Les bébés de 5 mois savent compter !
Les bébés de cinq mois seraient capables de discerner et de différencier des petites quantités. Ce sont les résultats d’une étude qui vient de paraître dans la revue Cognitive Development. Cette étude a été menée par des chercheurs français du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et des Universités de Grenoble Pierre Mendès France et de René Descartes - Paris V (laboratoire de cognition et développement). Leur étude porte sur des bébés de 5 mois d’âge. Ces chercheurs réalisent la démonstration que ces bébés sont en mesure, dès cinq mois, de différencier par la vue et le toucher de petites quantités d’objets.
Les conclusions qui découlent de l’étude sont importantes pour la compréhension de l’évolution et du développement psycho-moteur de l’enfant. Ainsi, les représentations mentales des petites quantités seraient indépendantes des caractéristiques sensorielles des enfants. La découverte de cette sensibilité aux petits nombres à un âge de cinq mois pour les bébés vient confirmer de nombreuses recherches qui allaient dans ce sens.
Afin d’illustrer ces capacités à reconnaître des petits nombres, l’étude montre que les bébés sont susceptibles de différencier visuellement des situations dans lesquelles il existe 2 et 3 objets, mais il ne leur est pas possible de différencier des situations dans lesquelles il existe plus d’objets. D’où vient cette aptitude, cette sensibilité aux petits nombres ? Deux hypothèses majeures de recherche sont suivies : ou bien, cette compétence des bébés relève d’une sensibilité accrue aux éléments perceptifs des situations (constitution, forme, proportions, taille, etc.), ou bien, elle relève d’une compétence abstraite des caractéristiques numériques.
Quels sont les éléments de réponse à la suite de cette étude ? Cette compétence est-elle liée à des modalités sensorielles (les sens) ou amodales (indépendante des sens) ?
Cette étude a été menée par des chercheurs du CNRS, des Universités de Grenoble Pierre Mendès France et de Paris V qui ont examiné, pour répondre aux questions posées, des bébés de 5 mois, dans un scénario où le manuel puis le visuel étaient privilégiés. Le scénario consistait à faire tenir dans la main droite de nourrissons 2 ou 3 objets différents (anneaux, cubes, sphères) qui étaient non visibles par les bébés, autrement dit, il était déposé plusieurs objets (2 ou 3) dans leur main droite sans qu’ils puissent les voir. Puis, il leur était montré des scènes avec deux ou trois objets successivement. Le but était d’étudier la capacité d’abstraction de la quantité des bébés, par conséquent la forme des objets était différente selon qu’on se situait dans le cas où l’on faisait toucher les objets aux bébés ou bien où on les leur montrait. Les bébés ont été observés afin de voir s’ils différenciaient le nombre d’objets dans les scénarios. Dans l’ensemble, les observations révèlent que les bébés qui ont reçu deux objets dans la main droite étaient relativement étonnés quand il s’agissait de regarder la scène visuelle qui leur présentait trois objets ; ils passaient plus de temps à regarder l’image avec trois objets que celle avec deux. Et inversement, quand on leur posait trois objets dans la main droite, le temps passé à regarder l’image qui illustrait deux objets était supérieur à celui passé devant une image contenant trois objets.
Ainsi, la réaction au nouveau se traduit pour le nourrisson par une observation plus longue de la scène qui ne correspond pas au nombre d’objets qu’il a touchés. Le temps passé à regarder les scènes comprenant des objets est donc le facteur qui permet de déduire les résultats. Un autre groupe de 24 nourrissons a montré des résultats similaires. Somme toute, les résultats nous enseignent que les bébés auraient bel et bien mémorisé la quantité d’objets qu’ils ont reçue dans leur main droite, car ils ont su reconnaître cette quantité quand il leur était présenté une visualisation avec le même nombre d’objets. Ainsi, l’hypothèse selon laquelle les bébés auraient des représentations mentales amodales (indépendantes des sens) des petites quantités aurait été corroborée.
Les bébés seraient-ils donc plus intelligents qu’on ne l’admettait jusqu’à maintenant ? Il leur serait possible de réaliser des différenciations entre les objets qu’on leur montre et les objets qu’on leur fait toucher. Les bébés mémoriseraient donc le nombre d’objets (deux ou trois) et reconnaîtraient ce nombre dans les scènes visuelles diffusées par la suite. L’expérience fait appel à leur capacité d’abstraction et non à leur capacité sensorielle. Ces chercheurs réalisent donc la démonstration que les bébés ont des capacités amodales, abstraites, dès cinq mois, leur permettant de reconnaître des petites quantités d’objets.
L’Equipe AgoraVox