jeudi 1er septembre 2005 - par

Logement : le Premier ministre laisse les associations dubitatives

PARIS (AP)

La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) et la Fondation Abbé Pierre sont pour le moins dubitatives après les annonces du Premier ministre Dominique de Villepin en matière de logement social. Elles estiment d’une façon générale que les mesures ne sont pas à la hauteur des besoins.

« A la première écoute, on a l’impression d’avoir un listing de mesures qui semblent prendre le problème de façon énergique. Mais dès qu’on analyse en profondeur, on ne peut que manifester un certain scepticisme », a déclaré jeudi à l’Associated Press Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

Prenant en exemple l’une des mesures les plus spectaculaires -la réquisition de terrains pour la réalisation de 5.000 logements d’urgence et d’insertion d’ici la fin du premier trimestre 2006- M. Doutreligne s’interroge : « En six mois, qu’est ce qu’on va construire. Des algeco, des mobile-homes ? Ça, ce sont des mesures type inondation de la Somme. C’est de l’urgence, ce n’est pas un plan pour résorber la crise. »

Quant à la construction de 20.000 logements, M. Doutreligne estime que « ça ne fait que conforter le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo », qui prévoit déjà la création de 500.000 logements sociaux entre le début 2005 et la fin 2009, soit 100.000 logements par an sur cinq ans.

A ce sujet Patrick Doutreligne souligne que le volet logement du Plan de cohésion sociale « a quelques difficultés à démarrer puisqu’au 30 juin, on était à 7.500 logements sociaux en chantier sur toute la France ».

Concernant la revalorisation de l’Aide personnalisée au logement (APL) à hauteur de 1,8%, « elle est tardive, minorée sans rattrapage, mais c’est toujours mieux que rien », juge M. Doutreligne, qui rappelle que l’indice de la construction a progressé de plus de 4% durant les six premiers mois de 2005.

La présidente de la FNARS Nicole Maestracci trouve elle aussi cette revalorisation « insuffisante », par rapport à l’évolution des loyers.

Mme Maestracci émet également des doutes quant au Pacte national pour le logement social annoncé et qui devra être mis en place sous l’égide du ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo.

« Comment est-ce que ça s’articule avec le plan de cohésion sociale dont les chiffres ne sont pas repris par le Premier ministre ? Les engagements passés seront-ils tenus ? », s’interroge-t-elle.

Par ailleurs, la « priorité absolue », donnée aux familles sortant de dispositifs d’urgence dans l’attribution de logements sociaux relève selon elle de « l’incantatoire. C’est vraiment se moquer du monde. Ça existe déjà dans la loi, mais c’est purement incantatoire et pas appliqué parce qu’il y a saturation et qu’on est déjà dans une hiérarchisation des urgences », estime-t-elle.

Les associations d’aide aux sans-logis et mal-logés rappellent, au regard des chiffres annoncées par le Premier ministre, que plus de 300.000 personnes attendent un logement social rien que sur la région parisienne. AP




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