jeudi 7 avril 2011 - par Gaëtan Pelletier

Wachovia : comment les citoyens sont devenus des vendeurs de drogue sans le savoir

Du 1er mai 2004 au 31 mai 2007, ce sont près de 373 milliards de dollars qui ont été virés par les Casas de Cambio sur les comptes ouverts à leurs noms chez Wachovia, sans parler des 4 milliards de dollars que les Mexicains ont déposés en espèces au guichet des agences de la banque. Une partie non négligeable desdites sommes a été utilisée pour acheter des avions dans lesquels ont été ultérieurement saisies plus de 20 tonnes de cocaïne…

Citigroup et Washington…

Dans le « rouge » en 2008, la Wachovia a été « rachetée » par nulle autre que Citigroup.

Pourtant, en 2007, Wachovia avait fait l’acquisition d’AG Edwards. Non seulement rachetée par CitiGroup mais sauvée de la faillite avec l’aide de Washington. Avec l’aide de Washington, cela signifie que les citoyens américains ont non seulement payé pour sauver une banque qui les a floués, mais sont devenus, involontairement, …des partenaires de trafiquants de drogues.

Selon l’accord de 2008, Citigroup absorberait 42 milliards de dollars de pertes et les autorités fédérales, les pertes encourues sur un ensemble de quelque 312 milliards de prêts consentis par les banques.

Ce qu’on cachait, c’est le laxisme des autorités durant cette période. Laxisme ? Disons plutôt une opération souterraine, bien camouflée pour « ressourcer » les banques.

Le scandale

 

Un géant bancaire américain, Wachovia, est au coeur d’un des plus gros scandales de blanchiment d’argent sale de tous les temps. 380 milliards de dollars issus du trafic de drogue seraient passés par ses succursales, en toute impunité. Une bombe à fragmentation balancée hier par le Guardian.

Accord secret

La banque a fait l’objet de poursuites judiciaires acharnées. Et comment ! En Mars 2010, en vertu de la loi américaine sur le secret bancaire, Wachovia et l’administration américaine ont signé un accord amiable, resté secret jusqu’ici : 110 millions de dollars d’amende pour avoir autorisé des transactions relatives à des trafics de drogue et 50 millions pour avoir échoué à surveiller les mouvements de capitaux utilisés pour le transport de 22 tonnes de cocaïne. Et… c’est tout ! Aucun dirigeant n’a jamais été inquiété à titre personnel.

 

Pourtant, l’enquête a montré que Wachovia était au courant de ces petits trafics depuis 2004. Entre 2006 et 2007, la banque a même fait l’objet de 6000 à 7000 procédures de redressement, mais ça n’a pas eu l’air de gêner grand monde. « Un nombre absurde », selon Martin Woods, un employé londonien de la banque embauché pour lutter contre le blanchiment. Dans ces conditions, comment se peut-il que la direction n’ait pas eu « le sentiment que quelque chose allait très, très mal ? » Hein, comment ? D’ailleurs, à plusieurs reprises, ce Woods a balancé des rapports incendiaires à sa hiérarchie, car le pot aux roses n’était finalement pas si difficile à mettre à jour… Mais ça n’a pas eu l’air de gêner grand monde.

Coke en stock

En mai 2007, suite aux pressions exercées par le ministère de la justice des États-Unis, Wachovia décide d’interrompre ses relations avec certains de ses bureaux de change mexicains. Mais plutôt que de lancer une enquête interne, comme le veut l’usage, la banque choisit de faire l’autruche. Un peu plus tard, les médias américains évoquent (timidement) l’affaire. Wachovia prend alors la lourde décision de cesser toutes ses activités au Mexique. Mais toujours pas d’enquête. Pire, en juin 2007, Woods apprend que ses alertes ont été volontairement cachées aux autorités américaines et britanniques. Et le trafic a pu continuer comme si de rien n’était…

C’en est trop ! Fin 2007, Martin Woods se retrouve dans les locaux de Scotland Yard. Là, il se rend compte que personne n’a encore pris la mesure du scandale. Alors il balance tout. C’est à ce moment là que tout bascule et les autorités américaines et britanniques ne lâcheront plus l’affaire.

Alors… pourquoi une si faible amende ? Pourquoi aucune action pénale ? Quelques indices :

- En janvier 2010, Antonio Maria Costa, directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que le plus gros de l’argent issu du trafic de drogue avait été sciemment blanchi par les institutions financières. Courant 2008, il a ainsi reçu la preuve que les profits de la criminalité organisée ont été « la seule source de liquidités » pour certaines banques au bord de la faillite. « Les prêts interbancaires ont été financés par l’argent du trafic de drogue et d’autres activités illégales… Il y a des signes qui indiquent que certaines banques ont été sauvées de cette façon » a-t-il déclaré. En clair, le trafic de drogue a participé à sauver l’économie mondiale.

- Robert Mazur, ancien responsable américain de la lutte contre les cartels sud-américains, a déclaré au Guardian que « beaucoup d’agents ont été déçus de voir un règlement » à l’amiable entre l’administration et Wachovia. « Mais, a-t-il continué, je sais qu’il y a eu des circonstances extérieures qui ont travaillé au profit de Wachovia, notamment le fait que le système bancaire américain était au bord de l’effondrement ». Les mots ont un sens

Argent liquide : 4,200 transferts, 8 milliards de dollars

L’ONU estime que le blanchiment, toutes origines confondues, représente 1000 milliards de dollars par an. lien

Les politiciens vous résument ça en une phrase : les temps sont durs. On dirait que les dirigeants sont mous…

2005 : un chien découvre de la cocaïne à bord d’un avion. On saisit 4 avions achetés pour le transport de la précieuse marchandise.20,000 kilos…

Avertissement (sic) de la DEA ( Drug Enforcement Administration). Les banques auraient alors cessé d’accepter les transferts électroniques.

Il estime à 352 milliards de dollars les profits provenant du commerce des narcotiques qui ont été absorbés par le système bancaire. Il dit avoir obtenu ses informations d’officiers de banques situés en Angleterre, en Suisse, en Italie et aux États-Unis.

Un porte-parole de l’Association britannique des banques a révélé n’avoir jamais entendu parler d’une telle implication du monde interlope dans le sauvetage des banques, ajoutant que ces dernières ont été sauvées par les gouvernements. Les affaires

Le porte-parole n’en sait rien… Les banques ont été sauvées par les gouvernements.

Et les gouvernements floués par les banques…

Il y a des synapses qui manquent d’électricité…

L’amende

On parle de 160 millions de dollars à certains endroits. C’est peu… Le plus étonnant c’est « l’arrangement » à l’amiable.

Sauver des banques, des pays, par une mafia à laquelle semblent avoir participé de hauts dirigeants, des « élus » en jouant avec l’argent propre de la sueur des citoyens est pour le moins singulier.

On parle d’une période courte, mais certaines sources indiquent que des opérations auraient eut lieu dès 1996.

 

À consulter…

L’article d’Olivier Cabanel du 11 mars 2010.

 

La mafia au secours des banques



3 réactions


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 7 avril 2011 11:10

    Bonjour,

    "l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que le plus gros de l’argent issu du trafic de drogue avait été sciemment blanchi par les institutions financières." ça alors, on apprendrait aujourd’hui que la dépendance à l’argent à le même effet que la dépendance aux poisons, ça alors... ? voire Mardi prochain sur arte la guerre de l’opium à 20h45
    Voulez que j’vous dise, des scandales comme ça y’en a des brouettes tous les jours, ça fait même plus mal, on sature on saturne même tellement ça frise l’overdose Vivement JLM ou MLP que tombe le couperet du coup de pied dans la fourmilière et que sonne la fin de l’hallalli...



  • franor 16 juillet 2012 14:32

    Très bon article bravo l’auteur.


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