mercredi 5 août 2015 - par Roosevelt_vs_Keynes

Vers une alliance de « fronts de libération » de l’euro

Le dénouement de la tragédie grecque amène des pans entiers de la gauche européenne à réaliser qu’une autre politique est impossible au sein du système de l’euro. La demande scandaleuse de la Cour suprême grecque d’inculper l’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis pour avoir travaillé sur un Plan B, au cas où la Grèce n’arriverait pas à conclure une entente avec la Troïka, a encore ouvert bien des yeux. Varoufakis avait en effet prévu une procédure d’urgence qui aurait permis au gouvernement grec de reprendre le contrôle du système informatique de l’administration fiscale (qui avait été abandonné aux mains de la Troïka) dans le cadre d’un processus de transition vers une devise parallèle stable.

La zone euro est « désormais devenue un monstre, ou plus précisément un tyran qui s’est dégagé de toute règle », s’exclamait l’économiste français Jacques Sapir le 31 juillet. Si c’est bien Varoufakis qui a voulu rétablir le contrôle sur le système informatique de l’administration fiscale, il s’est vu obligé d’agir ainsi parce que l’ancien Premier ministre Samaras, avait « en réalité commis [un] acte de Haute Trahison en confiant l’administration fiscale à une (ou des) puissances étrangères ».

Et c’est Mario Draghi qui, par ses actes, « a mis en péril le système bancaire alors que l’une de ses missions, inscrites dans la charte de la BCE est justement d’assurer le bon fonctionnement de ce système ». Ainsi, poursuit Sapir, si « Yanis Varoufakis doit être inculpé, il sera logique, il sera juste, que le Président de la BCE M. Draghi, ainsi que le Président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem, le soient aussi ».

Sapir apporte ensuite son soutien à l’appel à une « alliance de fronts de libération nationale » contre l’euro lancé le 27 juillet par l’ancien vice-ministre italien des Finances Stefano Fassina, et qui fut posté aussitôt sur le blog de Varoufakis.

Fassina, qui avait démissionné du gouvernement en 2014 pour protester contre la politique d’austérité, écrit :

Nous sommes à la croisée des chemins de l’histoire. D’un côté, la voie de la continuité, la dépendance à l’égard de l’euro, c’est-à-dire la résignation devant la fin de la démocratie des classes moyennes et de l’Etat providence : un équilibre précaire de sous-emploi et de colère sociale, menacé par des risques élevés de rupture nationaliste et xénophobe. De l’autre, une décision partagée, sans actes unilatéraux, de se libérer de la monnaie unique et de la structure institutionnelle qui lui est liée. (…).

« La voie de la discontinuité peut être la seule pour tenter de sauver l’Union européenne, de revitaliser les démocraties des classes moyennes et de renverser la tendance à la dévalorisation du travail. Pour une désintégration bien gérée de la monnaie unique, nous devons construire une large alliance de fronts de libération nationale, partant de la périphérie méditerranéenne de la zone euro, composée de forces progressistes ouvertes à la coopération avec des partis démocrates souverainistes de droite. Le temps dont nous disposons est de plus en plus réduit.

Fassina est également co-signataire d’un message de soutien envoyé le 31 juillet aux sénateurs américains ayant déposé la « Loi Glass-Steagall pour le 21ème siècle », en l’occurrence Elizabeth Warren, Maria Cantwell, John McCain et Angus King.

Le message a également été signé par les économistes italiens Nino Galloni et Antonio Maria Rinaldi, ainsi que le vice-président de Movisol (parti frère de Solidarité & Progrès, présidé par Jacques Cheminade, en Italie) Claudio Celani.



10 réactions


  • Laurent 47 5 août 2015 18:25

    Tant que l’on n’aura pas compris que la Communauté Européenne, l’euro, et l’OTAN sont autant de machines de guerre au seul bénéfice des Etats-Unis, et que l’Europe est totalement asservie par la finance anglo-saxonne, on ne s’en sortira pas !

    Le seul qui semble avoir compris le piège mortel tendu par l’oncle Sam aux pays européens, et qui a tout fait pour nous le faire comprendre à demi-mots, c’est Vladimir Poutine !
    Et son pays en a été largement récompensé ! Sanctions américaines ( reprises en choeur par les esclaves européens ), interdiction de livrer les deux Mistral commandés et payés par la Russie, e.t.c.
    Et tout ça sur la base de renseignements fournis par les nazis ukrainiens, dont l’honnêteté recueille l’unanimité, et par Washington ( genre armes de destruction massive ), concernant la destruction du MH17 de Malaysia Airlines et l’invasion de l’Ukraine par des milliers de soldats russes et de centaines de blindés ! ( affirmations non constatées sur place par les observateurs internationaux de l’O.S.C.E. )
    Compte-tenu du fait que les Etats-Unis n’ont jamais, de toute leur Histoire, pu apporter la moindre preuve de ce qu’ils avançaient comme étant des vérités, je suis atterré de voir à quel niveau de stupidité en sont arrivés les chefs d’états européens, dont le nôtre !
    Un élève de sixième d’un quartier défavorisé du 93 aurait reniflé tout-de-suite le piège à cons, s’il avait été à la place de François Hollande, et nous ne serions pas dans une telle panade !
    En attendant, celui qui encaisse d’un acheteur le prix d’une marchandise ( les Mistral ), et refuse de la livrer sous des prétextes fallacieux, s’appelle un escroc en Droit Français !
    A défaut de notre Code Pénal, c’est maintenant la Russie qui applique le sien, et je crois que les chantiers navals de Saint-Nazaire et les agriculteurs français, dont l’activité a été mise à terre, ont quelques mots à dire à ce sujet !
    Est-ce que quelqu’un dans ce pays de veaux, aura assez de courage pour dire merde aux Etats-Unis et à l’OTAN, une bonne fois pour toutes ?
    Quand on met en balance pour notre commerce international, les Etats-Unis et la Russie, il n’y a pas photo : la Russie nous apporte beaucoup, et les Etats-Unis absolument rien ( à part les 10 milliards de pertes des marchés navals et agricoles, et du TGV Moscou-Pékin ).
    La Russie, qui n’en a rien à foutre du marché européen, qu’elle a facilement remplacé par ceux passés en Asie et en Amérique Latine, nous regarde maintenant avec un certain amusement, nous agiter dans notre bocal !
    Quand à ceux qui continuent à avoir une admiration sans bornes pour les cowboys, rien ne les empêche d’y aller ( un conseil : évitez Malaysia Airlines si vous passez au dessus de l’Ukraine ), car comme les flingues, le poulet à l’eau de Javel y est en vente libre !

    • Doume65 6 août 2015 00:41

      @Laurent 47
      « dans ce pays de veaux »
      Ben non, justement. Comme tu viens toi-même de le dire, les éleveurs se portent très mal et le veau est importé. smiley


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 5 août 2015 19:06

    Tant qu’on n’aura pas expliqué pourquoi l’euro est dangereux, il n’y a aucune raison pour que se forme un « front » quelconque... L’euro n’est pas une monnaie comme les autres, comme le croit naïvement la Gauche radicale, c’est une monnaie IMPOSSIBLE A DÉVALUER. Donc impossible à ajuster à la compétitivité de chaque économie.


    L’euro a été créé, simplement en décidant qu’un beau matin, le franc, la lire, le mark, la drachme etc auraient la même valeur : 1 euro. Même pour le citoyen lambda qui ne connaît rien aux questions monétaires, l’idée qu’1drachme = 1 mark, ça fait réfléchir...

    Les Français, les Espagnols, les Belges, les Grecs, ou les Italiens etc, ont donc tous une monnaie qui est le mark, l’euro- mark. Si l’Allemagne avait gardé le mark, il vaudrait 30% de plus/ dollar. Avec l’euro, l’ Allemagne exporte avec une monnaie qui est 30% plus bas qu’elle ne devrait, ce qui lui facilite drôlement bien les choses....

    Par contre, toutes les autres économiques commercent avec une monnaie dont la valeur/ Dollar est bien plus élevée qu’elle ne le devrait : + 10 ou de trop pour l’économie française, + 50% pour la Grèce. C’est là que commence le drame de l’ euro.

    Quand on ne peut pas dévaluer une monnaie, la seule chose qui reste à faire aux gouvernements pour faire baisser les prix des produits à exporter, c’est de faire une dévaluation « interne », en clair faire baisser les salaires, contracter la masse salariale. Supprimer tout ce que les patrons appellent : « les charges salariales », qui sont depuis le CNR, le moyen de financer la solidarité nationale : les retraites par répartition, la santé, le droit du travail, les indemnités chômage etc.

    Pourquoi avoir imposé une monnaie qui implique de détruire les acquis sociaux ?
    Parce que l’ Europe a une politique délibérément anti sociale : « Il fallait envoyer les Etats providence aux égouts ».

    • lsga lsga 6 août 2015 09:48

      « ’une autre politique est impossible au sein du système de l’euro »
       
      OOps : ’une autre politique est impossible au sein du système CAPITALISTE
       
      L’État Nation, Keynes, et l’état providence : c’est fini. PARTOUT DANS LE MONDE. Simple conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit. Rien à voir avec l’euro. D’ailleurs, dans les pays de la zone euro où le taux de profit est encore élevé, les systèmes sociaux restent en place (ex : Europe du Nord)


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 5 août 2015 19:17

    Imposer une monnaie commune pour détruire les acquis sociaux est une décision POLITIQUE, pas une décision économique. Ce sont les USA qui l’ont imposée. La création de la zone euro a été décidée en juin 1965 à Washington entre 4 Hauts fonctionnaires Américains et Robert Marjolin, représentant de la CEE.


    La preuve a été découverte par Evans Pritchard, un journaliste anglais, parmi les milliers de documents de la CIA et de la Maison Blanche, déclassifiés en 2000. Evans Pritchard a découvert que la CIA avait financé « le Mouvement européen » pour faire de la propagande pour la construction européenne, et que la zone euro avait été décidée en 1965.

  • Le p’tit Charles 6 août 2015 10:29

    L’euro.. ?

    Tout le monde en parle alors qu’il s’agit du « Mark »... ?
    l’UE n’est que la compilation de certains états pour former des étoiles supplémentaires au drapeau américain...des chiures de mouches en somme.. !...

  • Tythan 7 août 2015 13:52

    Un rassemblement est déjà en train de se dessiner entre Jean-Pierre Chevènement, figure de la gauche, et Nicolas Dupont-Aignan. Mais malheureusement, Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà refusé une telle logique.

    http://tythan.over-blog.com/2015/04/rapprochement-de-jean-pierre-chevenement-et-de-nicolas-dupont-aignan-en-vue-un-article-d-agoravox-affirme-que-lors-de-la-derniere-re


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