jeudi 16 février 2017 - par

Se sent-on français dans les cités ?

Se sentir français dans les cités

Le propos de mon petit texte n'est pas une seconde de dire que les jeunes des « quartiers » ne sont pas français. Selon la loi, ils le sont à part entière. Ils ont des papiers français, suivent une scolarité française, ont les mêmes droits que les autres citoyens, les mêmes devoirs aussi. Par contre leur ressenti quant à cette citoyenneté est tout autre et fort différent. Se sentent-ils pour autant français à part entière ? La réponse est beaucoup moins évidente qu'ils soient de la deuxième, troisième ou quatrième génération « issues de la diversité » selon le vocable hypocrite.

Et le fait est qu'à leurs yeux ils ne sont pas vraiment français...

Il suffit de passer en revue leur manière de se présenter sur les réseaux dits sociaux. Ils se présentent généralement comme malien, marocain, algérien, sénégalais, vietnamien, chinois mais très rarement comme français. Ce seront des exceptions qiui confirment la règle, des exemples de réussite méritocratique montés en épingle alors que c'est loin d'être une généralité. Que ce soit dans la vie réelle ou virtuelle ils disent souvent « vous les français », disent nous et eux en évoquant les français indigènes. Quand ils parlent d'un blanc, d'un européen en général dans leurs quartiers, ils parlent d'un « français » ou « céfran ».

S'ils se disent parfois « français des cités » c'est une autre manière de faire plaisir aux bons apôtre qui viennent les flatter dans le sens du poil...

Ce n'est même pas un jugement que j'émets là c'est leur droit le plus strict de ne pas se sentir français. Ils ne voient donc pas partant de ce ressenti pourquoi ils respecteraient les règles d'un pays dont ils ne se sentent pas citoyens. Et abreuvés à forte dose comme tout le reste de la société aux « séries américaines », ils s'imaginent comme les membres d'un « Posse » de L.A., des rappeurs de la côte Est, des « Pimps » narguant les blanches et ils se verraient bien vivre dans un pays régi comme les Etats-Unis par une communautarisme très strict :

Chacun dans sa communauté,

Chacun dans son quartier, selon ses lois, ses coutumes, sa religion.

S'ils ne se sentent pas français ils ne sont pas pour autant maliens, marocains, algériens, sénégalais, vietnamiens et, ou chinois. Ils se projettent souvent dans un point de vue très idéalisé de l'identité originelle de leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents. Ils rèvent sur les coutumes, les traditions de leurs ancêtres, en font un paradis perdu qui les consolent du malaise de vivre entre deux identités, et qui fait le terreau très fertile de la radicalisation religieuse.

Les bons apôtres expliqueront ce ressenti qui est à la base des problèmes actuels en banlieue en grande partie par leur masochisme mémoriel abject à la mode depuis des décennies. Ce serait la faute exclusive des français dits de souche forcément racistes, xénophobes, inhospitaliers. Ce serait aussi la seule manière de nous racheter de toutes les souffrances que nous aurions causé à ces peuples durant la colonisation, l'esclavage, les croisades. En définitive, l'autoflagellation serait la seule chance de nous racheter, quitte pour cela à subir les incivilités diverses et variées, la montée de la violence religieuse.

Si je ne nie pas les souffrances qui peuvent être induites par le rejet, par le racisme, je suis convaincu que le ressenti de ces gosses des quartiers vient surtout du dédain plus ou moins conscient des institutions à leur égard. A commencer par les grandes âmes prétendant les défendre. Celles-ci ne les voient pas comme des êtres humains à part entière mais comme des pauvres hères incapables de se débrouiller tout seuls, des « bons sauvages » angéliques pas encore tout à fait prêts à recevoir les bienfaits de la civilisation.

Il est presque trop tard, il y a peu de solutions en dehors de la fermeté sur les valeurs françaises et sur les règles à respecter. Mais je crains que l'on ne puisse être que pessimiste quant à la suite des évènements...

Illustration, une scène du film « Swagger » prise ici

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury




Réagir