mardi 31 octobre 2006 - par

L’édition n’est pas un libre-service

Depuis octobre 2004, Google procède à la numérisation de pages pour constituer une bibliothèque virtuelle, Google Print, en s’attachant officiellement à ne reproduire que des ouvrages, en tout ou partie, « tombés dans le domaine public ». Ni l’association des éditeurs américains, ni la Guilde des auteurs aux Etats-Unis, ni la Börsenverein en Allemagne, ni, en France, les Editions de La Martinière et aujourd’hui le Syndicat de l’édition (SNE), qui représente 90 % des éditeurs français, ne sont de cet avis. Le SNE attaque en Justice la firme de Mountain View «  pour contrefaçon et atteinte au droit de la propriété intellectuelle » et « pour la défense de l’intérêt collectif de la profession ». Plusieurs milliers d’ouvrage auraient été pillés sauvagement, 500 000 euros par infraction constatée sont demandés. Les Editions de la Martinière, qui ont engagé une procédure le 6 juin dernier, demandent un million d’euros de dommages à titre symbolique et des amendes de 100 000 euros par jour et par infraction. Ce qui ne passe pas, c’est que Google, selon les éditeurs, n’engage aucune discussion avec les ayants droit, négligeant complètement le principe de rémunération des auteurs, « au mépris des règles fondamentales du droit de la propriété intellectuelle », dit le SNE. Les décisions de Justice seront connues au début de l’année prochaine.

Les tensions se développent sur fond d’inquiétude face au rapport de force qui s’est engagé entre différents projets de bibliothèques virtuelles : les modes de sélection des contenus sont loin d’être neutres. En 2004, le président de la Bibliothèque nationale de France, Jean-Noël Jeanneney, traduisait ces préoccupations : « Il me paraît inévitable, dans la hiérarchisation de l’offre, de retrouver à la première place la culture anglo-saxonne. Souhaitons-nous un monde unipolaire ou multipolaire ? Dans mon esprit, il ne s’agit pas de constituer un binôme US/UE. D’ailleurs, des projets de numérisation sont déjà en marche en Inde, en Chine et dans le monde arabe. » Contrôle du savoir, contrôle du pouvoir...




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