jeudi 21 septembre 2006 - par

Président, personnage de tragédie grecque ?

 

La sortie aujourd’hui du troisième long-métrage du jeune réalisateur Lionel Delplanque ne doit rien au hasard, il l’expliqué sur RFI : « Le film aurait pu sortir il y a un an. » Que le contexte de campagne présidentielle ait pu sembler favorable à la diffusion commerciale du film tombe sous le sens. Cependant, paradoxalement, le film n’est pas un « film politique », « pas un film sur la politique », insiste Delplanque.

L’idée à l’origine du film est claire : si on s’intéresse aux mécanismes du pouvoir, à ce que devient un être humain quand il est en situation d’exercer une puissance hors de l’ordinaire, on ne peut se satisfaire de l’information diffusée, tant celle-ci est mise en scène, y compris dans tout ce qui est off. C’est la fiction qui permet la représentation du réel la plus fidèle, la plus expressive, celle qui ouvre le plus la pensée. Delplanque se réfère beaucoup à la tragédie grecque, « terreau dramatique du quotidien ». Les « logiques », les « mécanismes », les dérives des sentiments, les conflits de la conscience et les luttes pour les dominer, ce sont tous ces phénomènes intemporels qui constituent le sujet du film.

La fiction exige cependant des « situations » : la période choisie est la fin des années 1970, dans un espace France-Afrique ; ce président, interprété par Albert Dupontel (qui se dit toujours plus réalisateur qu’acteur) est âgé de quarante-sept ans, et le choix a été fait de le construire un peu comme un puzzle, ses comportements et ses paroles renvoyant explicitement à des faits et discours très connus de différents présidents de la Ve République.

Peut-être est-ce ici un amalgame troublant, ce mélange entre les allusions, les références historiques et un personnage voulu comme un archétype de l’homme puissant. Mais pourquoi pas ?




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