vendredi 10 juillet 2015 - par Home of nomad spirit

Tragédie européenne

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Pericles

Cette fois il n'est plus question d'une tragédie grecque mais de la tragédie européenne. Une Europe en déliquescence, livrée à une financiarisation outrancière. Le pouvoir a changé de main. Les dobermans de l'investissement spéculatif tiennent les politiques en laisse. Ils ont le droit de danser la gigue des bénéfices en guise de pourboires pour services rendus. L’existence chiffonnée de l’humble au service du dividende. Aberrante situation où les plus riches raclent les poches du démuni, sans états d’âme. Les Grecques ont, environ cinq siècles avant la naissance du Christ et après quelques tentatives sumériennes, inventés la démocratie. Suffit-il d'une petite bande de cupides amortis, complexés, peu sûre d'eux et cyniques pour terroriser une population qui a connu plus de sages au kilomètre carré, que l'ensemble de notre continent ? La haute finance qui dicte la marche à suivre aux gouvernements, traite la plupart des populations par le mépris à l'image des colons lors des mémorables conquêtes territoriales du passé. 

 
 
Parthénon
Si le roi dollar a peu à peu remplacé les fusils, le résultat n'en reste pas moins sanglant. Ce conglomérat des adeptes « du toujours plus » se substituent à l'ordre public, s'associent aux malfrats de l'investissement, avec la bénédiction et la duplicité du personnel politique. Tout le monde y trouve son compte...sauf le citoyen. L’image de la classe politique européenne, à quelques exceptions près, est désastreuse. Les inaptes de la chose publique, sont autant de démagogues serviles, d'affabulateurs hypocrites, de lâches et de carriéristes. Les peuples dont ils se servent sont des tremplins vers l’accession du pouvoir et ces inutiles de la chose politique voudraient nous expliquer la Grèce. Ils oublient de nous préciser que c'est Bruxelles (2001) qui a fait entrer ce pays dans la zone euro en étant parfaitement au courant de sa précarité économique et de ses bilans pour le moins opaques, présentés par la banque d'investissement Goldman-Sachs. Il était trop tôt pour la
Grèce d'y entrer.
 
 
Le théâtre du pavé : Antigone
L'Opportunisme de certains dirigeants met souvent les peuples dans la peine, mais l'histoire nous démontre que ceux qui subissent le joug de l'absurde, finissent toujours par avoir le dernier mot. L'Intransigeance allemande refusant tout compromis avec la Grèce nous semble pourtant assez inappropriée. Souvenons-nous pour mémoire, que la gigantesque dette bancaire de nos voisins Allemands a été effacée en mille neuf cent cinquante-trois et ne suscita guère de protestations. Pour les visionnaires de la future Europe, la part financière ne fut pas le problème majeur. De toute façon le sort de la Grèce ne dépend pas que de l'Europe. Il y a le contexte géostratégique du pays. Les États-Unis (OTAN) verraient d'un mauvais œil la Grèce sortir de la zone euro et jusqu’à nouvel ordre, ce que l’Amérique veut… Il est facile aujourd'hui de désigner la Grèce comme seule responsable de cette situation. Toutefois, a quelque chose malheur est bon. Les circonstances actuelles permettront peut-être une prise de conscience salutaire. 
 
 
Notre continent, l'Europe, n'a de sens qu'en jouant la carte de l'unité. Nous devons nous poser les bonnes questions et avoir les idées claires sur ce que nous voulons vraiment. Un pays continent pour faire face aux défis à venir ou un ensemble hétéroclite de pays qui se tirent la bourre au gré des convenances. Une vraie solidarité ou des ententes en fonction des intérêts nationaux ? L’égoïsme national au service du dogme est dépassé au même titre que le patriotisme frileux, vecteur du repli sur soi. Aujourd'hui le monde est ouvert et fonctionnera, quoi qu'il arrive, avec ou sans nous.


2 réactions


  • Laurent 47 10 juillet 2015 20:04

    J’ai cessé de croire en l’Europe en voyant Chypre attaqué par l’armée turque sans qu’aucun pays de ladite Communauté Européenne ne lève le petit doigt pour défendre un pays de cette « Communauté », alors qu’il existait un accord de défense qui stipulait que ce serait l’union sacrée si un pays étranger osait s’en prendre à l’un des états européens !

    Qu’on fait les grecs ? Ils se sont défendus seuls, avant l’intervention de l’ONU qui a mis des troupes entre les belligérants, ce qui a coupé Chypre en deux !
    Alors, ils se sont endettés pour acheter de l’armement, beaucoup d’armement, de façon à pouvoir se défendre sans compter sur la Communauté Européenne, et ils ont eu raison !
    L’Allemagne leur a fourni énormément de matériel militaire, et a consenti des prêts à la Grèce !
    Elle n’aurait pas eu à le faire si l’Europe avait eu le sens de l’honneur, au lieu de se défiler lâchement !
    Maintenant, on demande à la Grèce de rembourser, et ça paraît normal.
    Mais pourquoi a-t-on purement et simplement annulé l’énorme dette que l’Allemagne devait aux états européens au titre de dommages de guerre ?
    Et pourquoi pas à la Grèce ?

  • Tzecoatl Gandalf 12 juillet 2015 06:41

    Sans doute parce que les grecs ont de trop pratiqué l’évasion fiscale et la corruption.

    Annuler leurs dettes reviendraient à réintroduire ce petit jeu.

    Cependant, tenir en otage un peuple au survivalisme ne peut durer. 
    Certains espèrent conduire ce pays sur le chemin de la croissance. Hélas, exiger des comptes publics positifs risque plutôt d’amener à Aube dorée.

    Le fait est que le manque de flexibilité de l’euro quand à pondérer les opportunités est un désastre social, puisqu’il a été réalisé dans le but de pyramidaliser la société uniquement. 

    La grèce est à la poupe du surendettement européen. Il est essentiellement du à l’abandon de monnaie permanente et de mauvaise allocation du capital induite par nos catastrophiques mega-banques et politiques.

    Cependant, annuler la dette sans contrepartie, c’est réintroduire de la monnaie permanente, afin de permettre de limiter globalement les surendettements respectifs. Du moins, si et uniquement si celle-çi n’est pas happé dans une trappe à liquidités (paradis fiscaux, richesses surnuméraires, par ex).


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