mardi 6 février 2018 - par PRCF

Pour développer la #Corse, il faut établir une République sociale, souveraine et indivisible

A l’occasion de son voyage en Corse, le chef de l’exécutif s’apprête à un nouvel exercice de double langage et de dé-tricotage de la France républicaine.

Cette visite intervient au lendemain d’une manifestation des nationalistes à Ajaccio qui a modélisé bien en-deçà de leurs espérances et très loin de la manifestation tenue après l’assassinat du préfet Erignac, et après que ces derniers soient sortis premiers de l’élection de l’assemblée de la collectivité unique. Une élection dont le grand gagnant aura été une abstention massive et historique, logique lorsque l’on sait que les Corses consultés par referendum en 2003 s’étaient majoritairement prononcés contre la fusion des départements corses.

Évidemment, Macron ne manquera pas de bomber le torse en condamnant (c’est bien le moins !) les tueurs du préfet Erignac, que les « pacifiques » élus séparatistes – qui n’ont en bouche que les « valeurs d’accueil » et le « respect », voudraient tant voir amnistiés ; sans doute Macron refusera-t-il, en apparence, de désétablir officiellement la langue française («  la langue de la République est le français  », dispose l’Art. II-a de la Constitution) en co-officialisant la langue corse, ou encore d’établir un « statut de résident » qui saperait sur tout le territoire national le principe universaliste d’une citoyenneté française dénuée d’ancrage ethnique. Macron ne pourra manquer d’adopter à Ajaccio une telle posture « républicaine » puisque, la France étant encore, sur le papier plus que dans les faits, une « République une et indivisible », le chef de l’exécutif ne peut trop ouvertement violer la constitution qu’il est censé protéger…

Mais en réalité, par-delà son très probable et convenu discours « républicain », Macron cherche en réalité à instrumentaliser le séparatisme corse pour mettre en place, à l’échelle de l’Hexagone, ce qu’il appelle son « pacte girondin », c’est-à-dire l’euro-fédéralisation à l’allemande de la République française. Un projet largement rejeté par les français qui sont plus de 60% a refuser que la Constitution soit modifiée pour y mentionner une “spécificité” de la Corse. Quant à la langue française, Macron n’a pas attendu son voyage à Ajaccio pour lui réserver un traitement mortifère :

  • On sait déjà en effet que Macron veut faire graver dans la constitution un prétendu « droit à la différenciation des territoires ». Cela affaiblirait le primat du français, socle de la nation et premier service public de France, notamment dans plus d’une région française périphérique (et pas seulement en Corse : Bretagne, Pyrénées-Atlantiques, Alsace, Flandre, Pyrénées-Orientales…). Le « droit à la différenciation » ne tarderait pas à détruire tout ce qui reste de national dans notre pays  : code du travail, conventions collectives, statuts publics, services publics d’Etat, fiscalité des entreprises, SMIG, etc. ; enterrée la possibilité de reconstituer une Sécurité sociale protectrice, de grands services publics d’Etat, le « produire en France » ! Et bienvenue aux capital prédateur jouant sans cesse une région contre l’autre pour abaisser les salaires, casser les protections sociales et délocaliser les productions !
  • Macron est partisan de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, que le Conseil constitutionnel a déjà récemment jugé incompatible avec la l’unicité de la citoyenneté française, constitutionnellement indépendante de toute condition de religion, de sexe, de « race » ou de territorialité. Par ailleurs on ne voit que trop combien Macron martyrise chaque jour la langue française en officialisant de fait le tout-anglais dans sa communication (voir ses derniers discours « Choose France ! », « France is back ! », « Make the planet great again ! », « One planet’s Summit », etc.), donnant un véritable permis de polluer la langue à tous ceux qui piétinent la loi Toubon de 94. En réalité, le proconsul de l’UE qu’est Macron prend en tenaille le français, « langue de la République », entre le tout-anglais « transatlantique » et la marche vers l’officialisation rampante des langues régionales. Ainsi, sous couvert d’ouverture et de « modernité », le « Ramina-Globish » néocolonial porté par l’Empire euro-atlantique s’apprête-t-il à dévorer toute forme de diversité linguistique et culturelle en France, en Europe et dans le monde !

En réalité, sous prétexte de résister au séparatisme corse, Macron s’apprête à ouvrir la boîte de Pandore de tous les pseudo-« indépendantismes » (car que vaudrait une « indépendance » de la Corse ou de toute autre région par rapport à « Paris » si, en même temps, tous ces territoires « indépendants » se soumettent à Bruxelles… donc à Berlin, dont on voit comment ils traitent les malheureuses îles grecques !). Alors que la « construction » européenne induit la balkanisation de nombre de nations européennes (Belgique, Espagne, Italie, Grande-Bretagne…), que les partisans de l’ « Europe des régions », – dont le QG siège au MEDEF ! – veulent « reconfigurer les territoires », voire « éliminer les communes et les départements » – , le « droit à la différenciation » n’est donc rien d’autre qu’une manière centralisée, « une et indivisible » dans la méthode, perverse en un mot et encore plus dangereuse que l’indépendantisme corse, de dépecer la République indivisible à partir du « centre », de Paris !

En un mot, Macron ne feint de refuser le séparatisme corse que pour mieux mettre chaque région française en concurrence sauvage avec toutes les autres pour le seul bénéfice des chasseurs de profit et au détriment de la masse des Français qui préfèreraient que le gouvernement daigne régler leurs soucis d’emploi et de pouvoir d’achat.

Quant à la Corse, on peut simplement rappeler quelques données de base à son sujet :

  1. pourquoi tonner contre le « jacobinisme de Paris » alors que c’est le pouvoir central qui, depuis notamment 81 (Defferre) et 2003 (Raffarin), ne cesse d’affaiblir l’unité administrative du pays avec pour seul résultat l’éclatement des inégalités territoriales qui a aggravé la paupérisation de la Corse ; ajoutons qu’en fait de centralisation excessive, il faut surtout incriminer un certain… Napoléon Bonaparte qui liquida l’élection des maires et soumit la France à la dictature des préfets ; à l’inverse de Robespierre, qui n’a dirigé la France qui souhaitait le maximum d’autonomie des communes dans le cadre de la loi universelle ;
  2.  C’est dans le cadre d’une République sociale et souveraine démocratiquement centralisée que la Corse pourra enfin, à l’abri des mafias, des gangs, des clans et des promoteurs, trouver la voie d’un co-développement planifié que peuvent seuls porter des services publics d’Etat, un puissant secteur public bancaire et industriel chargé de redévelopper à égalité tous les territoires, d’une Éducation nationale dotée des moyens nécessaires pour enseigner convenablement partout la langue nationale, et aussi, à tous ceux qui le souhaitent, les langues régionales, ce patrimoine indivisible de la nation (par ex. pourquoi le corse ne serait-il pas enseigné à Marseille et là où il y a une demande suffisante, 800 000 originaires de la Corse soit 3 fois la population de l’ile vivant sur le continent) ;
  3. Si néanmoins un jour, clairement et à leurs risques et périls (car on ne peut gagner sur tous les tableaux, rejeter l’État français et exiger le maintien des subventions), les Corses voulaient majoritairement divorcer d’avec la France, il faudrait qu’ils pussent le faire démocratiquement, le dernier mot revenant toutefois à l’ensemble des Français, qui sont copropriétaires du territoire. En tout cas, la volonté, fût-elle euphémisée sous le nom d’« autonomie », de rompre avec le peuple français dont les valeureux FTP Corses furent pourtant l’aile patriotique marchante en 43/44, ne doit pas servir de prétexte à Macron pour dépiauter toute la nation au seul profit de l’UE et de l’oligarchie capitaliste.

Déclaration du PRCF – 6 février 2018

https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/developper-corse-faut-etablir-republique-sociale-souveraine-indivisible-non-instituer-droit-a-differenciation-mortel-nation-toute-entiere/


La CGT de Corse appelle à la manifestation le 7 février :

Union Régionale CGT de Corse

Bastia le 5 février 2018 – Conférence de presse lundi 5 février

Macron à Bastia mercredi 7 février. La CGT appelle les salariés à se mobiliser et à accompagner la délégation qui sera reçue par son conseiller social. A cette heure le Préfet interdit toute manifestation ce qui est proprement scandaleux.

Plan social dans les services publics ; politique fiscale au profit des plus riches ; loi travail ; non à la double peine pour la plus grande majorité des Corses.

 

La CGT n’envisageait pas de manifester pour la venue du Président de la République dans la mesure ou se voyage se voulait uniquement un hommage au Préfet Erignac pour le 20ᵉ anniversaire de son lâche assassinat. La CGT s’associe d’ailleurs à cette cérémonie et sera présente demain à Ajaccio.

Mais le Président Macron prolonge sa visite et sera à Bastia mercredi 7 décembre dans un cadre politique. Nous venons de plus de découvrir son projet funeste de « plan social » dans les services publics au moment même ou les salariés se mobilisent pour des emplois notamment dans les hôpitaux, les EHPAD, les prisons. Le Président parle de « pacte Girondin » en transférant des compétences aux Région tout en diminuant les crédits aux collectivités et en supprimant les emplois et les missions de proximité comme aux Finances de Corse ou par exemple les services RH ou de recouvrement de la taxe d’aménagement au profit des collectivités locales sont transférés à Avignon.

La CGT a demandé à être reçue par le Président de la République afin d’exposer l’ensemble des revendications sociales et plus particulièrement celles plus spécifiques à la Corse. Nous appelons les salariés, les retraités et les chômeurs à se mobiliser et à venir manifester pour accompagner notre délégation qui sera reçue par un conseiller social de l’Élysée.

Vie chère, indemnité de transport, précarité, collectivité unique, fiscalité, hausse de la CSG pour les retraités, solidarité nationale fragilisée, services publics…autant de questions essentielles pour la vie quotidienne des Corses que le Président Macron et d’autres tentent de masquer derrière des questions institutionnelles.

Aucune évolution institutionnelle ne résoudra la grave crise sociale qui touche une majorité de Corses, sans une meilleure répartition des richesses et de nouveaux droits pour les salariés. Faibles salaires (1 Corse sur 2 vit avec moins de 1500 euros par mois) cadeaux fiscaux sans contre parties sociales faisant de l’île la région championne des inégalités ( record national de dépôt bancaire par habitant).

L’indépendance financière pour la Corse revendiquée par l’exécutif et encouragée par le gouvernement Macron cela signifie une perte annuelle de près de 2 milliards d’euros (enveloppe de continuité territoriale, taux de TVA réduits, compensation du surcoût de l’électricité , PEI, …). Le transfert aux collectivités locales des compétences en matière de lutte contre les inondations sans moyens financiers suffisants (taxe GEMAPI sur les taxes d’habitation) montrent que malgré la hausse des taxes locales qui vont se multiplier les ressources seront insuffisantes.

La loi travail qui va faciliter les licenciements à moindre coûts aura de graves conséquences sur la vie de milliers de Corses obligés de supporter une forme de précarité à vie.

La CGT refuse de laisser les Corses s’enfermer et se diviser comme cela se répète en Europe que ce soit en Catalogne en Écosse ou même en Italie et ailleurs sur ces questions identitaires. Certes la mondialisation capitaliste et la financiarisation de l’économie que la commission Européenne accompagne plus qu’elle ne la combat crée une peur et inquiétude bien légitime. Pour autant si le débat politique se résume à seulement pour ou contre l’indépendance ou même plus ou moins d’autonomie sans poser la question des Droits sociaux, de la répartition des richesses et des moyens financiers ; alors à coup sur seule la loi du Marché et sa politique libérale en sortiront gagnants.



8 réactions


  • cétacose2 6 février 2018 13:13

    La Corse est à la France ce que la Grèce est à l’U E ,un boulet poisseux dont on n’arrivera jamais à se défaire....à moins que le Qatar.....


    • mmbbb 7 février 2018 09:50

      @cétacose2 c ’est vrai mais comme j aime la mer et les belles plages, je vais aller en Grece, La Corse la Cote d Azur , les prestations sont beaucoup trop cheres Les Grecs sont sympas et accueillants, ils ont au moins l intelligence de garder une de leur dernière ressource, le tourisme


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 6 février 2018 14:43

    Le problème c’est que même avec de l’abstention, les « natios » corses font bien plus que l’UPR et ses 0.7%, donc à voir ce que Macron va faire.

    Pas besoin de crier...avant


  • Petit Lait 6 février 2018 15:34

    Décidément, les cocos, ils savent tout sur tout ! Même la Corse, ils savent comment faire ! Trop fort ! A moins... que... non ? Ce serait possible ? de la simple démagogie à la Le Pen ? yaka/faucon, genre café du commerce à l’heure de l’apéro ? Vous savez quand tout le monde à un avis sur tout au coin du bar, même sur ce qui les dépasse largement ? ça y ressemble un peu en tous cas. Et sinon, c’est pas un peu fatigant à la longue de toujours dénigrer Macron quoi qu’il fasse ? C’est simple, il fait blanc vous dites qu’il devrait faire noir et inversement. Ceci au delà de toute argumentation. Vos idoles communistes feraient exactement la même chose que Macron, que vous les encenseriez sans retenue. Il serait temps de grandir, les cocos !


  • cétacose2 6 février 2018 19:00

    Tout comme la France ,la Corse est un trés beau pays......mais très mal habité ....


  • Debrief 7 février 2018 11:43

    Les grandes revendications à l’indépendance se font avec la certitude que l’état ne lâchera pas la Corse et donc que cela débouchera sur encore plus de petits potentats locaux financés par le Peuple Continental.
     
    Mais si la Corse était abandonnée à l’indépendance, ce qui serait la meilleure chose qui puisse arriver à la France, l’île retournerait au moyen-âge et à la loi des mafias ce dont les continentaux se foutent éperdument.
     
    Alors oui, il y a certainement une grande partie des français qui sont des indépendantistes corses ! Alors qu’est-ce qu’on attend ?


  • orsatone 13 février 2018 14:18

    Messieurs les enfonceurs de portes ouvertes et autres tenants des vérités toutes faites

    Remplacez dans vos commentaires fumeux et vindicatifs le mot « corse » par le mot « juif » ou par le mot « pédé » et vous finissez direct au trou...
    Heureusement pour vous, la République Française considère que le racisme anti-corse, anti-breton, anti-occitan, anti-alsacien, anti-basque, anti-chti ne vaut pas une loi contrairement à l’homophobie ou à l’antisémitisme...

    Vous pouvez donc continuer à vomir votre bile et à essuyer vos semelles crottées sur le dos des Corses qui, entre abrutis natios-mafieux, politiciens véreux, dangereux illuminés de la secte macroniste et vrais souchiens de votre acabit, n’en peuvent mais...
    Souvenez-vous tout de même que la haine, d’où qu’elle vienne, n’est jamais très bonne conseillère.
    Et que la bêtise individuelle, fut-elle relayée par les modernes réseaux sociaux, n’est que le reflet d’une épaisse connerie généralisée.

    Bref, si les Colonna, Pieri et autres Talamoni sont des trous du cul puants, les commentateurs franchouillards qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas, se vautrent dans leur caca.

    Orsatone


  • xosonuc 21 juillet 2018 13:10

    Vous êtes irrécupérables, combien de fois faudra t’il vous expliquer que les nations sont des fait d’armes ?


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