mardi 9 octobre 2007 - par

Un clone du Louvre à Abou Dhabi ?

C’est aujourd’hui, mardi 9 octobre, que les députés ont à se prononcer sur un projet de loi autorisant la construction d’un musée du Louvre à Abou Dhabi, aux Emirats-Arabes-Unis (EAU). La classe politique et les responsables des musées français sont divisés. Les uns louent une ouverture au monde alors que les autres fustigent une marchandisation de la culture.

Le texte sur lequel se prononcent en ce moment les députés, et qui a été approuvé par les sénateurs le 25 septembre dernier, porte sur la création d’un musée du Louvre bis à Abou Dhabi. Si l’accord passé entre la France et les EAU aboutit, le « Louvre Abou Dhabi » sera inauguré en 2012 sur l’île de Saadiyat, au sein d’un complexe élaboré par les architectes locaux. Ports de plaisance, terrains de golf, hôtels de luxe, spectacles et salles de concerts entoureront alors la réplique du joyaux culturel parisien. Alors qu’une « Sorbone bis » a déjà vue le jour en avril 2006 aux Emirats, l’accord examiné au Palais Bourbon engage les musées parisiens, dont le Centre Pompidou et le musée d’Orsay, à prêter leurs œuvres pendant six à vingt-quatre mois, moyennant la somme d’un milliard d’euros, dont 400 millions qui reviendront au musée du Louvre.

Le Louvre version émirate sera dessiné par Jean Nouvel, à qui la France doit déjà le Quai Branly. Les défenseurs du projet affirment que l’accord assurera un rayonnement de la culture française et l’entrée d’une manne financière pour entretenir les œuvres. L’ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres ne tarit pas d’éloges. « Il s’agit tout d’abord de permettre à nos musées et à nos œuvres de rayonner sur le plan international et tout particulièrement auprès des 150 millions d’habitants des pays du Golfe et, au-delà, auprès des trois millions de touristes attendus ».

Alors que de nombreux sénateurs s’étaient abstenus de se prononcer sur le projet, au motif que les musées ne sont pas à vendre, Françoise Cachin, directrice honoraire des Musées de France évoque « un cadeau royal et diplomatique » en concluant que « les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation ». Un grand scepticisme tient lieu dans les milieux culturels français. Une pétition lancée par Didier Rykner « pour l’intégrité des collections des musées » a recueilli 5 000 signatures en quelques jours.




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