La peine de mort : une résistible abolition
Le choix entre application et abolition de la peine de mort est la décision politique la plus profondément liée à la conscience morale. Entre le souci de l’efficacité politique et le respect de la haute idée qu’on se fait de l’humain, il y a encore aujourd’hui des tensions, même dans les pays qui ont aboli la peine de mort.
En France, le 17 septembre 1981, le discours
de Robert Badinter à l’Assemblée nationale (intéressant de le relire avec les
interruptions de députés objecteurs) a convaincu 363 députés (117 contre l’abolition),
alors que l’opinion publique restait à 62 % attachée à la peine de mort. En
1983, selon un sondage de l’IFOP toujours, le pourcentage était encore de 59 %.
En 1998, 44 %. Aujourd’hui, 38 %. (Si on veut aller dans le détail : 89% chez les
partisans du FN et du MNR, 60% des sensibilités proches de l’UMP, 29% au Parti
communiste ou 30% au PS. Les personnes sans diplôme sont plus favorables au
retour de la peine capitale (57%) que celles du niveau de l’enseignement
supérieur (21%). Les hommes plus que les femmes, les jeunes moins que les
vieux). En janvier 2006, face à la réitération des demandes de retour au
châtiment, exprimées par l’extrême droite, le président Chirac a proposé
d’inscrire l’abolition de la peine capitale dans
L’abolition relève aussi, aujourd’hui,
de droit européen : elle figure dans
Au cours de l’année 2004, 64 pays ont condamné 7395 personnes à mort, et 25
d’entre eux ont procédé à des exécutions, tuant au total 3797 personnes
recensées. Les États-Unis, première puissance mondiale industrielle, ont
exécuté 59 personnes cette même année. Le compteur de 2006 en enregistre 42 à
ce jour. La question de la peine de mort est un cas de conscience qui tourmente
toujours les Américains. Le gouverneur de l’Illinois Georges Ryan a prononcé en
2003 un discours
marquant, « Je dois agir », qui rassemblait tous les axes du problème
posé par l’abolition ou le maintien de la peine de mort : « Nous sommes partenaires dans la mort avec
plusieurs pays du tiers-monde. Même
En France, l’abolition
n’a pas été simple non plus, et Robert Badinter le soulignait dans son discours
devant l’Assemblée nationale : « Il se trouve que
Une réflexion de Jean Cocteau situe le débat sur le terrain de la rationalité :
Nous ne devons jamais donner la mort parce que nous ne savons pas ce que c’est.