L’honneur d’un jury littéraire
C’est un mouvement de rébellion féministe qui, en
Les incidents qui ont conduit à l’exclusion de Madeleine Chapsal et au retrait solidaire de Régine Desforges ne sont pas anodins. Huit membres du jury -dont Viviane Forrester, pourtant absente pour raison de santé, mais qui a communiqué par écrit sa condamnation - ont jugé inacceptables les récits, développés par Madeleine Chapsal dans Journal d’hier et d’aujourd’hui, publié début octobre, de délibérations secrètes et petits arrangements entre gens de lettres. La reprise d’extraits de l’ouvrage par Le Figaro magazine du 28 octobre, dans un dossier nourri également d’extraits du Journal de Jacques Brenner, ancien juré du Renaudot, dont les propos vont dans le même sens, a attisé les colères. Coupable d’avoir trahi la règle de confidentialité des débats, Madeleine Chapsal a été renvoyée.
Pour Danièle Sallenave, c’est « l’honneur du prix qui était en jeu ».
On peut parler au présent et considérer qu’aujourd’hui, l’honneur des prix est
en jeu, tant que ne seront pas modifiées les procédures de constitution des
jurys. Claude Durand, PDG de Fayard, appelait de ses vœux dans une interview
sur i-télé des jurys qui fonctionneraient comme dans les pays anglo-saxons,
avec rotation régulière des membres. Une certaine transparence des décisions
serait également souhaitable ; sans aller jusqu’à installer des caméras
pour enregistrer les délibérations (quoique...), les lecteurs aimeraient avoir
connaissance des critères littéraires qui ont conduit à préférer tel ouvrage à tels
autres. Plus qu’un cercle feutré d’initiés allergiques à toute question
relative à leurs décisions, un jury devrait être une assemblée érudite tout
entière attachée à la stimulation de la lecture populaire. Ce serait son honneur.