mardi 25 avril 2017 - par ZEN

Trump : vers la dérégulation financière

En route vers le précipice ?
                      Silence ! on dérégule.
      Non, pour Donald, la crise de 2008 n'a pas existé. Pas plus que les autres d'ailleurs.
  Le comportement des banques et leur spéculation effrénée n'ont été pour rien dans les ravages qu'elle a suscités, aux effets encore bien visibles.
 Quelques mesures avaient été avancées, par peur plus que par raison, pour contraindre quelque peu la boulimie destructrice de Wall Street et de leurs épigones, favorisée par la dérégulation financière initiée par Clinton. Le contraire des mesures préconisées par Roosevelt dans une situation analogue.
  Et voilà que le Président-gribouille, sous le prétexte de remettre en marche une économie souvent anémique, au vu de l'absurdité de son projet initial de fermer les frontières, se propose de briser quelques digues, de détricoter les mesures Volker, d'ouvrir grandes les vannes pour une prochaine catastrophe financière. Dur d'être au charbon !


  Dans les milieux de la haute finance, on aime le risque et on oublie vite... On adore les rendements à court terme et l'économie-casino. Confiance ! La main providentielle du marché se chargera de créer un ordre spontané.
  Avec un banquier de Goldman Sachs à son conseil économique, rien ne peut arriver de grave...commeavec A. Greenspan, le faux naïf.
  Et pourtant Trump avait dit :
  "Je connais Wall Street. Je connais les gens de Wall Street. Nous allons avoir les meilleurs négociateurs au monde, mais en même temps je ne vais pas laisser Wall Street s'en tirer en toute impunité. Wall Street nous a causé d'énormes problèmes. On va taxer Wall Street".
  Et le milliardaire de l'immobilier d'assurer qu'il ne se souciait "pas des gars de Wall Street. Je n'accepte pas leur argent".
  Pourtant, quelques mois plus tard, opérant à virage à 180 degrés, Donald Trump s'est rapproché de plusieurs grandes figures de la finance, de l'actionnaire activiste Carl Icahn au gérant de hedge fund John Paulson, qui a fait fortune grâce à l'effondrement du marché des prêts hypothécaires, en vendant à découvert des subprimes. Il a mis en sourdine ses diatribes anti-finance et aurait récolté plus de 5 millions de dollars de l'ensemble du secteur de la finance pour sa campagne, selon l'organisme non partisan Center for responsive politics, qui suit les donations sur son site Op enSecrets.org."
   La régulation, voilà l'ennemi des affaires.

     Nous voilà reparti, il faut s'y attendre, pour un nouveau cycle infernal d'endettements périlleux, sans garantie pour la reprise des affaires Le danger n'est pas fantasmé.
  Même le vice-président de la Fed, Stanley Fischer, a exprimé ses vives inquiétudes, lors d'un entretien sur la chaîne CNBC :
"Il semble que nous ayons oublié qu'il y a eu une crise financière, qui a été causée par le comportement des banques [...] et qui a provoqué des dégâts considérables à cette économie. Des millions de personnes ont perdu leurs emplois, leurs maisons. C'était énorme. "La solidité du système financier est absolument essentielle pour maintenir la capacité de l'économie à croître à un rythme raisonnable et prendre des initiatives qui ôterait les modifications qui ont été faites pour renforcer la structure du système financier est très dangereux."
   Elémentaire, mon cher Donald ! Un peu de culture ne nuirait pas...
       Mais voilà, le choix de Donald Trump est celui d'une fuite en avant : tout miser sur la finance et les baisses d'impôts pour faire revenir la croissance d'avant-crise. Et pour dissimuler un protectionnisme très modéré, le nouveau président devrait tenter de séduire son électorat avec une politique agressive envers les immigrés illégaux. C'est pourquoi, dans sa première grande interview à CBS, il a évoqué l'expulsion rapide de « deux ou trois millions » d'immigrés illégaux « criminels ». La manœuvre fonctionnera-t-elle ? Difficile à dire, mais le monde de 2016 n'est pas celui de 2006. La croissance mondiale est faible, le secteur financier reste fragile et les attentes des électeurs sont fortes. Ne pas traiter la question centrale des inégalités et du sous-investissement chronique en misant tout sur la finance risque de conduire encore à une crise majeure.
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10 réactions


  • jjwaDal jjwaDal 25 avril 2017 19:15

    Non content d’offrir 3 000 milliards de $ (d’aide fiscale) aux 1% les plus riches (Bernie Sanders), il veut en effet détruire l’embryon de régulation qui visait les banques via la « Dodd-Frank ». En fait avec les taux directeurs de la FED à un niveau extrêmement bas pendant une durée exceptionnellement longue, ce sont les services non bancaires (la finance de l’ombre) qui se sont multipliés et sont en passe de devenir le principal problème, car le casino c’est en grande partie elle, en 2017. La mesure de suppression vise juste à redonner la main (accès au gâteau) à la banque classique, sachant que les services bancaires sont vitaux à la société et qu’on ne peut laisser crever des entreprises privées irresponsables quand leur mort implique la nôtre...
    Lordon parle de prise d’otages à raison et elle est inévitable dès lors que ceux qui pourraient nous en délivrer (via nationalisation quand elles vont s’effondrer à nouveau) sont au services du secteur bancaire, non du peuple.
    Les banques centrales peuvent-elles encore intervenir ? En théorie, oui. Toute la question est de savoir ce qu’elles feront quand toutes ces dettes arriveront à échéance. Créer de la monnaie pour encaisser les pertes dans leur bilan et stocker cette monnaie jusqu’à ce que le haut du tas atteigne le ciel ? Désintégrer tout ou partie de cette dette (souveraine ou privée) par des artifices comptables ? Personne ne semble vraiment savoir. L’économie mondiale semble foncer la tête dans le guidon , le tout dans une nappe de brouillard. Jusqu’ici tout va bien...


  • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 25 avril 2017 23:03

    La liste des déceptions est longue avec Trump !

    Avant les élections :
    - Pro-russe
    - Anti-interventionniste, presque anti-guerre
    - Promet une réforme de la sécurité sociale ou tout le monde en ressortira gagnant
    - Acclame wikileaks (pour les mails de Clinton)
    - Désigne Wall Street comme le mal

    - Il foire une intervention commando au Yemen, lancée par publicité contre l’avis militaire.
    - Il balance des missiles sur la Syrie, pas si loin des russes
    - Crée un plan de réforme de la sécu qu’il n’osera même pas faire passer par le vote tellement il est nul
    - Intente une action légale contre Julian Assange dès qu’il fait fuiter des choses qui ne lui plaisent pas, tout en menaçant les droits de la presse du même coup
    - Nomme les pontes de Goldman Sachs aux postes clés

    On peut continuer toute la nuit c’est juste ce qui me vient à l’esprit... Et plus on lit ce que Trump dit (et comment il le dit) plus on se dit qu’il est extraordinairement bête et que ce n’est certainement jamais lui qui a été aux manettes.
    L’oligarchie a placé un intérimaire supprimant les coûteux intermédiaires que sont les politiques et les lobbyistes et elle s’en donne à coeur joie.


  • Spartacus Lequidam Spartacus 26 avril 2017 10:37

    Confusion entre Cause et conséquences.


    La crise des subprimes est la conséquence de l’obligation donnée aux caisses d’épargne qui créent la monnaie bancaire, Fanny Mae et Freddy Mac d’avoir au bilan 50% de prêt pour les plus pauvres par Bill Clinton à la fin de son mandat....

    En faisant cela pour replacer ces prêts no refourguable, les banques ont tritirisé les crédits....

    Un homme, le libéral (Ron Paul) avait prédit en 2003 point par point et ligne par ligne le désastre à venir de la bulle des subprimes...


    • Jean Pierre 26 avril 2017 23:09

      @Spartacus
      Vous avez tout faux comme d’habitude. Pour pouvoir incriminer l’Etat, qui est toujours l’unique responsable de tout selon vous, vous distordez totalement la réalité.

      La possibilité légale (et non l’obligation) de prêter à des personnes à faible revenu date de 1977 (et non de Clinton). C’est toute la question des prêts hypothécaires (le prêt est cautionné par le bien acheté grace au prêt)
      A partir de ce point de départ lointain toute la crise des subprimes qui a suivi découle de l’action irresponsable des secteurs financiers et banquiers privés a qui l’Etat Américain laissait tout faire : les propositions de prêts à taux variables, la falsification par les banques privées des dossiers d’emprunts (informations fausses sur la solvabilité des emprunteurs), le refus par ces banques privées de renégocier les emprunts quand les taux variables ont grimpés, la poursuite de ces pratiques douteuses alors que l’immobilier baissait et que les défauts de paiement se multipliaient, la dissimulation par les banques privées des risques grace à la titrisation, les notations favorables données à ces titres pourris par des agences de notations privées qui devaient satisfaire leurs clients banquiers pour les garder (c’est la loi du marché), la dispersion par le système financier privé de ces titres pourris mais bien notés sur toute la planète (ce qui est sans doute la plus grande escroquerie de tout les temps). 
         Dans la mesure ou depuis très longtemps le responsable des finances dans le gouvernement Américain est systématiquement quelqu’un qui vient du secteur financier (trouvez moi donc une exception) et qui applique les désirs de ce même secteur financier, il est particulièrement malvenu de reprocher à l’Etat des mesures voulues et obtenues par les secteurs bancaires et financiers. Si on examine attentivement la crise des subprimes dans son ensemble ce n’est pas l’action de l’Etat Américain qui est en cause. C’est son absence d’action de régulation. Et cette absence de régulation était voulue par le secteur financier et obtenue par le fait qu’il avait pris le pouvoir réel au gouvernement. Les subprimes, ce n’est donc pas trop d’Etat comme vous l’affirmez, mais c’est au contraire un manque d’autorité et d’indépendance de l’Etat vis à vis du secteur financier. 

  • Spartacus Lequidam Spartacus 27 avril 2017 15:04

    Pour votre info


    Bill Clinton en 1996 modifie les règles et impose avec une révision à la hausse des prêts hypothécaires de Freddy Mac et Fanny Mae et impose la catégorie sociale des « sous le seuil de pauvreté ».....

    Il impose un objectif de 42% de prêts aux gens modestes en 1996 dont 14% pour les gens sous le seuil de pauvreté et se termine en 2007 à 55% des prêts dont et 25% au gens sous le seuil de pauvreté en 2007.

    • Jean Pierre 27 avril 2017 19:36

      @Spartacus
      Clinton ayant été élu, comme tout président Américain, grace au soutien des milieux financiers, il a fait ce que demandait ces milieux. De plus, en raison des politiques menées depuis longtemps aux Etats Unis, la désindustrialisation était déjà très avancée. La politique de taux faibles de la FED permettait l’accession à la propriété de plus d’Américains et le soutien de l’immobilier et du secteur bancaire ce qui était une façon de soutenir l’économie. Il est possible qu’une politique de forts taux d’intérêts ne permet pas le développement de bulles spéculatives. Mais cela conduit également à une forte récession. Quand Clinton a proposé cette mesure, les taux de la FED était à moins de 1% ce qui rendait possible le remboursement et le marché immobilier était soutenu ce qui garantissait ces prêts hypothécaires. Bush a maintenu cette mesure alors que les taux avaient explosé et que le marché de l’immobilier se renversait.

      Aucune mesure d’Etat n’imposait aux banquiers de se conduire comme des voyous, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire dès qu’ils ont eu la liberté de le faire. De mon point de vue, Bush acceptait cette escroquerie à grande échelle des milieux financiers Américains pour faire affluer aux USA les capitaux nécessaires à ses guerres.
      Pour appuyer vos théories sur l’Etat responsable de tout, expliquez nous quelle mesure gouvernementale a « imposé » à Madoff son escroquerie à 50 milliards de pertes pour les épargnants.

    • samuel 28 avril 2017 09:14

      @Spartacus

      Et dans son infini RESPONSABILITE et CLAIRVOYANCE, le magnifique secteur privé a fait tourner la planche à crédit plus que de raison, a titrisé alors que PERSONNE n’obligeait à titrisé et qu’aucune loi n’oblige une banque à prêter au delà de ses capacités.

      La vérité, c’est que la LEVIERISATION, la TITRISATION et l’AVIDITE sont les responsables du montant FARAMINEUX de la crise. 

      Sans ces deux fléau, crise il y aurait eu mais de bien moindre importance et avec des conséquences bien différentes !!!!



    • jjwaDal jjwaDal 1er mai 2017 08:07

      @samuel

      « La vérité, c’est que la LEVIERISATION, la TITRISATION et l’AVIDITE sont les responsables du montant FARAMINEUX de la crise. »
      Oui et non. En fait le lobby bancaire a agit auprès des politiques pour ne pas réguler le marché des produits dérivés, ce qui fut fait au grand dam de Brooksley Born, alors directrice de l’agence en charge.
      Ensuite les économistes derrière la théorie de la régulation considèrent que le cadre réglementaire dans lequel les agents agissent est le noeud du problème, pas les agents eux-mêmes utilisant les moyens disponibles pour s’enrichir férocement...
      Par ex un marché est indissociable d’un dialogue et rapport de force entre l’offre et la demande, les acheteurs et les vendeurs. Mais la libéralisation des capitaux et la financiarisation générale de l’économie ont mis une large part de l’économie mondiale dans une situation de casino.Quand le prix d’un bien/service augmente, la demande diminue. Le contraire pour un titre en bourse qui va plutôt être acheté dans la perspective de le revendre plus haut dans sa pente haussière mettant en place une authentique pyramide. Pas pour rien qu’entre 2007 et 2009, la moitié du PIB mondial (25 000 G$) est partis en fumée. Et comme le secteur (privé) bancaire s’est mis en posture d’entrainer les sociétés dans sa chute si on le laisse chuter il a trouvé un moyen imparable de privatiser les bénéfices et socialiser les pertes. La faute à L’Etat bien sûr (clin d’oeil à « Spartacus ») qui a trop régulé pour se faire plumer à tous coups... smiley


    • samuel 2 mai 2017 09:28

      @jjwaDal

      « Ensuite les économistes derrière la théorie de la régulation considèrent que le cadre réglementaire dans lequel les agents agissent est le noeud du problème, pas les agents eux-mêmes utilisant les moyens disponibles pour s’enrichir férocement... »

      Levierisation et titrisation sont bien des cadres réglementaires smiley on les supprime et les agents économiques agissent différemment !

    • jjwaDal jjwaDal 2 mai 2017 20:31

      @samuel
      Non, pas d’accord. Ce sont des pratiques autorisées par l’absence de (véritable) régulation sur elles. PBS avait fait une série sur le sujet à l’époque de l’éclatement de la bulle (les subprimes étant une composante). Voir « The warning » sur Youtube par ex.


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