Les démocrates bâillonnent Kerry
Pour G.W. Bush, cela « ne ressemblait pas à une plaisanterie ». Pourquoi d’ailleurs J. Kerry a-t-il ainsi qualifié ses propos ? En pleine campagne électorale, à quelques jours du scrutin, il a dit, devant un public d’étudiants californiens, qu’il fallait bien travailler, car en cas d’échec, on pouvait se retrouver « coincé en Irak » (« Il faut profiter au maximum des études, bien étudier, faire ses devoirs, faire un effort pour être malin, pour bien se débrouiller. Sinon, vous vous retrouvez coincé en Irak. »)
. Ce qui est un constat largement validé par la réalité du recrutement des soldats envoyés à la guerre. Les choses auraient pu en rester là, mais en réaction aux attaques républicaines, qui l’accusaient âprement de ridiculiser l’armée américaine, le sénateur du Massachussetts a modifié le sens de son discours, a voulu le réduire d’une part à une mauvaise plaisanterie, d’autre part à une pique visant G.W. Bush.
Compétition électorale oblige, beaucoup de pressions se sont exercées pour éviter une « distraction », un divertissement de la campagne. J. Kerry s’est retiré physiquement des meetings, a finalement présenté des excuses (ce qu’il s’est refusé à faire dans un premier temps : « Je ne présente d’excuses à personnes pour ma critique du président et de sa politique boiteuse ») : « Je regrette sincèrement que mes paroles aient été interprétées à tort comme disant quelque chose de négatif sur ceux qui portent l’uniforme, et je présente personnellement des excuses à tout militaire, proche de militaire ou Américain qui a été insulté ». Il faut dire que même Hillary Clinton s’est désolidarisée : « Ce qu’a dit M. Kerry était déplacé ». C’est donc le discours de G.W. Bush qui l’a emporté dans le rapport de forces oratoire : « Suggérer, comme le fait le sénateur, que les hommes et les femmes de notre armée sont pour ainsi dire incultes est insultant et honteux [...] Les membres de l’armée des États-Unis sont très intelligents et très braves, et le sénateur du Massachusetts leur doit des excuses [...] quiconque est en position de servir son pays doit comprendre les conséquences des mots... ».
Certes, l’enjeu électoral est de taille : mardi prochain, 200 millions
d’électeurs américains éliront les 435 membres de