mardi 5 février 2008 - par

Jean-Louis Debré sort de sa réserve et la caravane passe

Tempête dans un verre d’eau ? Les récentes déclarations de Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel suite au mariage de Nicolas et de Carla Sarkozy, ont créé un certain émoi au sein de la majorité présidentielle, de Raffarin à Guéant, de Balladur à Accoyer.

Des cris d’orfraie, de la petite bière, de quoi amuser le bon peuple. Vraiment pas de quoi fouetter un chat. Et les accusations portées par Jean-Pierre Raffarin tout comme celles de Bernard Accoyer sont assez risibles. Que dire de celles de Claude Guéant, qui n’a aucune légitimité démocratique pour s’exprimer, n’étant que le secrétaire général de l’Elysée ?

Jean-Louis Debré est un chiraquien pur sucre. Il a été nommé au poste de président du Conseil constitutionnel par Jacques Chirac. On sait également, c’est de notoriété publique, que Debré n’est pas un sarkozyste.

Nulle part, il n’est écrit que le président du Conseil constitutionnel était particulièrement tenu au devoir de réserve. Disons qu’il ne l’est pas plus et pas moins qu’un haut fonctionnaire.

Mais on se demande où est le crime de lèse-majesté, quand, selon Le Figaro, « entre deux souhaits de "bonheur" au nouveau couple, le président du Conseil constitutionnel, proche de Chirac, avait estimé qu’il fallait "faire attention à ne pas désacraliser les fonctions officielles" et qu’il y avait "une certaine tenue à avoir". "Je pense qu’il y a une certaine attitude à avoir quand on représente tous les Français et quand on incarne la France", avait-il ajouté, tout en se défendant de "porter un jugement" sur Nicolas Sarkozy ».

Voilà l’affaire et elle est maigre. Jean-Louis Debré n’est que la caisse de résonance des sondages du moment. Il exprime l’état d’esprit d’un grand nombre de Français. Jean-Pierre Raffarin, Bernard Accoyer et Claude Guéant, au lieu de ne pas commenter ce qui ne mérite même pas qu’on s’y attarde, rendent-ils là un service à Sarkozy ? Ce dernier devrait parfois se garder de ses amis...

Chacun donc y est allé de son petit commentaire dévoilant au passage leur « connaissance » plutôt empirique de la constitution. « Jean-Louis Debré a raison de penser que la fonction présidentielle ne doit pas être désacralisée, mais il devrait respecter un certain devoir de réserve dû à sa fonction », a déclaré Jean-Pierre Raffarin. « J’ignorais que Debré était qualifié pour donner des leçons de retenue surtout lorsque je vois la façon dont il s’exprime, alors que la Constitution impose au président du Conseil constitutionnel une totale réserve », a déclaré Edouard Balladur sur France 2.

« Je pense que la procédure de nomination des présidents du Conseil constitutionnel, leur rôle, leur pouvoir considérable exigent une réserve absolue sur la vie politique et sur les acteurs de la vie politique », a dit de son côté Bernard Accoyer qui a ajouté : « ce n’est pas au président du Conseil constitutionnel de donner des injonctions ni à l’exécutif ni au législatif. »

Quant à Claude Guéant, il a été « un peu surpris de cette déclaration. Il n’avait pas à dire ce qu’il a dit. Je ne savais pas qu’il était chargé d’être l’arbitre des comportements politiques dans ce pays. Le président du Conseil constitutionnel doit être à l’abri de tout soupçon de partialité. »

Jean-Pierre Raffarin conseille, Balladur ignore, Accoyer pense, Guéant ne sait pas. Et la caravane passe.




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