Les contrôles de la Caisse
nationale d’assurance maladie ont fait apparaître des anomalies dans le volume
de prescriptions signées par des médecins, ou contrefaites sur des ordonnances
volées, corollairement à une quantité atypique de médicaments vendus par
certaines pharmacies, dans une vingtaine de départements français. Ainsi
antibiotiques, anxiolytiques, et autres remèdes, en date de validité ou
périmés, ont été accumulés, transportés en Asie, en Afrique, en Europe centrale, pour une revente
lucrative. Dans une interview au Parisien,
le directeur de la répression des fraudes de l’Assurance maladie, Pierre Fender,
explique : "Par exemple, nous avons trouvé le cas d’un assuré qui a vu
cinq médecins puis a été dans 191 pharmacies pour se faire prescrire 891 boîtes
de Cytotec, un antiulcéreux." Coût de l’opération, en 2006, pour la Sécurité sociale : vingt
millions d’euros. Coût humain à venir, pour les personnes qui auront consommé
des produits périmés.
Les premiers soupçons datent d’un an, après l’interpellation d’un Français
au Viet Nam. Les médecins encourent des sanctions du conseil de l’Ordre, allant
du blâme jusqu’à l’interdiction définitive d’exercer, et des poursuites
judiciaires pour escroquerie. Le trafic de médicaments semble un filon très
attractif : récemment, des médecins et pharmaciens canadiens ont
été lourdement condamnés pour avoir, par la voie d’Internet, « soulagé la misère » physique et
financière de patients des Etats-Unis, où les remèdes sont de 33% plus coûteux.
L’un d’eux avait envoyé 14 000 ordonnances de complaisance.