dimanche 22 octobre 2006 - par

L’hôpital défend la dignité des femmes

Une femme sort juste d’un accouchement difficile, à l’hôpital Robert-Debré, à Paris. C’est le chef du service de gynécologie-obstétrique en personne, de garde ce soir-là, en septembre, vient l’examiner pour vérifier son état. « On avait fait appel à lui, en salle de travail, pour un avis », précise Emile Daraï, secrétaire général du CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français). Le mari, de confession musulmane, bondit, crie, insulte et gifle le professeur.

Le CNGOF dénonce « l’intégrisme musulman » à l’hôpital, ce que le recteur de la Mosquée de Paris, médecin et vice-président du Conseil de l’Ordre des médecins, a appelé « la talibanisation de l’islam en France », en ajoutant : « Je dénonce et condamne l’utilisation abusive de la religion et l’attitude qui, sous prétexte de religion, consiste à agresser un médecin. » Le professeur Daraï redit que la vocation du corps médical est de « soigner les patients, sans interférence de religion, quelle qu’elle soit », ce qui suppose de traiter les patients et les patientes « dans des conditions adéquates, sans être assujetti à des agressions physiques ou verbales ». Il précise que dans les services des urgences, le suivi est effectué en permanence, jour et nuit, et que la nécessaire rotation des équipes ne permet pas le choix du sexe d’un médecin. Indépendamment de l’empêchement technique, un argument de principe s’oppose à ce choix : « Nous sommes dans un pays laïque, les gens font en fonction du système laïque. Aucune religion ne fait appel à une personne particulière, nous n’allons pas mettre une femme et un homme de garde. »

Cette situation de violence est loin d’être isolée. Le professeur Lansac, président du CNGOF, a indiqué lors d’une interview sur RTL : « On m’a signalé à plusieurs reprises dans d’autres hôpitaux des altercations où il a fallu faire venir des vigiles pour faire partir le mari de patientes. » Il semble que des esclandres se soient additionnés depuis août 2003, où à l’Hôpital d’Aulnay-sous-bois la police a eu à évacuer un intégriste violent, et un même scénario à Montreuil, etc. Les gynécologues souhaitent aujourd’hui « en parler », car ils observent une montée en puissance des exigences intégristes en milieu hospitalier, notamment par un accroissement « de la demande de certificats de virginité et de la reconstruction d’hymens ». Ils considèrent que c’est une « atteinte à la dignité » des femmes : « On demande au médecin de vérifier la qualité de la « marchandise », or la femme n’est pas une chose. »

Et le CNGOF conclut : « Nous défendrons la liberté des femmes à se déterminer sur la contraception, l’avortement, la stérilisation sans l’avis de leur mari. »

Alors le choix est fait : « Nous voulons attirer l’attention des pouvoirs publics, des médias ainsi que des gens impliqués dans la communication religieuse ». L’Assistance publique des Hôpitaux de Paris et le CNGOF se constituent parties civiles. Le ministre français de la Santé, Xavier Bertand, s’est lui aussi exprimé par une lettre adressée au président du CNGOF : « Tous les patients doivent absolument être traités de la même façon quelles que puissent être leurs croyances religieuses, le libre choix exercé par le malade ne doit en aucun cas perturber la dispensation des soins, compromettre les exigences sanitaires, voire créer des désordres persistants. »




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