dimanche 22 octobre 2006 - par

Le savoir académique, nécessaire ferment de l’intelligence collective ?

Larry Sanger, fondateur de Wikipedia avec Jimmy Wales, a pris ses distances dès 2002, soit un an après le lancement, insatisfait des contenus de l’encyclopédie en ligne, en raison d’une infiltration de développements qui loin d’être fondés sur des savoirs, sont au mieux l’expression de points de vue d’amateurs, au pire un noyautage d’opinions militantes ou un pourrissement volontaire de sujets. Ces défauts n’entachent pas l’ensemble des articles (2 millions d’articles dans 229 langues, 1,4 millions en anglais, 300 000 en français), mais sont de nature à décrédibiliser l’encyclopédie. Il propose une autre formule, plus proche de l’Encyclopédie des Lumières (qu’il appelle « lieu de travail expérimental », expression qui traduit une conscience de la nécessité de mises à jour permanentes) : pour « former de bons citoyens globaux », il faut des rédacteurs aux compétences établies, qui s’identifient lors de leur contribution. Cette nouvelle encyclopédie en ligne s’appelleraCitizendium.com. Les contributions seront soumises à des éditeurs « experts » recrutés selon leur degré de compétence, sur la base des certifications usuelles (diplômes, etc.). Les rôles seront délimités : l’internaute contribue, l’éditeur expert vérifie, le « gendarme » exclut les semeurs de troubles.

Wikipedia a un grand succès (110 millions de visiteurs uniques en août dernier), plus de 100 millions de visiteurs régulièrement, chaque mois. Citizendium sera une copie évolutive de Wikipedia (« progressive fork »), qui pourra à son tour capturer des articles sur sa rivale. Cette rivalité fait ressortir deux conceptions de l’intelligence collective : soit on croit en la capacité du collectif à réguler, rectifier, enrichir, créer..., soit on considère que l’épanouissement de la pensée commune suppose, comme préalable, la maîtrise, par chacun, d’un minimum de connaissances et de compétences.




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