Chirurgie esthétique à la demande, un pacte contre nature
La
chirurgie esthétique « à la demande » est de plus en plus pratiquée,
et concerne maintenant aussi des populations jeunes : en Chine, des
milliers de jeunes Chinoises aisées se font opérer des jambes : les pieds
ne sont plus bandés, ce sont les tibias qui sont coupés, avec pose de broches
métalliques et d’écrous, qu’on tourne dans le but d’augmenter la taille de dix
centimètres. Elles demandent aussi une transformation plastique des joues, des
yeux, des lèvres... avec l’espoir de
remporter le concours lancé en 2005 de « Miss chirurgie esthétique ». Aux Etats-Unis,
sur les 7,2 millions d’interventions effectuées sur des femmes en 2003, 220 000
ont concerné des filles de moins de dix-huit ans, essentiellement pour une
augmentation de la taille de leurs seins, ce qui représente une augmentation de
80% par rapport à 1996, et de 138 % par rapport à 1994.
Des enquêtes psychologiques sur « les demandeurs de
chirurgie esthétique » ont dès leur origine (vers 1940) posé deux
questions : y a-t-il des caractéristiques psychologiques communes entre
les patients de la chirurgie esthétique ? Eprouvent-ils une satisfaction
post-opératoire ? Il apparaît que les femmes qui subissent des chirurgies
mammaires de convenance ont un profil psychologique caractérisé par une faible
estime personnelle et une tendance marquée à la dépression. Le geste
chirurgical est-il pour autant une bonne réponse ? Le Code de déontologie
de la médecine oppose à ce désir de domestication du corps, en son article 18 :
« Le médecin doit s’interdire dans les investigations ou les interventions qu’il
pratique, comme dans les thérapeutiques qu’il prescrit, de faire courir au malade
un risque injustifié. »
La volonté du
malade n’est pas considérée comme souveraine, du moins en droit français.