jeudi 10 janvier 2008 - par Babar

Guigou, dérapage contrôlé

Elisabeth Guigou rend à César ce qui appartient à César. En l’occurrence à Beccaria ce qui n’appartient pas à Lombroso. L’UMP prétend le contraire et demande des excuses publiques à l’ex-Garde des Sceaux, membre du PS.

Mardi soir, 8 janvier, à l’Assemblée nationale, Elisabeth Guigou avait en effet estimé que le projet de loi Dati, finalement adopté, sur la « rétention de sûreté » pouvait conduire « aux pires débordements de l’Allemagne nazie ».

« Le texte de loi de Rachida Dati, qui instaure des centres de rétention dans lesquels les criminels les plus dangereux pourraient continuer à être enfermés après avoir fini de purger leur peine », précise Le Figaro.

Lors des discussions parlementaires, Elisabeth Guigou, dépassant sur son temps de parole avait conclu par : « Madame la Garde des Sceaux, monsieur le rapporteur, anciens magistrats, vous tournez le dos à Beccaria, nourri de la philosophie des Lumières, vous choisissez Lombroso et son "homme criminel". Or, vous le savez, c’est cette philosophie positiviste qui a conduit aux pires débordements de l’Allemagne nazie » a très précisément déclaré Elisabeth Guigou à l’Assemblée nationale mardi soir (voir ici).

Cette comparaison n’est évidemment pas tombée dans l’oreille de sourds puisque l’UMP a aussitôt protesté et demandé réparation à Elisabeth Guigou. Cette dernière fait référence à Cesare Beccaria, philosophe italien du XVIIIe pour qui « le moyen le plus sûr mais le plus difficile de lutter contre le crime est de perfectionner l’éducation ».
Ce sont là des considérations qui vont à l’opposé de la punition et de l’incarcération. D’autant plus quand il s’agit de personnes jugées irresponsables.

Selon Le Figaro, Jean-François Copé « condamne ces propos indignes qui ont profondément choqué les élus de la majorité. Le groupe UMP appelle solennellement le Parti socialiste à condamner ces propos et à exiger de Mme Guigou qu’elle les retire ».

Mais quels propos ? Elisabeth Guigou, c’est tout de même attesté par le compte rendu officiel de l’Assemblée, estime que c’est la philosophie de Cesare Lombroso, connu pour ses thèses sur le pseudo caractère inné des criminels, qui a inspiré les nazis. Et que la loi Dati de rétention de sûreté s’approche de la philosophie de Lombroso.

Elisabeth Guigou compare deux approches de la justice diamétralement opposées. Ce n’est un mystère pour personne que l’UMP préfère punir que soigner...




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