Le Vlaams Belang, des suffrages mais pas de pouvoir
Le vocabulaire des candidats du Vlaams Belang a l’avantage d’être clair, à
défaut d’être étendu : les défenseurs de « l’intérêt flamand »
associent à l’envi dans une même phrase l’aspiration à la « propreté »,
le souci de sécurité, le rejet de ceux qui « rejettent, nient ou combattent » la culture flamande, dont fait
partie la place des femmes « aux fourneaux ». Le programme annoncé
sur le site officiel du parti est de « faire vaciller l’arbre
pourri de
La progression du Vlaams Belang -héritier du Vlaams Bloc- a été constante depuis 1991 : aux élections législatives en pays flamand, 10,4 % des voix, 18 parlementaires fédéraux. En 1994, deux eurodéputés élus, et 28 % aux élections municipales d’Anvers. En 1996, le parti défile le 1er mai en entonnant « Du travail pour notre peuple d’abord ».
Les adversaires du VB utilisent eux aussi des termes très directs : ils sont convenus d’enfermer le parti d’extrême droite à l’intérieur d’un « cordon sanitaire » pour « contrer la peste brune », et ont réussi dans la mesure où même dans les villes où il obtient de bons résultats, il ne dirige pas. Quatre concerts ont été organisés à Anvers, Bruxelles, Charleroi et Gand, sous l’impulsion du groupe de rock indépendant dEUs. Axelle Red, Hooverphonic, Zita Swoon, Arno ou encore Adamo s’y sont associés. L’action, un grand succès chez les musiciens belges, a vivement contrarié le Vlaams Belang. Filip Dewinter a compris les intentions : « Ils organisent un concert pour la tolérance à huit jours des élections. Et ça n’a rien à voir avec le Vlaams Belang ? Vraiment ? Est-ce que je suis aveugle ? ».
Si le moment est au soulagement pour de nombreux Belges qui avouaient ne pas
savoir jusqu’où la progression irait, il n’en reste pas moins que le VB a
conquis un tiers des électeurs d’Anvers, même si lors d’un sondage
préélectoral, seuls 16 % d’entre eux disaient souhaiter que le VB exerce
effectivement des responsabilités municipales.