mardi 22 avril 2014 - par Gabriel

Une étincelle de bonheur

 Dans ce monde de déprime, sur cette planète qui part en vrille, voici un petit texte pour les amis de passage, pour les rêves naissant de rencontres furtives, les douces paroles, les rires spontanés et les regards éphémères qui, jetant leurs petits cristaux de vie en artifice restent gravés dans un coin de notre mémoire. Qu’ils nous attrapent au coin d’une rue, dans une boutique ou sur lieu de notre travail, l’instant aussi bref soit-il, ils ou elles nous ont éclairé de leur sourire, éblouie de leur lumière, mis le corps et l’âmes au diapason de la symphonie cosmique. Pendant ces quelques secondes, ces quelques minutes, inconsciemment nous avons été l’élève, ils ont été le maitre.

 Certaines rencontres exceptionnelles bâtissent notre vie, façonnent notre conscience, équilibrent notre esprit. L’énergie positive et bénéfique qu’ils dégagent est partout et peut surgir de n’importe où, à n’importe quel instant en nous choisissant pour cible au moment ou nous nous y attendons le moins. Dans le sourire et le bonjour d’un sans abris que nous croisons les yeux baissés, dans la bousculade d’un enfant qui joue, dans le regard bienveillant d’un ancêtre ou sous le spectacle de notre compagne batifolant sous la douche comme un moineau jouant dans une flaque d’eau. 

 Parfois, il suffit d’un air de musique, du parfum des blés coupés, de la couleur d’un soir d’été ou seulement de quelques lignes d’un livre pour nous faire vibrer et redécouvrir une vérité qui a toujours été là, enfouie au plus profond de nous. C’est la récompense suprême de l’auteur qui, en quelques mots ayant fait exploser la vie en nous, est heureux d’avoir écrit les milliers de phrases qui les précèdent comme les milliers qui les suivent.

 Ces petits bouts de choses, ces petits bouts de rien qui paraissent dans la cacophonie de l’époque comme quantité négligeable, sont les bouffées d’oxygènes indispensables à notre épanouissement, notre progression, notre survie. Au milieu de la pollution atmosphérique, médiatique, des agressions radiophoniques, publicitaires ou politiques, ces petits instants de bonheur nous font prendre conscience que si nous ne pouvons changer le monde, nous pouvons, par votre comportement, changer des choses dans le monde et à notre tour, irradier l’âme de nos frères et sœurs de galère.

 Ce sont de courts mais puissants flash d’adrénaline pour le cœur, pour l’esprit. Leur force est bien supérieure à toutes les tristesses et surpasse en énergie la colère, la haine et l’envie. Elle est au-delà des trahisons, des mensonges et des reniements. Ces instants magiques nous font entrevoir la miraculeuse beauté de la vie, l’infini de l’amour, la majestueuse nature première de l’homme. Quelques secondes leurs suffisent à effacer une triste journée et à gommer nos actes manqués.

 Recherchons et préservons ces instants à jamais, ils sont les béquilles d’une vie qui boite et part de travers rongée par la peste financière et le choléra de l’individualisme. Le monde agonise sous l’ignorance de l’homme face à la vie et son but ultime. Prenons soin les uns des autres car nous ne sommes qu’une suite de souvenirs en sursis qui dure l’espace d’un printemps, une poussière cosmique, ce que le maître des lieux veut bien nous accorder.

 Je cesse ici cette digression métaphysique, cette divagation philosophique sur les petits bonheurs momentanés afin de profiter d’un éclair de lucidité et mettre en pratique mon délire épistolaire pour d’aller serrer dans mes bras ma petite fille.

 Bonne et heureuse journée à vous tous citoyens lecteurs.



10 réactions


  • Kookaburra Kookaburra 22 avril 2014 12:28

    Beau texte Gabriel, et une philosophie de la vie avec laquelle je suis tout à fait d’accord.


  • leypanou 22 avril 2014 16:00

    " si nous ne pouvons changer le monde, nous pouvons, par votre comportement, changer des choses dans le monde et à notre tour, irradier l’âme de nos frères et sœurs de galère. «  : c’est votre comportement ou notre comportement ?

    Si c’est notre comportement, alors c’est effectivement le peu qu’on peut s’obliger à faire, malgré les difficultés et l’insurmontabilité de la tâche. Et si un pratiquant d’aïkido n’a un comportement digne que sur un tapis, ce serait passer à coté de l’esprit de la pratique car les quelques heures par semaine passées à s’entraîner ne sont rien par rapport au reste de la vie de tous les jours (je ne suis pas sûr que les »maîtres" insistent sur ce point partout)


    • Gabriel Gabriel 22 avril 2014 17:07

      Bonjour leypanou,
      Pratiquant l’Aïkido depuis une vingtaine d’années, je dois vous avouer que cela aide grandement dans la vie à poser un regard bienveillant, sincère et calme sur tous ce qui nous entoure. Évidemment, il y a des jours sans et, c’est ces jours là ou l’effort nécessaire à fournir pour rester dans cette attitude bienveillante est formateur. Cordialement. 


  • alinea Alinea 22 avril 2014 16:44

    « la joie de vivre » comme le dit Barbara, quand elle est là un matin au réveil, nous apporte une journée avec ces rencontres que vous évoquez ; « le mal de vivre » comme le dit Barbara, nous apporte une journée de déboires, de rejets, d’agressions même ! Quelle est la clé pour la joie de vivre ? L’avez-vous ? Elle me semble bien magique, qui vient sûrement comme une nécessité.
    Quand je suis bien, les gens sont beaux, souriant, alors je me dis qu’émanent de moi ces ondes qui les suscitent ; quand je suis de mauvaise humeur, chagrine ou colère, non, les gens sont moches, au moins autant que moi !
    La volonté n’y peut rien, seul le bonheur engendre l’amour, mais seul l’amour engendre le bonheur....


    • Gabriel Gabriel 22 avril 2014 17:20

      Vous avez raison Alinéa,une attitude positive attire le positif, les vibrations que l’on emmet sont captées par tous les organismes vivants qui nous entourent et qui à leurs tours, nous répondent avec les leurs. Plus une attitude est positive envers autrui plus les fréquences de nos vibrations sont hautes et salutaires pour l’environnement immédiat, enfin c’est mon ressenti. Mais parfois, le receveur est en mode défense et se referme sur lui même et peut percevoir ces vibrations comme une agression car elles ne sont pas en phase avec le formatage de son esprit.


    • alinea Alinea 22 avril 2014 17:32

      Un jour que j’avançais dans une rue, en voiture, un jeune beur ( eh oui) traversa devant moi, hors des clous, et me regardant en face, comme je pilais, me proposa une ’ provocation" ; j’étais de bonne humeur, j’ai levé les bras et je lui ai fait un grand sourire ; il est resté comme deux ronds de flan et il est parti !!
      Cette mini agression peut bien appeler une injure en retour, c’est ce qu’elle attendait : si on y répond pas, c’est déjà un peu de positif posé là !!


    • Gabriel Gabriel 22 avril 2014 17:40

      Les colères et les provocations sont des pierres jetées au ciel. Comme le ciel ne répond pas, les colères et les provocations s’éffacent d’elles mêmes car lorsqu’il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas lutte. Merci de vos commentaires.


  • Ariane Walter Ariane Walter 23 avril 2014 04:28

    merci Gabriel pour ce si joli texte hors du temps ,ou peut-être est-ce la folie ambiante qui est hors du temps, le seul, le vrai que tu décris si bien, qui est celui du bonheur simple à portée de tous.. Merci pour ce rappel.


    • Gabriel Gabriel 23 avril 2014 07:29

      Bonjour Ariane,
      04H30 du matin, seriez vous insomniaque ? Merci pour votre lecture et vos sympathiques remarques concernant ces modeste lignes. Je vous souhaite une journée lumineuse...


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