jeudi 5 octobre 2006 - par

Citadin, la rue te remercie

 

Evidemment, l’impression dépend de la ville du monde d’où on vient. Mais enfin il semble qu’un passager en provenance de Singapour, de Hong Kong, de Londres, par exemple, trouve les rues de Paris horriblement sales. On ne déverse plus dans les rues les eaux usées, les déchets, mais les chiens s’y soulagent encore -et les maîtres n’ont pas, comme à Hong-Kong, une bouteille d’eau en main pour nettoyer l’urine sur le sol-, les fumeurs lâchent leurs mégots, les poitrinaires leurs crachats, les mastiqueurs leurs chewing-gums - geste pénalisé de 75 livres d’amende au Royaume-Uni, 183 euros en Wallonie.

La lutte pour la propreté a été déjà engagée, sous une forme répressive : 36 871 procès-verbaux en 2005 pour crottes de chien non ramassées, jet de détritus sur le trottoir, abandon d’objets encombrants, et déjà 23 071 adressés au 31 août par les trois cents agents municipaux missionnés par la mairie de Paris, en tenue ou en civil... Pourtant 52 % des Parisiens eux-mêmes jugent qu’il y a toujours autant de crottes de chiens dans les rues, alors que la population canine a baissé de 22% depuis quatre ans... Mais la perception globale de la propreté est plus encourageante : à l’exception des habitants des 18e et 19e arrondissements, 62% sont satisfaits.

Une nouvelle campagne vient d’être lancée, pour deux semaines, au slogan très elliptique : « ça, c’est Paris ». Les amendes pour délestage de cigarette par terre, déjà appliquées aux particuliers (183 euros), seront étendues aux entreprises, lycées et restaurants, afin d’éviter la formation de monticules de mégots. Il pourrait être opportun d’indiquer dans les cours d’écoles notamment que les crachats ne sont pas, contrairement à ce que footballeurs, hockeyeurs et autres montrent souvent, un geste motivé par le double souci de soulager ses expectorations et d’affirmer sa virilité.

La campagne est engagée aussi sur un mode festif. Les objets sont théâtralisés, un lave-linge est content d’être enlevé par le service de ramassage des objets encombrants, des chaussures constatent en souriant la baisse du nombre de déjections canines, des papiers se disent heureux de « mériter » la poubelle... Ca aussi, c’est Paris.

 




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