mercredi 13 septembre 2006 - par

Retraites : les empreintes du passé

François Fillon vient de raviver le souci des retraites.  Certes, Valérie Pécresse, porte-parole de l’UMP, a tout de suite cadré l’intervention du ministre : "Ce n’est nullement un engagement de Nicolas Sarkozy, ce n’est pas non plus un engagement de l’UMP, ce sont les pistes de réflexion de François Fillon." Mais chacun sait bien que la question du financement des retraites, dans un pays qui compte déjà 20 000 centenaires, est une épée de Damoclès trop longtemps suspendue. Des mesures vont tailler dans les régimes spéciaux.

Les changements pourraient concerner un peu plus de 500 000 personnes de la SNCF, la RATP, EDF, Gaz de France. Pas les militaires, gendarmes ni gardiens de prison. Cinq millions de retraités bénéficient d’un régime spécial, dont les salariés de la Banque de France, les clercs de notaire, ministres des cultes, parlementaires, les marins, etc. (le plus ancien régime de sécurité sociale existant aujourd’hui, l’ENIM, l’Etablissement national des invalides de la Marine, a été créé par Colbert en 1673).

La concentration actuelle des régimes spéciaux dans le secteur public et nationalisé n’est pas un hasard : historiquement les régimes de retraite ont  d’abord été développés dans le secteur public, pour les militaires, les agents de la Ferme générale (les impôts sous l’Ancien régime), et dans les grandes entreprises, mines, chemins de fer, sidérurgie. Le régime général (soit : concernant toute la population active) de Sécurité sociale a été mis en place en 1945. Des régimes spécifiques se sont multipliés (agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales, cadres...) : on en compte 538.

Les deux points présentés comme très contrariants dans la situation actuelle sont que les générations futures sont mises à contribution, et que certaines catégories de personnes bénéficient d’avantages auxquels les moins bien lotis ne reconnaissent plus aucune légitimité.

Il faut dire que la période de la retraite est encore plus subie que choisie en France, comme en Italie ou en Espagne. Une étude présentée sur le site clubseniors.com montre qu’en Europe du Sud on associe, souvent à la retraite les images de maladie, de vieillesse, de mort. En France, on déclare en avoir une perception positive, mais on envisage peu d’exercer une autre activité professionnelle (31% y songent, 4% le font). Passons sur le Japon, où 40% des retraités sont actifs et 68% de la population souhaite le devenir (mais les motivations sont complexes), observons les pays anglo-saxons : 78% des Canadiens, 71% des Américains, 63% des Australiens partent avant l’âge légal (35% des Français), associant à la période des images de voyages, de bénévolat (les plus engagés : les Canadiens : 26%), de temps pour soi, de liberté, de loisirs. 13% environ travaillent à nouveau, 44% se déclarent « très heureux ».

Le sens donné majoritairement en France au mot retraite peut être redéfini.






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