Après l’écologie, voici la démocratie punitive
Ce n’est pas un hasard si François de Rugy, un des verts qui aspire à entrer au gouvernement après la déculottée prévue aux départementales propose aujourd’hui de rendre le vote obligatoire. La démarche punitive est en effet souvent proposée par certains écologistes qui verraient bien le litre d’essence à 2 euros et la suppression de toutes les voitures en ville. En plus, dans l’attente de la nomination de verts au gouvernement, ça ne mange pas de pain de donner un coup de main à Hollande effaré par l’abstention massive prévue les 22 et 29 mars.
La boîte à conneries est ouverte
Dès cette annonce, les micros trottoirs se sont succédés sur les ondes avec la spontanéité, la dose de bêtise et le manque de recul et d’analyse qui vont avec dans ce genre d’exercice. Les commentateurs s’y sont mis également en proposant des variantes à l’amende prévue en cas d’abstention. C’est ainsi qu’une abstention pourrait entraîner la radiation pour le vote suivant ou entraîner des sanctions d’ordre administratif pour la délivrance de papiers par exemple (Christophe Barbier). A la décharge de l’intéressé, il propose cependant que le vote blanc soit reconnu. On pourrait aussi, pourquoi pas, mettre la liste des noms des abstentionnistes à la porte des bureaux de votes, ou les publier dans les bulletins municipaux, comme on met celui des personnes soupçonnées de vol dans les supérettes. Le concours continue…
La reconnaissance du vote blanc n’est pas suffisante
Avant de penser à une quelconque sanction envers les abstentionnistes, il faudrait, s’agissant toujours de mesures techniques, conditionner l’élection à l’obtention d’un nombre de suffrages représentant la majorité des électeurs inscrits, ce qui serait bien le moins. Cela éviterait d’avoir des candidats élus avec seulement 20, 30 ou 40 % des inscrits, ce qui va devenir de plus en plus fréquents et qui risque d’être quasiment la règle lors des prochaines départementales. Cela éviterait également pour certain de s’autoproclamer le premier parti de France alors que ce sont les abstentionnites qui sont sur le podium.
Au-delà de mesures techniques…
Il conviendrait surtout de s’interroger sur le phénomène abstentionniste et ne pas vouloir essayer de casser le thermomètre pour stopper la maladie. De reniements en renoncements, les partis dits « de pouvoir » ont largement écœuré les électeurs qui désertent massivement les bureaux de vote. Pour nous inciter désormais à voter, faute de programme cohérent et respecté, on nous agite désormais l’épouvantail FN comme on le fait à chaque fois depuis 2003. Cela ne peut tenir lieu de programme en aucun cas, pas plus que les réformes avortées auxquelles les citoyens ne comprennent plus rien : je veux parler de la pseudo réforme des collectivités territoriales, dont le seul objectif aura été de préserver un nombre de sièges suffisant pour conserver leurs privilèges aux rentiers de la politique et aux apparatchiks qui les suivent et sont payés par nos impôts.
Un mot encore sur la vacuité des programmes annoncés et qui ne seront pas réalisés : à l’Ump, le seul programme actuellement connu consiste à remettre en cause trois lois votées par le Parlement actuel (le mariage pour tous, la réforme territoriale et le non-cumul des mandats) ! Au FN, on parle, en marge des mesures habituelles contre l’immigration et l’insécurité, la nationalisation partielle des banques, la baisse des tarifs de 5 % du gaz, de l’électricité et du train, la baisse de 20 % de la taxe sur les carburants, une augmentation de 200 euros des salaires jusqu’à 1500 euros, un revenu parental à hauteur de 80 % du SMIC, etc.,…
Pourquoi se priver ?
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et à ce petit jeu, le FN ne s’est pas encore fait prendre la main dans le pot de confitures comme les autres partis, mais rassurez-vous, s’il devait arriver au pouvoir le FN deviendrait un parti comme les autres et aux élections futures les abstentionnistes augmenteraient encore, mais ce n’est pas grave puisqu’on sera revenu à un vote censitaire où seuls certains auront encore le droit de vote.
Alors, au lieu de proposer des âneries, M. de Rugy ferait bien de s’interroger sur les raisons de cette désaffection des urnes, à savoir sa propre inconséquence, son ignorance des réalités vécues, ses petits arrangements politiques et ses reniements, à l’instar de l’ensemble du personnel politique qui vit à nos crochets au lieu de vouloir considérer les électeurs comme des fainéants.