mercredi 4 octobre 2006 - par

La maïeutique de l’humoriste

 

Que se passe-t-il quand un préfet, ancien chef de cabinet de Charles Pasqua du temps où il était ministre de l’Intérieur, décroche son téléphone et croit parler à Philippe de Villiers ? Une courtoise conversation, de celles qui détendent parce qu’on peut dire ce qu’on pense librement. Et en l’occurrence on pense que même si, des sans-papiers de Cachan, « on en a arrêté « au total à peu près une soixantaine [...], malheureusement pour le moment on a pu en expulser qu’une dizaine, c’étaient principalement des Maliens et des Ivoiriens qui nous donnent des leçons, ces gens-là, qui nous tuent des gens chez eux, mais qui nous donnent des leçons », ces squatteurs « qui veulent en réalité reconstituer un village africain en plein Paris ». « Les expulser tout de suite, oui, mais on n’avait pas les moyens de le faire » (période de vacances) Et « Le Bouillonec est très emmerdé, à mon avis il s’est fait piéger. »

Ainsi Bernard Tomasini, le préfet, a conversé avec Gérald Dahan, imitateur de de Villiers aujourd’hui, de Jacques Chirac appelant Raymond Domenech au moment de la Coupe du monde. C’était alors certainement plus farcesque. La conversation de huit minutes, que tout internaute peut écouter entre un préfet et un avatar de président du MPF, au-delà du caractère comique de l’imitation (pas la meilleure de Dahan, d’ailleurs) laisse en mémoire quelque chose de troublant, en raison de sa manière de parler des personnes hébergées à Cachan. Nul doute qu’il ne pourrait dans un cadre officiel s’exprimer ainsi. Le Parti socialiste a réagi immédiatement en demandant des sanctions parce qu’un « représentant de l’Etat » a « bafoué la République et la dignité des citoyens ». On peut préférer rester dans le sketch, qui tout de même renvoie à une réalité problématique évoquée avec un certain dilettantisme.

Après avoir condamné cet « acte de mauvaise foi », le préfet a conclu : « Dire la vérité, ça fait du bien ». Une attitude qui se répand chez les responsables politiques, volontairement, ou par trahison d’un micro.

 




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