samedi 29 avril 2017 - par CBaupin

Santé et Culture : l’opportunité d’investir dans les « mégadonnées »

Big Data : le mot fait peur. Cette explosion quantitative des données numériques représente un enjeu majeur pour les usagers et les entreprises : comment placer les données au cœur du processus décisionnel, tout en garantissant une sécurité maximale à destination des usagers ? Certains secteurs, à l’instar de la culture et de la santé, ont déjà investi dans l’exploitation des données, pour our mieux se recentrer sur leur cœur de métiers.
 

C’est la dernière controverse déclenchée par le président américain. Le 4 avril dernier, Donald Trump a promulgué l’abrogation de la protection des données des utilisateurs sur le Web. Les fournisseurs d’accès à internet n’auront plus à obtenir l’accord de leurs clients avant d’utiliser leurs données de géolocalisation, financières, de santé, ou toute information issue de leur historique en ligne. Il n’en fallait pas plus pour faire resurgir le spectre de Big Brother, en particulier parmi les organisations de défense des libertés publiques.

Une santé « connectée » pour répondre plus efficacement aux besoins des patients 

En France, où l’on se souvient encore de la polémique déclenchée par la création du méga-fichier TES (Titres Electroniques Spécialisés), le sujet est également d’actualité. En effet, l’Etat vient de lancer une base nationale des données de santé dont le but est de répertorier des informations sur l’ensemble de la population française de façon anonyme. Promulgué par un décret en décembre dernier, le « Système national des données de santé » (SNDS) est finalement entré en vigueur le lundi 3 avril.

Cette base de données centralisée va regrouper quatre types d’information : feuilles de soin, consultations, hospitalisations et achat de médicaments. De nouvelles informations seront ajoutées à partir de 2018, notamment les causes de décès, les informations sur un handicap et les données concernant le remboursement des mutuelles.

Conscient qu’il s’agit d’un sujet sensible, l’Etat a conçu le SNDS sur un principe de « pseudonymisation » (à ne pas confondre avec l’anonymisation). Le nom de chaque Français sera remplacé par un numéro dans la base de données, mais cette démarche reste réversible. Cela correspond aux préconisations de la Commission nationale de l’informatique et les libertés (CNIL), pour qui la pseudonymisation s’impose lorsque la ré-identification ou l’étude de corrélations peuvent s’avérer nécessaires.

Bien que la vigilance reste de mise, la CNIL affirme cependant l’importance des données collectées pour la modernisation du système de santé. Le SNDS pourrait par exemple fournir des informations précises sur les effets secondaires d’un médicament ou sur la performance des hôpitaux.

Quand la culture se met au Big Data

L’exploitation des données représente aussi un atout majeur dans le secteur de la Culture. Intimement persuadées que celle ci n’est pas « morte », certaines entreprises investissent dans le domaine des données de masse. C’est en tout cas l’ambition et le pari de la jeune start-up Delight. Fondée en 2015 par Marc Gonnet (ancien directeur marketing & développement d’Europe 1), Eric de Rugy et Olivier Abitbol, Delight est une plateforme SaaS de marketing digital (les entreprises s’abonnent à un logiciel à distance au lieu de l’acquérir). Objectif : s’adresser aux producteurs de spectacle vivant en leur proposant d’améliorer la connaissance de leurs publics, et accroître notamment les recettes de billetterie.

Les producteurs de spectacle vivant prennent souvent beaucoup de risques (location de salles, investissement dans le marketing, confiance vis-à-vis de nouveaux artistes…) Or aujourd’hui, constate Marc Gonnet, « 40% des places de spectacles en moyenne ne trouvent pas preneur, et chaque jour, des milliers de personnes ratent un spectacle, faute d’avoir été prévenues ou d’avoir compris que ce spectacle pouvait les intéresser. » Mission de Delight : S’attaquer à ce problème et aider « les producteurs à mieux identifier et cibler leur public grâce à la data et aux algorithmes ». Un des avantages, et non des moindres : rationnaliser les dépenses en communications (affiches, partenariats...) et optimiser les retombées des investissements.

Delight a remporté en 2016 le Prix de l’initiative numérique – Prix créé en 2013 par le groupe de protection sociale Audiens - qui récompense et soutient chaque année des projets numériques innovants au service de la culture, de la communication et des médias. Fort de son succès, la start-up française a réalisé en décembre 2016, une levée de fonds de 1,15 million d’euros auprès de la SATT Lutech, de business angels et de Bpifrance ; coup de pouce indispensable pour préparer son développement à l’international.

L’enjeu éthique de l’utilisation de la donnée 

En France, dans le domaine de la santé, la CNIL garantit que les informations collectées seront toujours utilisées dans l’intérêt des patients et de la recherche. L’autorité administrative indépendante (créée en 1978) délivre les autorisations nécessaires pour consulter les données du SNDS. Mais il est vrai que « la protection des données de santé est un numéro d’équilibriste », comme le rappelle Miguel Gonzalez-Sancho, nommé en 2016 à la tête de l’unité « E-santé, bien-être et vieillissement » à la Commission européenne. « Il faut d’un côté défendre [les informations des patients], et de l’autre assurer leur circulation ». 

D’où l’importance de soumettre ces informations à un haut niveau de sécurité physique et technique. En Europe, le règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 a pour but de redonner aux citoyens le contrôle des données qui les concernent. Il s’applique au service public comme aux acteurs privés et s’inscrit dans le contexte de la lutte contre le profilage par les grands acteurs du web.

Dans le domaine de la santé comme dans celui de la culture, l’exploitation de la donnée n’est pas stricto sensu commerciale. Qu’il s’agisse d’un service public ou d’une entreprise privée, l’analyse des données ouvre de nouvelles perspectives de développement et s’inscrit dans une démarche qualitative vis-à-vis des patients/clients. Encadrée, l’analyse des données ne représente donc pas une menace pour nos libertés. En revanche – et que l’on ne s’y trompe pas ! - le Big Data n’est pas LA solution miracle. L’échec de la prédiction, par la société canadienne Filteris spécialisée dans la web-réputation, de la qualification au 2nd tour de la présidentielle de François Fillon en est un parfait exemple. Cet épisode montre bien que l’analyse prédictive – comme toutes analyses et estimations - n’est pas totalement exempte d’erreurs… 

 



19 réactions


  • Remosra 29 avril 2017 20:20

    Vous évitez exprès les sujets qui fachent ?
    Non parce que de ce que j’ai entendu, le plus grave problème de la base de données de santé des Français, c’est qu’elle doit être stockée en France et pas à l’étranger.
    Et ce point là a bien été signalé mais il semblerait que soudain plus personne n’en parle !


  • Sozenz 30 avril 2017 01:35

    Objectif : s’adresser aux producteurs de spectacle vivant en leur proposant d’améliorer la connaissance de leurs publics, et accroître notamment les recettes de billetterie.

    et pour l innovation , les producteurs n en feront jamais ?
     comment connaitre la réaction des personnes si on ne lance pas de nouveaux « produits » .
     ils ne feront qu ’ un seul type de spectacle par exemple , celui qui offrira la lus grande opportunité pour le business .c est super . on va faire de l art comme on fait une baguette usine ...
    ça va être beau l art dans quelques temps ...

    Quant aux suivi santé . banque et assurances en feront quoi des données ?
     remballez votre merde svp ...
    c est « l avenir » , je sais , mais un avenir qui pue .


  • Rincevent Rincevent 30 avril 2017 18:08

    Côté sécurité en informatique, quand on sait qu’un ado de seize ans est capable de hacker la NASA et combien d’autres… http://www.tomsguide.fr/article/histoire-hacking,2-1035-12.html


    • Remosra 30 avril 2017 18:16

      @Rincevent

      Et s’il y avait que ça !
      Ces abrutis seraient capable de mettre les serveurs sous licence Windows et donc de faire intervenir des informaticiens de Microsoft pour dépanner.
      En sachant qu’aujourd’hui il a été plus que prouvé que Windows est une vraie passoire, j’imagine même pas le résultat !


  • Rincevent Rincevent 30 avril 2017 18:38

    Aujourd’hui, plus aucun OS n’est à l’abri d’un hacking, même Mac ou Unix, mais c’est vrai que Windows est encore le pire et de loin. Personnellement, j’en a divorcé il y a bien longtemps et ne m’en porte que mieux.


    • Remosra 30 avril 2017 19:06

      @Rincevent

      Et si vous n’êtes pas sur de la sécurité de votre ordinateur, installez « McAfee » ! smiley smiley


    • Rincevent Rincevent 30 avril 2017 23:50

      @Remosra

      J’ai un antivirus + un VPN mais pas que ça. Comme je n’aime pas qu’on farfouille dans ma navigation, j’y ai ajouté un bloqueur de robots analyseurs (Ghostery) et un bloqueur de pub (Adblock). Moyennant quoi, ma boite mail est moins envahie


    • Remosra 1er mai 2017 00:08

      @Rincevent

      Un bloqueur de robot analyseurs ?
      Dites m’en plus, je ne connais pas ça !
      Ce que j’aimerais bloquer aussi c’est l’auto détection de ma géolocalisation par certains voir beaucoup de sites !
      Mais là ça impliquerait peut être de cacher mon IP et donc d’être obligé de passer par un VPN.
      Et par les quelques recherches que j’ai fait, un bon VPN est un VPN payant. Ceux qui sont gratuits ne semblent pas aussi performant. Et franchement, j’ai pas envi de débourser plus !
      Ma fibre optique est assez chère comme ça, et mon fournisseur ce permet des écarts de quelques euros à chaque mois. Mais bon, je devrais pas me plaindre, de ce que je sais, aux USA c’est encore plus cher qu’ici !


    • pemile pemile 1er mai 2017 00:27

      @Cyrus « le principe des « spider » =robot analyseur »

      Rincevent parlait de ghostery, un plugin pour le navigateur Firefox

      « c’ est de tester tes port ouvert »

      Là vous parlez des scanners de ports, qui ne concernent que ceux qui possède une adresse IP publique (routée) et qui donc ne sont pas sur un réseau privé derrière leur box.


    • Remosra 1er mai 2017 00:28

      @Cyrus

      Comme un site de torrent quoi ?
      Alors si je comprend votre raisonnement, il ne sert à rien de bloquer ma géolocalisation !?
      Et pour Hadopi vous avez une solution, parce que j’ai fait une bourde et ils m’ont pas loupé !


    • Remosra 1er mai 2017 00:33

      @pemile

      Merci, je vais me renseigner sur ce « ghostery » et voir si j’en ai vraiment l’utilité !


    • Rincevent Rincevent 1er mai 2017 00:39

      @Remosra

      Tapez Ghostery et vous saurez tout sur ce bidule. Mon VPN est payant (couplé avec l’antivirus Avast) mais 5 € par mois, ce n’est quand même pas la ruine.


    • Remosra 1er mai 2017 00:45

      @Rincevent

      Oui je sais, j’ai pu voir les différents prix proposés.
      C’est le fait de payer qui me répulse. Au départ on n’était pas obligé de payer pour naviguer tranquillement mais aujourd’hui on a plus le choix, et je vous avouerais que ça me fait c.... !
      Ils tentent de tout controler de A à Z et les différents moyens utilisés pour contourner ça, commence à avoir ses limites !
      Bref, ce site n’est pas adapté pour parler de tout ça, et j’avoue ne pas trop savoir ou chercher !
      J’ai bien essayé l’oignon mais c’est une toile sans fin et là aussi j’ai vite abandonné !


    • pemile pemile 1er mai 2017 00:49

      @Remosra

      Quitte à payer, autant posséder son propre serveur et être maitre de son VPN

      Serveur à 4€/mois hébergé en Suède


    • Remosra 1er mai 2017 01:01

      @pemile

      A une certaine époque OVH proposait aussi des prix abordables !
      Mais est ce pertinent de passer par eux, et pourquoi pas la Suède, ça permet peut être de fausser les redirections et surtout que le droit Français ne peut pas intervenir dans un autre pays et donc exiger d’avoir l’ip d’origine.


    • Remosra 1er mai 2017 01:51

      @Cyrus

      Lol, perso, je ne suis qu’un utilisateur et surement pas un diffuseur !
      D’ailleurs je serai incapable de faire ça.
      En tout cas c’est bien marrant car on m’a presque fait le même genre de remarque !
      Rassurez vous je ne suis qu’un consommateur qui désire consommer gratuitement.
      Pour ce qui est de pemile , je ne peux pas répondre à sa place, mais rien ne m’a semblé tendre vers cette direction. Après je peux peut être me tromper.


    • pemile pemile 1er mai 2017 12:06

      @Cyrus « le principe c’ est de mettre l’ hebergement , dans un pays ou les lois sont conforme a ce que tu veut heberger »

      Non, il s’agissait juste de proposer à remosra un moyen de tromper les outils de géolocalisation !


  • Rincevent Rincevent 1er mai 2017 00:44

    post-scriptum

    Rien qu’n ouvrant Agoravox, trois robots analyseurs arrivent : Facebook Connect, Twitter Button et Google Adsense


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