Le développement tentaculaire des jeux
La prise de conscience de l’alarmante augmentation des comportements
de dépendance aux jeux est assez lente, en France. Le phénomène n’est pas
spécifiquement hexagonal : le Canada évalue le taux de joueurs dépendants
à 1,14 % de la population, 5,77 % des jeunes. Aux Etats-Unis les chiffres sont
à peu près les mêmes, de 1,5 % à 3 %, le plus fort pourcentage étant aussi
enregistré chez les jeunes.
En France, un rapport très
détaillé du Sénat a fourni des éléments d’analyse qui sont lentement repris. Pourtant
le nombre de joueurs qu’on appelle compulsifs, ou addictifs, c’est-à-dire dont
la raison vacille sous l’influence de la passion, augmente au fil de l’accroissement
des offres de jeu. Les Français dépensent en moyenne 310 euros par an pour
La face cachée et douloureuse, ce sont les détresses humaines et les naufrages consécutifs à l’excès de jeu. Le sénateur François Trucy insiste : « La dépendance au jeu n’est pas une vue de l’esprit ; elle doit être prise en compte pour ce qu’elle est : un trouble social important qui réclame d’être reconnu et traité. » L’association SOS joueurs, fondée en 1990 par Armelle Achour, et qui met à disposition des joueurs une ligne téléphonique d’écoute gratuite, une aide juridique, des séances de groupes, en reçoit des témoignages tous les jours : « 70% des personnes qui nous appellent sont des hommes, mais il y a de plus en plus de femmes », des personnes âgées, des jeunes, des smicards, des immigrés, toutes les catégories de la population sont touchées. Certains s’endettent au point de perdre leur logement. Les risques qu’on encourait jadis dans des lieux bien particuliers -les maisons de jeux, les casinos...- sont aujourd’hui à un grattage ou à un clic de chaque main.