Divisions face au domaine .xxx
La mise en place de l’extension .xxx pour les noms de domaines des sites pour adultes sur le Net est repoussée par L’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers).
Vint Cerf, président de l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers), a en effet annoncé, le 29 novembre 2005, qu’il ajournait l’autorisation de commercialisation du suffixe .xxx. Quelles sont les raisons évoquées pour ce retournement brutal de situation ? Au début de l’été dernier, l’organisation de supervision des noms de domaine du Net avait validé le principe en lançant le processus de mise en place du .xxx. Elle était d’accord pour sa commercialisation qui permettrait une visibilité des sites proposant un contenu pour adultes, devenus plus facilement repérables. Cette dénomination pouvait permettre également une mise en place d’un code de bonnes pratiques, puisque les sites auraient été facilement contrôlables. Ainsi l’extension .xxx devait être réservée aux sites à contenus pornographiques qui signeraient une charte de bonne conduite contre la pédophilie et contre la prolifération du spamming.
Toutefois, le comité consultatif gouvernemental (GAC) de l’Icann a ajourné la mise en place du .xxx pour des raisons de temps : il souhaiterait étudier un rapport qui vient d’être publié sur les impacts et sur la faisabilité du projet. Cette décision du GAC (Governmental Adisory Committee) lors de la réunion du 28 novembre jusqu’au 4 décembre tenue par l’Icann à Vancouver au Canada, vient bouleverser l’adoption du principe .xxx pour les sites à contenus pour adultes. La raison invoquée par Vinton Cerf, président de l’Icann, reste peu crédible aux yeux de certains observateurs qui considèrent que l’Icann possédait le document, prétexte de l’ajournement, depuis longtemps.
La remise en question du suffixe .xxx pour noms de domaines sponsorisés (Sponsored Top-Level Domain) ne fait pas que des heureux, puisque le ICM Registry, qui a massivement investi dans celui-ci pour son administration, voit le projet rendu incertain et repoussé pour une période indéterminée. ICM Registry a été créé il y a cinq ans et a pour unique perspective d’obtenir l’autorisation de commercialiser le .xxx.
En ce qui concerne les instances européennes, notons que la commission européenne est favorable à la mise en place du .xxx. Les États-Unis et le Brésil y sont en revanche opposés. D’ailleurs, le ministère américain du commerce (DOC), détient un droit de véto sur les décisions de l’Icann, et ce ministère, après avoir reçu plus de 6000 lettres de citoyens américains exprimant leurs mécontentements ou leurs inquiétudes face à la généralisation de l’extension du .xxx et donc de la pornographie, a fait entendre auprès de l’Icann qu’il prenait finalement position contre la mis en place du suffixe.
Pourtant, à l’heure où on assiste au développement des filtres et des logiciels de contrôle parental, la mise en place du .xxx permettrait une configuration plus aisée de ceux-ci : c’est le point de vue qu’expriment des associations de protection de l’enfance en France, sans cautionner pour autant le développement des contenus pour adulte. L’extension permettrait une clarification du secteur qui reste aujourd’hui sans véritable norme de diffusion.
Rappelons également qu’en France, le ministre délégué à la
famille, Philippe Bas, vient de signer avec les fournisseurs d’accès Internet
(FAI), mercredi 16 novembre, un accord dans lequel il est stipulé qu’un
logiciel de contrôle parental gratuit devra être proposé. La mise en place de
ce logiciel gratuit sera réalisée au cours du premier trimestre 2006. Philippe
Bas considère qu’il est urgent de bâtir un Web sain, sur lequel les parents
n’appréhenderaient pas que leurs enfants puissent surfer et tomber sur des
images pouvant choquer leur sensibilité et imprégner leur imaginaire. L’accès
des enfants à Internet pourra être contrôlé par les parents qui le souhaitent.
Afin de protéger les mineurs, le gouvernement a décidé de mettre en place un
filtrage parental automatique.