Vaccin antigrippe, quel intérêt ?
En France, on est particulièrement sceptique sur l’utilité du
vaccin contre la grippe. L’étymologie du nom de la maladie, qui renvoie à « griffe,
croc », est oubliée au profit de la perception de troubles passagers et
sans séquelles. Une étude montre que les personnes âgées prennent très peu d’initiatives,
leur décision de se faire vacciner dépendant fortement du discours de leur
médecin. Une étude du CFES (Comité français d’éducation pour la santé) indique
que « étrangement, parmi les pays industrialisés, c’est en France, où la
plupart des vaccins ont été mis au point, qu’on assiste au plus fort lobby antivaccination
et que la couverture vaccinale est la plus faible. » Les médecins peu
enclins à vacciner sont majoritairement les homéopathes, acupuncteurs ou
mésothérapeutes ; les mères qui refusent les vaccins sont celles qui ont
souvent recours aux médecines parallèles.
L’information est pourtant bien transmise. Le réseau
Sentinelles et l’INSERM annoncent cette année entre 1,3 et 3 millions de malades.
En 2005, le taux de couverture vaccinale des plus de 65
ans s’est élevé à 68%, et seulement 32 % pour les moins de 65 ans, ce qui
représentait tout de même 500 000 personnes vaccinées de plus que l’hiver
précédent, soit onze millions de personnes (augmentation associée par beaucoup
à la peur de la grippe aviaire, même si chacun savait que le vaccin n’avait
aucune valeur d’immunisation contre le H5N1). Le professeur Bruno Lina,
délégué général du Groupe d’étude et d’information sur la grippe (GEIG) rappelle que « la prévention de la banale
grippe saisonnière, qui fait quelque 2000 morts par an en France, reste
d’actualité ». Il apparaît que la couverture vaccinale des seniors et des
malades chroniques, groupe au risque le plus élevé de complications de la
grippe, est insuffisante en Europe, nettement inférieure à l’objectif OMS :
75% en 2010 pour tous les pays. Selon le Dr Bruno Martin, conseiller régional
en santé pour l’Europe, les contestataires de la vaccination sont inconscients
des bienfaits du vaccin : « Le bénéfice de la vaccination est
incommensurable par rapport à la maladie. Dans les pays d’Europe de l’Est, où
les gens ne se vaccinent pratiquement plus, des épidémies graves
réapparaissent. Ce n’est pas le moment de baisser les bras... »
Une personne atteinte est contagieuse pendant environ six jours, y compris le jour qui précède le début des symptômes. L’immunité est effective dix à quinze jours après la vaccination et dure environ un an.