini, on redevient soi-même. On peut parfaitement être bon, voire excellent, en orthographe, réussir ses dictées, mais faire plein de fautes d’inattention dans la vie de tous les jours, ou quand on écrit à la va-vite.

    L’extrait de Giono que vous avez mis me paraît élémentaire (mais c’est vrai qu’il s’adresse à des enfants du niveau brevet des collèges, donc pour eux ça doit être assez difficile, cela dit vu ce que vous décrivez, il doit bien y avoir des élèves de lycée incapables de la faire sans fautes) alors que si j’écris dans la vie de tous les jours, comme par exemple ici sur Agoravox, je vais faire plein de fautes d’inattention. Par exemple, il m’arrive très souvent d’oublier les « s » des pluriels, genre : « je fais des faute », ou au contraire en mettre un là où il ne devrait pas être, j’ai vu plein de commentaires que j’ai écrits sur Agoravox où j’ai oublié ou rajouté un « s », je le sais bien que c’est une erreur, mais pour une raison qui m’échappe, je le fais quand même. Pourtant je suis de cette génération où nous avions des dictées tous les jours en primaire et régulièrement au collège, et j’étais très bonne en orthographe. 

    Ceci étant dit, il est mieux de toute façon d’avoir cet entraînement régulier, sinon ce n’est plus de la simple inattention, c’est de l’ignorance totale, et ça c’est grave.

    Par contre j’ai du mal avec les règles complexes de participe passé. Je maîtrise les règles de base (exemple : je n’écrirai pas : « les poires que j’ai mangé », mais bien « les poires que j’ai mangées ») mais j’aimerais bien maîtriser également les règles les plus complexes, dès fois c’est un vrai casse tête, mais je m’efforce de les connaître malgré tout, je trouve ça super intéressant d’essayer de comprendre pourquoi, justement, un participe passé doit être accordé de telle façon et pas d’une autre. Je dois être un peu cinglée quand même... C’est pourquoi je ne suis pas d’accord lorsque vous dîtes qu’il faudrait les simplifier. 

    D’un autre côté, vous voyez comme le sujet est complexe, il ne faut pas empêcher la langue d’évoluer. Sauf que là, on la fait évoluer artificiellement, et non pas de façon très progressive, en laissant faire le temps, en la tirant vers le bas pour la simple raison qu’on se rend compte que les gens ne maîtrisent plus cette langue, et ne veulent plus faire l’effort, où n’ont plus le temps, de s’améliorer. 

    J’ai fait combien de fautes dans ce commentaire ? Je me suis relue, mais j’ai bien dû en laisser passer quelques unes...

    • rosemar rosemar 8 juillet 2017 22:03

      @Surya

      On fait souvent plus de fautes de frappe sur un clavier car on perçoit moins bien ce que l’on écrit.
      Les élèves ont de plus en plus de difficultés à se concentrer sur leur travail, ils ne savent pas utiliser un brouillon, se relire, raturer, corriger.
      La dictée offre l’occasion de relire attentivement, ce que certains élèves ne savent plus faire... et c’est important.

      Bonne soirée

    • mursili mursili 9 juillet 2017 00:20

      @Surya

      J’ai fait combien de fautes dans ce commentaire ?

      Trois toutes petites fautes, trois accents superflus :

      - vous dîtes pour « vous dites » (dîtes est la forme du passé simple)
      - dès fois pour « des fois »
      - n’ont plus le temps pour « ou n’ont plus le temps »

      - et aussi : casse tête pour casse-tête

      Les règles d’accord du participe passé, les grammairiens en discutent depuis la Renaissance et on dirait bien qu’ils ne sont pas d’accord entre eux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_du_participe_passé_en_français

      Il est rassurant de constater que certains de ces grammairiens de la Renaissance étaient partisans de laisser le participe invariable dans tous les cas. C’est un peu ce que tout le monde fait aujourd’hui dans la langue parlée.

      Enfin, je trouve intéressant l’exemple de ces vers bien connus de Ronsard :

      Mignonne, allons voir si la rose
      Qui ce matin avait déclose
      Sa robe de pourpre au soleil

      Aujourd’hui, on écrirait déclos (d’un verbe transitif déclore = ouvrir), mais cela ne rimerait pas avec rose.


    • Surya Surya 11 juillet 2017 10:39

      @mursili

      Je vois que je n’arriverai jamais à écrire un commentaire sans la moindre faute smiley
      Merci de m’avoir signalé celles là smiley (les mots composés, c’est ma hantise, surtout quand il s’agit de les mettre au pluriel smiley)
      Je vais lire avec intérêt votre lien vers l’article Wikipedia, merci.

      @Rosemar,
      Oui, vous avez raison, de nous jours c’est : plus l’effort est moindre, mieux c’est. J’espère que c’est de la paresse plutôt que de l’inaptitude, car dans ce cas c’est juste une question de volonté.

  • mursili mursili 8 juillet 2017 19:15

    Certaines fautes sont plus graves que d’autres. La fameuse différence cuissot/cuisseau de la dictée de Mérimée est purement anecdotique. Il me semble plus utile de savoir distinguer « sa » et « ça », « ce » et « se », d’apprendre des règles, de faire de l’analyse grammaticale et d’acquérir du vocabulaire. On pourrait aussi se souvenir qu’une langue est d’abord parlée avant d’être écrite et enseigner la phonologie du français :« ou » et « eu » sont des voyelles, le français n’a pas six mais au moins quatorze voyelles, seize pour les puristes, à savoir : a, ɑ, e, ɛ, i, o, ɔ, u, y, ə, œ, ø, ɑ̃, ɔ̃, ɛ̃, œ̃.

    Ainsi, pour reprendre l’exemple de temps/tɑ̃, ce mot a comme homophones tan, tant, tend(s) et taon - j’en oublie peut-être - bonne occasion, chère Rosemar, de faire de l’étymologie avec vos élèves.
       


    • rosemar rosemar 8 juillet 2017 22:10

      @mursili

      L’étude des sonorités et de la phonétique est intéressante, oui.
      L’analyse grammaticale va de pair avec l’orthographe : or, ces deux disciplines ont été quelque peu sacrifiées ces dernières années... comment s’étonner que les élèves aient des difficultés ?

    • babelouest babelouest 9 juillet 2017 01:55

      @mursili
      Je me souviens du maître d’école de mon village, qui osait demander aux élèves « Comment le dites-vous en patois ? si c’est ainsi, en français cela s’écrira de cette façon, en revanche si naturellement vous le prononcez de cette autre façon, alors en français vous aurez cela ». Les élèves comprenaient immédiatement.


    • mursili mursili 9 juillet 2017 07:48

      @babelouest

      Oui, c’est une bonne méthode, le bilinguisme a du bon. Par exemple quelqu’un qui connaît l’italien ne devrait pas confondre « sa » (sua) et « ça » (questo).


    • Dzan 9 juillet 2017 09:35

      @babelouest
      Absolument Une cheminée : no chaminADO
       La santé : Lo santA


  • beo111 beo111 8 juillet 2017 19:16

    Après le latin, nous allons accueillir la dictée dans la farandole des exercices qui ne servent à rien.


    • rosemar rosemar 8 juillet 2017 22:12

      @beo111

      Comment un exercice de concentration, de réflexion pourrait-il ne servir à rien ?

    • beo111 beo111 9 juillet 2017 07:57

      @rosemar

      Je sais pas si vous êtes au courant, mais en 2017 les logiciels sont largement équipés de correcteurs orthographiques, et on ne parle pas le latin dans les rues.

      Donc, pas évident de mobiliser l’attention des élèves là dessus.


    • mursili mursili 9 juillet 2017 08:48

      @beo111

      Donc, pas évident de mobiliser l’attention des élèves là dessus.

      Donc, impossible de communiquer sans prothèses électroniques ? O tempora, o mores !


    • rosemar rosemar 9 juillet 2017 09:25

      @beo111


      Et la formation de la mémoire ? Va-t-on la déléguer aux ordinateurs ?


    • cevennevive cevennevive 9 juillet 2017 09:42

      @beo111, bonjour,


      Les correcteurs orthographiques ne savent généralement pas corriger les fautes de grammaire ou d’accord des participes.

      Pourtant, ce sont celles-là les plus pénibles à rencontrer dans les textes.

      Il est vrai que l’accord des participes est compliqué (notamment avec le verbe « avoir »), mais si l’élève l’a bien assimilé, sa pratique reste toute la vie.


    • amiaplacidus amiaplacidus 9 juillet 2017 10:33

      @beo111 : « ...en 2017 les logiciels sont largement équipés de correcteurs orthographiques,... ».

      Encore faut-il connaître l’orthographe pour appliquer la correction proposée !
      .
      Lorsqu’un DRH reçoit une lettre de motivation avec une faute d’orthographe par ligne, c’est direction corbeille à papier sans lire plus loin.
      Peut-être que certain(e)s qui n’arrivent pas à décrocher d’entretien d’embauche malgré un CV technique plus que correct devraient se remettre en question à ce propos.


  • Dan22 8 juillet 2017 22:36

    La dictée , c’est garder nos racines ; même si l’orthographe n’a pas une valeur capitale , elle nous permet de conserver nos valeurs profondes et ancestrales et de les élever au niveau d’un art !


  • Abou Antoun Abou Antoun 8 juillet 2017 22:48

    de connaître les modes, les temps, les voix,
    J’en reste sans voie ....


    • babelouest babelouest 9 juillet 2017 02:02

      @Abou Antoun
      Voie y hait Voussa....

      Mieux vaut la voussure que la morsure, le hiéroglyphe que le hier au Pôle en ploie (tant qu’ils ne s’en relèvent pas).


  • Dzan 9 juillet 2017 09:39

    Dans un village, il y avait un sot. Un jour, il monta sur âne.
    Il avait dans sa main droite un seau, dans lequel était le sceau de la mairie.
    L’âne fit un saut, et tous les ... tombèrent.
    A vous de trouver.


  • popov 9 juillet 2017 10:04

    @Rosemar


    En 3e primaire, j’ai eu un vieux prof qui semblait avoir été formé dans les casernes prussiennes. Avec lui, on avait intérêt à ne pas faire trop de fautes. 

    Après une dictée, chacun à son tour devait se tenir devant lui pendant qu’il relisait la copie. C’était une baffe par faute. Ici, il manque une virgule, paf. Ici il manque un « s », paf.

  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 juillet 2017 10:10

    La formule : « l’écriture est la science des ânes en a précédé une autre qui a connu un plus grand succès : "l’orthographe est la science des ânes". La lecture des commentaires provoqués par ce billet ferait plutôt pencher pour la position énoncée par Jean Guéhenno : "l’orthographe est la politesse de la langue".

    Pourtant, la saveur d’une contrepèterie comme : « Quand les athées se battent, les abbés se taisent » vient d’une ignorance volontaire des règles orthographiques pour ne s’en tenir qu’à la phonétique.

    L’humour serait-il une forme d’impolitesse ?


  • Xenozoid 9 juillet 2017 16:41

    Un souper imparfait

    Hier, le Petit Chaperon Rouge a vendangé des champignons verts et des champignons orange qui poussaient dans la verte forêt derrière chez elle. Ce soir, elle prépare une crème de champignons des bois, car elle participe à l’émission Un souper tout à fait parfait ! La soupe contiendra des amanites tue-mouches et des amanites phalloïdes qu’elle a ramassées sous un gros ormeBlanche-Neige, qui rendquelquefois visite à son amie, a vu les champignons dans la maison et a terriblement peur. Les nains l’ontprévenue : ces cryptogames sont vénéneux. Hier, le Petit Chaperon Rouge a vendangé des champignons verts et des champignons orange qui poussaient dans la verte forêt derrière chez elle. Ce soir, elle prépare une crème de champignons des bois, car elle participe à l’émission Un souper tout à fait parfait ! La soupe contiendra des amanites tue-mouches et des amanites phalloïdes qu’elle a ramassées sous un gros ormeBlanche-Neige, qui rendquelquefois visite à son amie, a vu les champignons dans la maison et a terriblement peur. Les nains l’ontprévenue : ces cryptogames sont vénéneux. Le Petit Chaperon Rouge, toutefois, est incrédule. Les champignons, que lui a montrés un mycologue, sont comestibles ! Blanche-Neige se demande donc comment convaincre son amie que les invités seront tous intoxiqués après avoir ingéré une soupe préparée avec de tels champignons ! Blanche-Neige se rue sur le téléphone pour que les nains viennent à sa rescousse !


  • O Coquinos O Coquinos 30 juillet 2017 09:38

    Vous aviez à mon avis bien raison, Rosemar, de déplorer que l’enseignement de l’orthographe soit si malmené de nos jours.

    Je crois que ce n’est pas un hasard si l’on en est arrivé là : on cherche à déposséder les Français de leur propre langue, constamment, insidieusement, de façon à la supplanter à terme, dans l’Hexagone, par celle de l’UE, c’est-à-dire celle des Etats-Unis d’Amérique, en l’attaquant de toutes parts (sur-utilisation de l’anglais dans les médias et dans la publicité, matraquage de chansons anglo-saxonnes sur les ondes, substitution d’appellations sonnant angliche aux noms d’entreprises à consonance française, généralisation des colloques et publications scientifiques et autres en anglais en France même, président de la République ne ratant pas une occasion de prononcer des discours en anglais, loi Fioraso, abandon subreptice du français dans les documents officiels de l’UE, apprentissage des rudiments de l’anglais à l’école primaire, traitement par-dessous la jambe de la francophonie par les gouvernements français les plus récents, etc.).

    La vraie théorie du grand remplacement est peut-être celle-là ! En est-il de même avec les autres langues de la vieille Europe ? Il me semble que oui, et dans le même but...

    Bonne continuation.


Réagir