vendredi 14 septembre 2007 - par

Test ADN pour les candidats au regroupement familial ?

Un amendement déposé par le député Thierry Mariani et voté mercredi dernier par la commission des lois de l’assemblée nationale est à l’origine d’une tempête. Le texte dont le député UMP est à l’origine, et qui prévoit des tests ADN lors de demandes de regroupement familial, pourrait contraindre les candidats à l’immigration à prouver génétiquement leur filiation.

Dans l’état actuel des choses, la pratique des tests ADN est strictement régie par la loi française et ne prévoit de recours aux empreintes génétiques que dans le cadre d’une décision judiciaire, dans un contexte médical, pénal ou scientifique, avec consentement de l’intéressé. Au sein même de sa famille politique, le député du Vaucluse fait grincer des dents. Etienne Pinte, député-maire de Versailles, juge l’amendement « discriminatoire et à caractère raciste », et son confrère François Goulard s’étonne du projet, déclarant que « lorsqu’on fait venir un enfant en France, c’est pour s’en occuper ; donc pourquoi soupçonner que l’enfant n’est pas celui des parents ? ».

L’Elysée, surprise, a confié le dossier au ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale Brice Hortefeux. Ce dernier laisse entendre qu’il n’y a pas de sujet tabou, et précise que l’objet de l’amendement « permettrait à un volontaire d’accélérer les procédures sous réserve qu’il accepte de se soumettre à ce test de paternité  ». Brice Hortefeux ajoute par ailleurs que « cette politique est courante dans onze pays de l’Union européenne » parmi lesquels l’Allemagne et la Grande-Bretagne, sur la base du volontariat et à charge du demandeur.

La Ligue des droits de l’homme a dénoncé ce projet, fustigeant « une hypocrisie qui consiste à prétendre que le test ADN ne sera proposé et non imposé, mais qui ne trompe personne : nul ne sera obligé de passer des tests... ni d’obtenir un visa ». Pour son président Jean-Pierre Dubois, l’amendement est à caractère « xénophobe » et « en rupture avec la République ». Des experts s’interrogent sur le financement de ces test dans les pays des candidats au visa. Enfin, les élus socialistes présents à la commission des lois, qui ont émis des critiques vives à l’image de Serge Blisko et Manuel Valls, ont refusé d’adopter l’amendement.




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