jeudi 2 novembre 2006 - par

Les démocrates bâillonnent Kerry

Pour G.W. Bush, cela « ne ressemblait pas à une plaisanterie ». Pourquoi d’ailleurs J. Kerry a-t-il ainsi qualifié ses propos ? En pleine campagne électorale, à quelques jours du scrutin, il a dit, devant un public d’étudiants californiens, qu’il fallait bien travailler, car en cas d’échec, on pouvait se retrouver « coincé en Irak » (« Il faut profiter au maximum des études, bien étudier, faire ses devoirs, faire un effort pour être malin, pour bien se débrouiller. Sinon, vous vous retrouvez coincé en Irak. »)

. Ce qui est un constat largement validé par la réalité du recrutement des soldats envoyés à la guerre. Les choses auraient pu en rester là, mais en réaction aux attaques républicaines, qui l’accusaient âprement de ridiculiser l’armée américaine, le sénateur du Massachussetts a modifié le sens de son discours, a voulu le réduire d’une part à une mauvaise plaisanterie, d’autre part à une pique visant G.W. Bush.

Compétition électorale oblige, beaucoup de pressions se sont exercées pour éviter une « distraction », un divertissement de la campagne. J. Kerry s’est retiré physiquement des meetings, a finalement présenté des excuses (ce qu’il s’est refusé à faire dans un premier temps : « Je ne présente d’excuses à personnes pour ma critique du président et de sa politique boiteuse ») : « Je regrette sincèrement que mes paroles aient été interprétées à tort comme disant quelque chose de négatif sur ceux qui portent l’uniforme, et je présente personnellement des excuses à tout militaire, proche de militaire ou Américain qui a été insulté ». Il faut dire que même Hillary Clinton s’est désolidarisée : « Ce qu’a dit M. Kerry était déplacé ». C’est donc le discours de G.W. Bush qui l’a emporté dans le rapport de forces oratoire : « Suggérer, comme le fait le sénateur, que les hommes et les femmes de notre armée sont pour ainsi dire incultes est insultant et honteux [...] Les membres de l’armée des États-Unis sont très intelligents et très braves, et le sénateur du Massachusetts leur doit des excuses [...] quiconque est en position de servir son pays doit comprendre les conséquences des mots... ».

Certes, l’enjeu électoral est de taille : mardi prochain, 200 millions d’électeurs américains éliront les 435 membres de la Chambre des représentants et 33 des 100 sénateurs. Pour que les démocrates reprennent la majorité à la Chambre des représentants, il leur faut gagner 15 sièges, et pour être majoritaires au Sénat, il leur faut six sièges de plus qu’aujourd’hui. Ils semblent en tête dans douze des quinze circonscriptions majeures pour une victoire à la Chambre des représentants, actuellement tenues par les républicains. 52 % des Américains disent, selon les derniers sondages, souhaiter une victoire des démocrates au Congrès. On peut regretter tout de même l’étau dans lequel est enfermé le discours politique.




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